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Légende du Bossu de l'Île d'Orléans

"L’île d’Orléans a la réputation depuis fort longtemps d’abriter des sorciers et des lutins. La nuit, ceux-ci y font la fête, entraînant dans la danse les promeneurs qui viennent à passer par là."

Cécile Gagnon

 


Habitait à Saint-Jean-de-l’Ile un homme prénommé Gosselin. C’était un bossu, mais aussi un brave et beau garçon, toujours de bonne humeur et prêt à rire. De plus, c’était un bon violoniste et tout le monde le voulait pour ses fêtes et veillées d’hiver. Et, malgré le fait que son violon ne fût pas des meilleurs, il en jouait avec tant de mesure et d’entrain qu’il enlevait son monde.
D’ailleurs, on lui servait à boire pour lui donner des forces et il en usait. Imaginez dans quel état il se trouvait à la fin de ces soirées.
Ce soir-là, Gosselin avait bu plus que de raison. Il partit tard à cause de la bonne compagnie et de l’accueil charmant. Il partit vaillamment mais il sentit vite l’effet de la fatigue et de l’alcool et du se reposer un peu. Il choisit une petite clairière et s’endormit tout de suite. 
Il fut réveillé par un bruit étrange, comme si une troupe de soldats traversait le chemin. Avec la position des étoiles, il constata qu’il était minuit. Puis, au clair de lune, il aperçut des lutins dansant joyeusement en ronde et chantant. 
Il essaya de partir discrètement, mais les lutins l’entourèrent rapidement. Ils lui demandèrent de mettre en musique leur chanson pour pouvoir danser sur le son du violon. Gosselin accepta avec sa bonne humeur habituelle. Les lutins lui promirent donc une récompense.
Rassuré par leur cordialité et émoustillé par l’appât de la récompense, il guida la ronde des lutins. Le jour commença à arriver ce qui arrêta leur danse. L’un des lutins demanda à Gosselin ce qu’il voulait pour sa récompense : la fortune ou la beauté. Il aurait pu demander de l’argent, mais il gagnait bien sa vie et était de goût assez modeste. Cependant, une jeune femme du nom de Perrine lui plaisait, mais il ne pouvait l’épouser à cause de sa bosse. Il de manda donc à ce qu’on lui enlève sa bosse. Les lutins lui dirent adieu et il les remercia chaleureusement.
Gosselin rentra chez lui. Arrivé devant sa porte, surgit le menuisier Louis Bigras. Il lui demanda ce qu’il avait fait de sa bosse. Gosselin lui raconta sa rencontre avec les lutins. Bigras félicita Gosselin et lieu d’aller jaser avec les compères du village, il échafauda un plan.
Le soir même, Bigras se rendit à la clairière avec un flageolet (une flûte) dont il jouait parfois pour lui-même. Il trouva les lutins, les fit danser jusqu’à l’aube et la même question lui fut posée. Bigras leur demanda de lui donner ce dont Gosselin n’avait pas voulu. Il pensait recevoir la fortune, mais il eut la bosse. Il rentra chez lui et croisa Gosselin qui se moqua de lui. Tremblant de colère, il retourna voir les lutins le soir même pour une explication. Les lutins se moquèrent de lui et commencèrent à danser autour de lui. Fou de rage, il essaya de les frapper avec son flageolet. Mais son bras demeura en l’air, figé, sa voix s’étrangla dans sa gorge, il sentit ses pieds prendre racine, sa peau se durcit et se fendilla comme l’écorce des arbres, ses bras s’allongèrent en forme de branches.
Depuis, on peut observer un arbre tout racorni, bossu et complètement sec, avec au bout d’une branche, le flageolet. C’est ainsi qu’à partir de ce jour, l’endroit fût connu sous le nom de l’Arbre Sec. Sur ces lieux existent aujourd'hui deux moulins nommés l'Arbre Sec et Gosselin. 

 

 


|Hellfire|



25/06/2014
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