L'Alchimie : introduction
Mes chers amis, bonjour. Aujourd’hui, nous entamons une petite série d’articles sur, non pas des créatures, non pas seulement des objets mythiques, mais sur une discipline. Cette discipline, vous la connaissez sans doute tous au moins de nom. Si je vous dis qu’elle est l’exemple phare (avec l’astrologie) de tous les professeurs qui veulent montrer ce que c’est qu’une science par rapport à ce qui se veut science sans en être ? Oui, cette phrase est longue, donc si je vous dis plutôt Fullmetal Alchemist ? Vous l’aurez compris, nous allons causer Alchimie !
Je ne peux pas parler de pierre philosophale, de transmutation et tout le tintouin sans poser au moins ce qu’est l’alchimie à la base. L’alchimie existe en orient depuis le IVème siècle avant J-C en Chine. L’alchimie occidentale commence en Egypte au début de notre ère (un peu avant ou un peu après le plus célèbre des « fils de » de l’Histoire). Si en orient ça se maintient relativement bien (et encore), en occident, c’est vite le bordel, chaque culture ayant une alchimie qui lui est propre et tout un tas d’autres bêtises du genre. Les différences se font surtout sur deux plans : l’époque et la conception de la science. En effet, on ne faisait pas de l’alchimie au premier siècle comme on en faisait au XVIIIème (l’évolution des instruments, de la technique, des découvertes, etc.). Et si je parlais de la science, c’est parce que l’alchimie a été considérée comme une science jusqu’assez tard. Le déclin de l’alchimie s’effectue au cours du XVIIIème siècle. Jusqu’alors, on pouvait écrire cette équation : alchimie = chimie. L’alchimie n’était donc pas une science comme nous la connaissons aujourd’hui, mais c’était un synonyme de chimie, qui alors avait une part un peu plus mystique en elle.
Je ne vais pas vous le cacher, cette série me déprime avant même de commencer. Ce n’est pas que je la fasse à contrecœur, non. Je pensais revenir à quelque chose de simple après la mythologie égyptienne, mais rien qu’en voyant l’article Wikipédia, je me rends compte que c’est un bordel monstre. C’est pourquoi, au risque de vous frustrer, je vais rester sur une zone très limitée de l’alchimie. Le plan de route est très simple et assez court : nous nous intéresserons grosso modo à trois choses : la Première Matière, l’élixir de longue vie et le plus célèbre des alchimistes français, le tout en essayant de mettre nos observations en rapport avec une œuvre culte qui prend l’alchimie pour base de son univers : Fullmetal Alchimist (la version brotherhood).
Sur ces mots, je vous dis à bientôt pour la suite. Et n’ayez crainte, si vous n’apprenez pas grand-chose ici, la suite se fera plus instructive.
/Le Prof *peinture de Jan van der Straet intitulée « Le laboratoire de l'alchimiste » (1551)*
L'Alchimie : La Pierre Philosophale
Bien le bonjour, chers amis. Aujourd’hui, nous allons replonger dans le monde merveilleux de l’alchimie avec l’un des deux objets les plus convoités de cette discipline : la pierre philosophale.
La pierre philosophale est connue principalement pour permettre la transmutation du plomb en or. Et c’est déjà un avantage certain qu’elle possède. En effet, le plomb, ça se trouve facilement et ce n’est pas la denrée minérale la plus rare de nos sous-sols. En revanche, l’or est rare et donc cher. Ainsi, avoir un outil permettant de changer de la quincaille en un métal aussi précieux est synonyme de richesse infinie. Vous me répondrez que j’enfonce des portes ouvertes tellement grandes qu’on a enlevé lesdites portes. C’est vrai, mais je me dois de le rappeler car c’est là la définition la plus partagée de la pierre. Mais les pouvoirs de cet artéfact ne s’arrêtent pas là. Elle est également capable de transmuter le vivant. C’est-à-dire que vous pourrez faire pousser vos plantations de cannabis presque instantanément en sa possession ou encore vous conférer une jeunesse éternelle en faisant régresser le vieillissement de vos cellules. Ou encore devenir un canon de beauté en faisant disparaître l’amas disgracieux de graisses et de cellulite de votre fessier moribond. Bref, vous l’aurez compris, cette pierre est à l’alchimie ce que le couteau suisse est à McGiver (#RéférenceDeVieux). Et c’est cette définition que retient l’anime Fullmetal Alchemist. La pierre philosophale permet la transmutation inconditionée.
Et là, je fais un point Bertrand Renard (#RéférenceDeTrèsVieux). Je parle de transmutation, mais c’est quoi la transmutation ? Ce que j’appelle « transmuter », c’est un procédé de transformation d’un objet quelconque en un autre de nature différente. Cette transformation s’opère au niveau atomique (pour les plus pointues) ou aux niveaux moléculaire ou cellulaire. Par exemple, c’est le fait de réarranger les atomes d’une pièce de plomb pour en faire une pièce d’or, ou casser les molécules du corps pour ne garder que du carbone à la surface qui, selon son arrangement, peut être aussi friable que du crayon ou aussi solide que du diamant. Dans notre monde, c’est une opération qui demande du temps et de nombreuses manipulations chimiques alors que l’anime Fullmetal Alchemist nous offre un processus beaucoup plus sexy : tracer une formule cyclique et y mettre de l’énergie tectonique.
Aussi, les transmutations « réelles » sont fort limitées et ne permettent pas la plupart des exemples cités plus haut. Néanmoins, l’anime n’est pas dénué de valeur scientifique. L’alchimie n’est pas de la magie, c’est une science. Un alchimiste se doit d’être un bon physicien/chimiste et de connaître par cœur son tableau de classification périodique des éléments avant d’espérer tenter la voie alchimique. Et il y a une règle essentielle dans l’anime qui est une loi physique implacable dans le monde réel : l’échange équivalent. C’est-à-dire, pour faire simple, que si j’ai 15 atomes de carbone dans l’objet de base, je ne pourrai pas en faire un nouveau avec 16 atomes de carbone, sauf si j’en rajoute à partir d’un deuxième objet. Ce me semble être Lavoisier qui nous apprend que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Eh bien c’est ça, l’échange équivalent.
Donc, la pierre philosophale est une pierre qui permet la transmutation inconditionnée. Elle permet alors d’ignorer toute loi alchimique, et donc celle de l’échange équivalent. Elle peut créer à partir de rien. Par exemple, si vous avez une tranche de jambon, vous pouvez la transmuter en hélicoptère. Bref. Pour ce qui est de sa présentation, elle peut avoir plusieurs formes. Parfois, on la décrit comme une poudre, d’autres fois comme un liquide, d’autres encore comme une pierre. FMA nous la donne, quant à lui, comme une pierre parfaitement lisse qui prend une forme liquide lorsqu’elle est contenue. Dans tous les cas, une pierre philosophale est colorée d’un rouge profond, presque un rouge sang. Et l’anime prend le parti d’expliquer cette couleur, en un sens. On ne sait pas comment faire une pierre philosophale ici-bas, alors que dans le monde de FMA oui (je vous avais dit que l’univers FMA est beaucoup plus sexy). Si la création de la pierre tend à rester secrète, ce n’est pas par peur de quelque mauvais usage possible. Non, c’est la création elle-même qui est une atrocité. La pierre, aussi puissante soit-elle, n’est pas toute puissante. Elle est limitée par sa puissance. Et sa puissance découle de ses ingrédients. Ses ingrédients sont des êtres humains vivants. Vous voyez le problème maintenant ? Plus le nombre d’hommes consumés en pierre philosophale est grand, plus elle est puissante et dure longtemps. Vous imaginez un tel objet chez nous ? On aurait encore Hitler sur le dos avec ses millions de victimes. Oui, je suis arrivé au point Godwin. Joie.
Bref, voilà qui est dit pour la pierre philosophale. On verra au prochain article que l’autre artéfact convoité par l’alchimie se rapproche fort de la définition de la pierre. Mais on pourrait dire que c’est une sorte de pierre philosophale exclusivement liquide et très spécialisée dans son usage.
Dans tous les cas, je vous dis à la prochaine. Et souvenez-vous que tout ce qui brille n’est pas d’or ! Bisous.
/Le Prof
Hermaphrodite
Hermès s'éprit un jour de la belle Aphrodite qui, à son grand déplaisir, repoussa ses avances et s'éloigna de lui. Devant la tristesse de l'amoureux éconduit, Zeus imagina un stratagème pour lui permettre de revoir l'objet de son désir et de tenter une nouvelle fois sa chance. Il envoya un aigle voler une sandale d'Aphrodite tandis qu'elle se baignait, pour qu'il la dépose aux pieds d'Hermès. La déesse, courant après sa chaussure, se retrouva donc nez-à-nez avec le dieu messager, qui renouvella ses discours séducteurs. Et cette fois-ci, Aphrodite en fut touchée.
Elle lui concéda une nuit d'amour, de laquelle nacquit un fils à la beauté inégalable. Il reçut comme nom un mélange de ceux de ses deux parents : Hermès et Aphrodite donnèrent Hermaphrodite. Mais l'enfant fut élevé en cachette en Phrygie, un ancien pays d'Asie Mineure, sur le Mont Ida, par les Oréades, c'est-à-dire les nymphes des montagnes. Quand finalement il sortit, devenu adulte, il s'éloigna considérablement de ses tutrices. Sa curiosité le mena jusqu'en Carie, où il découvrit une belle fontaine près d'Halicarnasse. Là se baignait une Naïade unique en son genre. Ne participant à aucune des parties de chasse proposées par Artémis et ne quittant jamais sa fontaine, Salmacis était tant obsédée par la beauté qu'elle passait ses journées entières à arranger son habitat et à se mirer dans l'eau.
Quand elle vit Hermaphrodite, sa passion se réveilla immédiatement et elle s'en éprit follement. Ayant perdu la tête, elle ne put concevoir un refus de la part du jeune homme et, quand il s'excusa et s'apprêta à reprendre la route, elle s'aggripa à lui de toutes ses forces. Le tirant dans l'eau, elle pria Poséidon d'unir leurs deux corps en un seul, pour qu'ils ne fassent plus qu'un pour l'éternité. Sa prière fut exaucée et Hermaphrodite devint un être bisexué, aux organes génitaux masculins mais aux hanches et à la poitrine féminines. Perturbé, il réclama à ses parents que toute personne se baignant à son tour dans cette fontaine subisse le même sort que lui, et cela lui fut accordé.
La figure d'Hermaphordite inspira considérablement l'art antique. Sa representation la plus célèbre est celle qu'en fit le sculpteur Polyclès d'Athènes, dont l'Hermaphrodite endormi fut copié un grand nombre de fois. Mais il est possible qu'elle ait été conçue à partir d'une divinité antérieure, qui apparut vers le IVe siècle avant J-C et se transmit de Chypre à Athènes. Aphroditos est une version masculinisée d'Aphrodite, arborant à la fois poitrine, pénis et barbe. Il était vénéré par des rites de travestissement lors de cérémonies dédiée à la Lune, pendant lesquelles les femmes se changeaient en hommes et les hommes en femmes. Plusieurs statuettes de femmes relevant leurs robes pour montrer leurs organes masculins attestent de ce culte.
/Spawy
Le Wendigo
Destiné à renforcer le tabou qui entoure la pratique du cannibalisme, le mythe du Wendigo imagine les maléfices qui menacent ceux qui osent consommer de la chair humaine. Le Wendigo - qui donne les Wendigowak au pluriel - est en effet une créature maléfique, de nature anthropophage et dotée d'un appétit insatiable, que l'on associe aux péchés de gourmandise et de cupidité. On le retrouve dans tout le folklore d'Amérique du Nord et particulièrement au sein des croyances des tribus Ojibwe, Micmac, Cri, Innu et Naskapi, de culture algonquienne. Solidement ancré dans les légendes amérindiennes, il posséderait des liens avec le Chupa Cabra d'Amérique du Sud et aurait été, pour les natifs, une manière de caractériser l'homme blanc et sa soif de l'or.
Symbole du froid et de la famine hivernale, il hante les bois à la recherche d'humains égarés pour satisfaire sa faim douloureuse. Mais rien ne peut combler le vide qu'il possède au creux de l'estomac, et bien qu'il dévore sans cesse de nouvelles proies, son corps ne peut que maigrir et s'affaiblir. Néanmoins, quelques variantes du mythe proposent que le Wendigo grandisse à chaque repas, sans s'épaissir pour autant. Certaines tribus le décrivent alors comme si grand que sa tête dépasse la cime des arbres lorsqu'il se tient droit. D'autres parlent d'un être fait de glace dont la présence est annoncée par de soudains vents violents. Un cri déchirant et une odeur si nauséabonde qu'elle fait fuir le gibier sont également parfois décrits. Un chercheur et enseignant Ojibwa du nom de Basil Johnston le décrit de la façon suivante : « Le Wendigo était émacié à un point extrême, sa peau desséchée tirée et tendue sur ses os. Avec ses os poussant contre sa peau, elle même de la couleur des cendres grises de la mort, et ses yeux repoussés au plus profond de leurs orbites, le Wendigo ressemblait à un squelette récemment déterré de sa tombe. Ses lèvres, étaient en lambeaux […] souillé de sang et de souffrance et de suppurations de la chair, le Wendigo dégageait une odeur étrange et inquiétante de dégradation et de décomposition, de mort et de corruption. »
Il existe plusieurs manières de devenir un Wendigo, car comme je le supposais plus haut, on ne naît pas tel. En hiver, alors que les conditions climatiques deviennent particulièrement rudes et que la famine s'installe, certains humains peuvent être tentés par le cannibalisme : erreur, car celui qui s'y adonne se verra condamné à mourir éternellement de faim sous la forme d'un Wendigo. Il est également possible d'en devenir un en étant possédé par un esprit lors d'une balade en forêt ou suite à une malédiction. La gourmandise et la cupidité peuvent elles aussi déclencher une transformation. Le Wendigo, à l'instar des lycans ou loup-garous, peut être tué à l'aide d'une balle en argent. Il est également possible de s'en débarrasser par le feu, puisque comme toute créature de l'hiver qui se respecte, il n'apprécie pas la chaleur.
L'importance de ce mythe dans la culture amérindienne est à mesurer. Non seulement il a donné lieu à plusieurs pratiques rituelles et a permis de lutter contre le cannibalisme, mais il a été à la source d'une pathologie mentale que certains psychologues désignent comme la Psychose du Wendigo. Inconnu chez les autres peuples, ce trouble déclenche une violence inhabituelle et un désir insatiable de chair humaine chez des hommes et des femmes marqués par la croyance au Wendigo et se croyant possédés. Bien souvent, une visite chez un sorcier ou un médecin suffit à calmer le malade, mais parfois, il passe à l'acte. Mais de nombreux spécialistes de la question estiment que cette psychose n'a jamais existé et qu'elle a seulement servi à expliquer des pulsions cannibales, voire à condamner des innocents ayant montré un peu plus de violence qu'à l'accoutumée, lors de chasses aux sorcières.
/Spawy
Les Quatre Animaux
Identifiés en langue chinoise comme les Sì shòu et en langue japonaise comme les Shijin, les quatre animaux, que l'on trouve également appelés quatre pouvoirs ou quatre figures, sont les gardiens des points cardinaux. Nés de l'observation du ciel et de la nature, ils font leur première apparition dans l'Antiquité chinoise et sont immédiatement associés à quatre couleurs. Après quelques fluctuations, leur apparence se stabilise au cours du IIIe siècle avant Jésus Christ, soit à la fin de la dernière période pré-impériale de l'histoire de la Chine, que l'on désigne comme celle des Royaumes Combattants. Il sont alors inscrits dans le système des cinq éléments et s'allient au Kirin, qui y occupe une place centrale. Il est à noter que les wuxings, ou Cinq Phases, ne renvoient pas aux éléments traditionnellement trouvés dans la pensée occidentale. Il n'est ici pas question d'air, mais de métal, de bois, d'eau, de feu et de terre.
Le Qing Long en chinois, ou Seiriu en japonais, est un dragon azur associé à l'Est et représentant l'élément Bois. Comme l'ensemble de ses homologues, il est une créature composite au long corps sinueux et à la gueule féroce, dont le pouvoir réside au sein d'une perle qu'il cache sous son menton ou dans sa gorge.
Le Bai Hu, ou Byakko, est quant à lui un tigre blanc, gardien de l'Ouest et de l'élément Métal. Sa couleur indique une longévité exceptionnelle et de grands pouvoirs puisque seuls les animaux les plus anciens voient leur pelage blanchir. Il est associé à la puissance militaire.
Le Zhu Que, ou Suzaku, est un oiseau vermillon que l'on identifie parfois comme étant un fenghuang, la version chinoise du phénix. Il garde le Sud et veille sur l'élément Feu. Son caractère est doux et sage, et il est valorisé par le Feng shui, l'art d'harmoniser l'énergie d'un lieu afin de procurer le santé et la sérénité à ses occupants.
Le Xuan Wu enfin, ou Genbu en japonais, est une tortue-serpent noire associée au Nord et à l'élément Eau. Son rôle est particulièrement important en astrologie.
Quant au Kirin, auquel un article a déjà été consacré, il symbolise l'étoile polaire et possède la couleur jaune.
/Spawy
Le Ningen
Bonsoir. Ou plutôt bonjour, il est 17h50 à ma montre. Mais j'ai pris pour habitude d'adopter un format adapable à la journée entière, afin de ne discriminer personne. Bonjoir, disais-je donc. Asseyez-vous. Les thalassophobes, vous pouvez vous en aller.
Bravo aux courageux qui sont restés. Aujourd'hui, rien de très horrible, ni de très agressif. Non aujourd'hui, l'heure est au glauque et à l'inquiétant.
Nous parlerons encore d'un cryptide, un japonais cette fois-ci : le Ningen. Ningen ( ニンゲン en japonais) signifie "humain". Il ne doit son nom qu'à la forme grossièrement humanoïde de son corps. Il s'agit d'une créature hypothétique, mi-homme mi-cétacé, qui vivrait dans l'Océan Austral.
En 2007, au large de l'Antarctique, une équipe de marins japonais en mission d'etude zoologique (justement sur les cétacés) clame avoir rencontré une créature de ce type. Depuis, les photos et vidéos ont afflué (floues, naturellement), et selon de nombreux témoins autoproclamés, le gouvernement japonais tenterait de cacher son existence pour des raisons obscures.
Le cas du Ningen n'est cependant pas clair. Peu de gens s'accordent sur le fait de savoir s'il s'agit d'une population d'animaux inconnus ou d'une créature solitaire. Selon les témoins, il s'agit d'un cétacé blanc, ou très pâle, aux formes variables, tantôt doté de jambes, tantôt de bras ou de nageoire caudale, ou bien même de mains humaines gigantesques. Autant vous dire la complexité de l'analyse. Sachez que c'est moitié homme, moitié cachalot.
La créature cependant a créé un émoi populaire suffisant pour (et grâce à internet) quitter les frontières du Japon et devenir un cryptide de plus en plus populaire, et même... Un meme internet. Certains fous irrécupérables l'ont aussi adapté en creepypasta. Il suit évidemment le schéma classique de la légende urbaine. Le Ningen a surtout été vu comme une version moderne du mythe de la sirène, puisqu'il lui présente une apparence assez similaire (en sérieusement plus gros). Beaucoup s'accordent à dire qu'il s'agit évidemment d'un canular, mais plus profondément, ne serions-nous pas en train d'assister à un phénomène particulier?
Réfléchissez aux dernières années, depuis l'arrivée d'internet. Les légendes urbaines se multiplient, certaines deviennent même assez crédibles. Parmi celles-ci, on constate une volonté (peut-être inconsciente cela-dit) de renouveler les anciens mythes et légendes du passé, d'une manière plus moderne. Les vampires en sont un exemple flagrant. Les loup-garous également, ou plus évidemment encore, les dragons. Jetez un œil sur les forums du paranormal ou dans les creepypastas, qui sont des histoires inventées sur internet pour se faire peur (histoires qui ont pour thème, bien souvent, la culture populaire). Peut-être que les sirènes nous manquent, tout simplement.
Messieurs, mesdames, il est 18h 30 à ma montre, et je vous remercie de votre attention. Je ne puis développer d'avantage sans devenir ennuyeux et redondant, et il ne s'agit pas ici d'une thèse. Je vous donne enfin la raison de ce choix de créature. J'aime bien relativiser la grandeur de l'humain, que tout le monde prend pour acquise. Et parmi les choses qui m'intriguent, me terrifient et me fascinent, les monstres marins m'aident beaucoup, beaucoup, à relativiser. Pour cette raison :
/Un Vagabond Immobile
L'Alchimie : La Panacée
Bien le bonjour, chers amis, après une bien trop longue absence de ma part. Aujourd'hui, nous replongeons dans l'univers de l'alchimie avec, comme je l'avais annoncé, le pendant liquide et spécialisé de la pierre philosophale : la panacée universelle.
La panacée kékécé ? La panacée, ou panacée universelle, est un remède alchimique qui soigne tout, d'où l'« universel » de la panacée. Si vous êtes malade d'un rhume ou d'un cancer, en passant par la cirrhose du foie (oui, c'est un mot qui peut rapporter des points au scrabble) un peu de ce remède et vous voilà requinqué comme un jeune.
Pourquoi ce nom de panacée ? Le nom de ce remède vient de celui de la déesse grecque Panacée, qui est la déesse de... la guérison ! Bien joué Billy ! (Si tu as hésité à répondre, pose-toi des questions, tu as des problèmes.)
Non, voilà , c'est tout. Il n'y a pas grand chose à dire sur la panacée.
Sur ces mots, je vous dis au revoir pour un article plus consistant et un peu moins troll, et en attendant, rappelez-vous que la psychotropine se trouve dans le Haut Tibet !
/Le Prof
L'Alchimie : Nicolas Flamel
Bien le bonjour, chers amis. Aujourd’hui, point de troll comme la dernière fois. D’ailleurs, en dédommagement de ma bassesse, je vais vous présenter une fierté française. Sans plus attendre, parlons du plus célèbre des alchimistes : j’ai nommé Nicolas Flamel.
Nicolas Flamel, c’est le type qui aurait découvert la pierre philosophale. Rien que ça. Vous voyez à quel point il pose ses testiboules sur la table d’alchimie. Il est connu pour sa grande intelligence quant aux choses de l’alchimie mais c’est bien pour la découverte de la pierre qu’il est passé à la postérité. Il est tellement célèbre qu’il est une figure emblématique d'à peu près la Terre entière. On le retrouve partout où l’on peut entendre les mots d’alchimie ou de pierre philosophale. Pour prendre un exemple parlant, on le retrouve dans la culture occidentale avec Harry Potter (qui ne manque pas de nous rappeler dans le premier opus qu’il est l’inventeur de la pierre) mais aussi dans Fullmetal Alchimist, à l’autre bout du monde chez nos amis nippons. Dans FMA, il n’est pas fait mention de lui, pas même comme inventeur de la pierre. Non, l’hommage est plus discret puisqu’il s’agit du signe sur le manteau d’Ed (le perso principal) qui s’appelle le Flamel. C’est presque de la poésie non ?
Bref. Nico, il roxe sévère du poney. Maiiiiis… Pourtant il n’a jamais été alchimiste. Nicolas Flamel est bien une personne qui a existé. Il a vécu au quatorzième siècle en France, plus précisément à Paris. C’était un garçon d’assez basse extraction (pas trop non plus, on dirait aujourd’hui qu’il était de classe moyenne) qui commença comme copiste et enlumineur (il copiait et décorait les livres) puis qui devint libraire. Il était un fervent catholique. Mais il aimait peut-être une chose plus que Dieu : l’argent. Il se maria avec une dame bien dotée qui aimait aussi beaucoup l’argent. Ils n’étaient pas de la noblesse, mais bon sang qu’ils se faisaient du fric les sagouins ! Néanmoins, ils n’étaient pas, comme un couple de dragons, affalés sur leur or. Non, il fallait suivre quand même la morale chrétienne. Aussi, ils n’hésitaient pas à dépenser des fortunes dans l’immobilier, à construire des orphelinats, des maisons et autres. Bon, comme le dit l’autre : charité bien ordonnée commence par soi-même. C’est pourquoi toutes les bâtisses qu’ils firent construire étaient décorées à leurs frontons de gravures représentant le couple Flamel, du genre qui disent : si t’as un toit, c’est grâce à nous et à notre bling ma gueule ! Leur affaire se faisant, le petit Nicolas tenta la politique. Comme il n’était pas bien vu par les autres politiciens (parce que franchement, il restait aux yeux des nobles un pécore, bien qu’il était aussi riche qu’un noble, sinon plus), il se vit taxer d’alchimiste, d’impie qui pratiquait des expériences interdites qui frôlaient la magie et donc l’hérésie (il était super catholique je vous rappelle). Et c’est dans le lot de ces insultes qu’apparut la création de la pierre philosophale, seul moyen d’expliquer la fortune du bonhomme. Bah oui, il devait forcément changer le plomb en or pour être aussi riche alors qu’il n’était qu’un bouseux !
Donc, le plus célèbre des alchimistes, qui est français et qui est une source de fierté chauvine n’est en fait qu’un petit gars fortuné qui dérangeait la haute société de l’époque. Tenez, voici un verre pour ramasser votre sel.
Bon, eh bien ma foi, je vais vous laisser là pour l’instant. Je vous dis alors à bientôt pour un retour sur une autre mythologie (car j’aime bien les allers-retours). Quoi ? Un indice ? D’accord : grenouille.
/Le Prof
Kek
Bien le bonjour, chers amis. Aujourd’hui, comme promis, nous replongeons dans une mythologie que nous avions laissée pour finie. Je vous laissai la dernière fois avec cet indice : grenouille. Non pas que nous allions parler de gastronomie française après avoir causé du plus français des alchimistes. Au contraire, nous allons nous éloigner de notre beau pays, traverser la Méditerranée et retourner plusieurs millénaires en arrière. Vous l’aurez sans doute compris, nous retournons en Egypte antique.
Nous avions abordé à peu près toutes les divinités majeures de cette mythologie. Mais il a été porté à ma connaissance un dieu primordial qui depuis peu rentre dans l’imaginaire internet à grand renfort de shitposting (c’est-à-dire de publications merdiques). Mesdames et Messieurs, je vous demande d’applaudir Kek, la divinité du chaos et de la nuit.
Rappelez-vous : au départ il y avait Noun, le chaos primordial, un non-monde informe et non policé. De ce dernier naquirent plusieurs dieux qui donnèrent la foultitude que nous connaissons de ce panthéon. Mais il y en a un qui est passé à la trappe de l’Histoire et de la mémoire. Ce dieu, c’est Kek, ou Kekou (à lire Kèk, ou Kèkou). Il est le dieu du chaos. Non pas celui qui apporte le chaos, mais celui qui le représente et qui nous en fait sortir. C’est pour cela qu’il est aussi le dieu de la nuit. Mais attention, pas de toute la nuit ! Non, il est le dieu de la nuit qui précède la première aube. Oui, ils sont chiants les titres des dieux égyptiens. Bien qu’il soit androgyne, il a avec lui une parèdre, c’est-à-dire une divinité avec laquelle il forme un couple (moi aussi je viens d’apprendre ce mot de parèdre qui veut dire « assis à côté »). Elle se nomme Kekout, ou Keket (oui, ça se lit kèkette, vous comprendrez pourquoi je vais utiliser ce nom désormais). Si Kek incarne la nuit avant l’aube, Keket incarne quant à elle la nuit juste après le crépuscule. On a donc un beau couple ténébreux.
Ils devraient avoir des gueules bien badasses logiquement. D’un côté, on a Keket, une femme à tête de serpent (aussi badass que phallique, n’est-ce pas ?) et d’un autre côté… ben on a Kek, un homme à tête de grenouille (un peu moins badass, mais il incarne quand même le chaos et les ténèbres). En ce qui concerne ses pouvoirs, on ne sait pas grand-chose sinon que c’est lui qui nous a extirpé de Noun. Et ça, c’est déjà pas mal et ça révèle bien sa grande puissance.
Pour ce qui concerne l’aspect égyptien de Kek, c’est grosso-modo tout ce qu’on a. Mais sa mythologie est repartie récemment grâce à la puissance des internets, comme je le disais plus haut. En effet, internet est le pays des trolls et de tous ceux qui publient et écrivent n’importe quoi. C’est donc assez naturellement qu’un pays fictif y est né : le Kekistan. Le nom est grandement inspiré de la déité qu’est Kek. Et cela n’est pas sans raison ! Les kekistanais sont ceux qui apportent le chaos sur les internets, donc il est bien normal de retrouver le dieu du chaos comme divinité protectrice de ce pays. Le culte de Kek en est d’ailleurs la religion principale. Le Kekistan est également pourvu d’un drapeau et d’un hymne : la chanson Shadilay (je n’ai aucune idée du rapport).
Bref, ce dieu égyptien méritait amplement son article, déjà parce qu’il a la classe, puis aussi parce que ç’a été le moins chiant à traiter. Je vous laisse donc ici pour cette fois. A bientôt et n’oubliez pas : prrrrrraise Kek !
/Le Prof
L'Alchimie : Homoncules et Ouroboros
Bien le bonjour, chers amis. Aujourd’hui, nous finissons le chapitre de l’alchimie avec un article deux-en-un. Nous allons parler des homoncules et de l’Ouroboros. Oui, cette introduction est courte (mais intense !).
Un homoncule, ou homonculus, ou homuncule, est un être humain artificiel créé par alchimie (évidemment, sinon on n'en parlerait pas ici). Il se présente comme un homme quelque peu difforme et étrangement petit. Bien évidemment, la description de sa forme change un peu avec le temps et diffère selon l’auteur. Mais l’idée générale est celle d'un petit être bizarre, qui choque car il est trop ressemblant et à la fois trop différent d’un véritable être humain (un peu comme les robots trop réalistes). C’est Paracelse, un médecin suisse, qui donne le premier la recette de fabrication d’un homoncule : il faut faire pourrir du sperme dans une fiole scellée et le couver pendant 40 jours en attendant un mouvement. Ensuite, il faut le nourrir pendant 40 semaines avec de l’Arcanum de sang humain (grosso-modo du sang humain raffiné), après quoi, on aura un petit être à forme humaine.
Encore une fois, on peut faire un parallèle avec les homonculus de Fullmetal Alchimist. Selon FMA Brotherhood, le premier homonculus fut créé à partir de sang humain dans une fiole scellée. Il explique d’ailleurs, l’homonculus, que ce nom veut dire « le petit être de la fiole ». Ai-je vraiment besoin de préciser quels sont le lien et la référence ? La figure de l’homoncule a évolué dans le temps et on imagine aujourd’hui l’homoncule comme une création que l’on veut rapprocher de la perfection. Celui qui désire créer un homoncule cherche à concevoir un être humain parfait et immortel, ce qui se rapproche encore de la description proposée dans FMAB.
Et c’est là que l’on enchaîne avec le deuxième sujet. En effet, l’Ouroboros est un signe très ancien : un serpent ou un dragon qui se mord la queue. Son nom vient du grec, qui se dit de la même façon qu’en français et qui signifie « qui se mord la queue » (aaah… imagination, quand tu nous tiens !). La plus ancienne représentation de l’Ouroboros que l’on connaisse est égyptienne (on y revient toujours finalement) et symbolise la limite entre le monde ordonné et Noun, le chaos. Elle illustre également ce qui sépare et réunit les deux : pour ce qui est du monde ordonné l'Ouroboros représente le cycle du temps, pour le chaos il représente l’éternité. Ainsi, le signe se répandant assez bien au fil des siècles et des civilisations, on ne tarde pas à associer l’Ouroboros à l’immortalité. Encore un élément qui est présent dans FMA puisque les homoncules, immortels, ont tous un tatouage d’Ouroboros.
On doit son introduction en alchimie au premier alchimiste occidental, un grec nommé Zosime de Panopolis, qui avait aussi traité des homoncules mais que j’ai éludé parce qu’il est très ésotérique dans ses écrits. Zosime est d’ailleurs celui à qui l’on doit une formule célèbre : « Un est le Tout, par lui le Tout et vers lui retourne le Tout ; et si l'Un ne contient pas le Tout, le Tout n'est rien », que vous connaissez certainement dans sa reformulation : « Un est Tout et Tout est Un. ». Cette formule est, pour ainsi dire, l’essence-même de l’Ouroboros, le cycle sans fin de la vie et de la mort mais aussi celui qui se fait à chaque instant entre le monde et ses parties. En effet, selon cette maxime, le monde ne peut être qu’à travers ses parties et les parties du monde sont le monde. Je vous laisse 4 heures pour une dissertation ou ne serait-ce que pour comprendre ?
Bref, voilà qui conclut notre petit chapitre alchimique. Il a mis beaucoup de temps à parvenir à sa fin malgré sa petitesse, mais que voulez-vous ? Il n’était pas aisé d’écrire mon mémoire et mes articles en même temps. Mais comme vous pouvez le voir, je suis de retour dans la course ! Je vous dis à bientôt et n’oubliez pas, messieurs, qu’il ne faut pas tenter de se mordre la queue, ça fait mal !
/Le Prof