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L'Epopée de Gilgamesh : Recherche de l'immortalité

   Pour atteindre l'île des Bienheureux, il lui fallait traverser la mer. Alors Gilgamesh s'en fut trouver le passeur, Ur-shanabi. Agacé par sa rencontre avec Siduri et ne pouvant tolérer un refus, il décida d'effrayer l'homme en hurlant et en faisant tournoyer son épée. Pour prouver qu'il ne rigolait pas, il tua Ceux-de-pierre, les amis rocailleux du passeur (pourquoi demander gentiment, après tout ?) Comprenant que son interlocuteur était fou, Ur-shanabi accepta de lui faire traverser la mer et lui demanda ce qui le mettait dans un tel état de rage. Gilgamesh lui conta la mort de son ami et lui exprima son désespoir à l'idée de connaître une fin aussi tragique. Ur-shanabi se montra compréhensif, mais l'informa que la traversée allait être retardée, par la faute même de Gilgamesh. En effet, c'étaient Ceux-de-pierre qui lui permettaient de flotter sur l'eau. Le roi se sentit bête un instant, mais Ur-shanabi lui confia la mission de construire un radeau, pour se rendre sur l'eau de manière plus conventionnelle. Gilgamesh ne fit plus d'esclandre et s'en fut couper du bois avant d'assembler les troncs. Ainsi, les deux compères purent embarquer pour trois jours de voyage jusqu'aux eaux de mort. Ur-shanabi prévint Gilgamesh qu'il ne devait en aucun cas toucher l'eau, celle-ci pouvant aspirer ce qui lui restait de vie - c'aurait été ballot, après un tel périple à la recherche de l'immortalité.

 

gilgamesh meets utnapishtim.png

 

Outnapishtim vit arriver de loin leur embarcation et se demanda où avaient pu passer Ceux-de-pierre. Gilgamesh se garda bien de le lui expliquer quand il mit pied à terre. Il regarda autour de lui mais ne put fixer son regard sur quelque chose, le paysage changeant au grès de ses sentiments. Outnapishtim l'interrogea et il lui décrivit sa peur panique de mourir, la tragédie qui l'avait frappé et le périple qu'il avait accompli. Outnapishtim trouva qu'il exagérait beaucoup ses souffrances alors qu'il était roi, surpuissant et respecté. Il ne comprit pas bien la frayeur qui avait envahi Gilgamesh mais il lui proposa de s'asseoir, afin de lui raconter comment lui-même était devenu immortel. Ce fut une déception pour Gilgamesh, car après un long récit du Déluge, Outnapishtim lui révéla que son immortalité lui avait été conférée, ainsi qu'à son épouse, par Enlil, pour services rendus. Or jamais le dieu, que Gilgamesh avait énervé et n'avait jamais aidé, n'allait lui faire le même cadeau ! L'échec était d'autant plus cuisant qu'Outnapishtim lui fit remarquer qu'il avait perdu du temps et s'était fatigué inutilement avec le voyage qu'il venait d'accomplir. Gilgamesh était abattu. Avant qu'il ne reparte, Outnapishtim lui proposa néanmoins un petit test. S'il parvenait à rester six jours et sept nuits sans dormir sur l'île des Bienheureux, cela signifierait qu'il était digne de recevoir l'immortalité, et qu'il pourrait la supporter.

Gilgamesh releva le défi et le sommeil vint le frapper. Il ne lui résista qu'une seconde, puis s'assoupit. L'épouse d'Outnapishtim voulut le réveiller sur le champ et le laisser retourner chez lui, mais Outnapishtim lui répondit qu'avec le tempérament de Gilgamesh, il valait mieux faire cuire chaque jour une ration de pain et la déposer devant ses pieds. Ainsi, le couple cuisina sept morceaux de pain avant que Gilgamesh ne s'éveille. Le plus ancien était devenu rassis tandis que le plus récent était frais et odorant ; ainsi, Outnapishtim put prouver au roi qu'il avait bien échoué et dormi pendant sept nuits complètes. Son désespoir fut total. Amorphe, il se laissa trainer par Outnapishtim et Ur-shanabi jusqu'aux bains, où ils le lavèrent, le rasèrent, le parfumèrent et jetèrent sa vieille peau de lion sale. Il fut ensuite déposé sur le radeau et il allait rentrer bredouille quand l'épouse de l'immortel eut pitié de lui. Elle s'approcha de lui et assura qu'il n'était pas venu pour rien, car elle allait lui révéler un secret :

 

"Gilgamesh tu es venu ici, tu a peiné, as fait grand voyage. Que te donnerais-je pour t’en retourner au pays ? Je vais te révéler cette chose cachée, t’informer, toi, d’une chose réservée aux dieux. Il est une plante, une sorte d’épine, qui te meurtrira les mains comme une rose, mais qui, si tes mains s’en emparent, te donnera la vie, à travers une éternelle jeunesse."

 

L'espoir envahit de nouveau le roi. La femme lui expliqua que la plante se trouvait tout au fond des eaux de la mort et que s'il ne remontait pas avec, il mourrait d'avoir plongé. Gilgamesh choisit de prendre le risque et s'attacha de lourdes pierres aux jambes, pour couler à pic. A l'endroit que lui indiqua la femme, il se jeta dans l'eau, et ramassa une minuscule plante qui lui transperça la main. Il se libéra des roches et nagea jusqu'à la surface, en tenant fermement son trésor. Ca y était ! Il avait réussi. Il brandit la plante devant Ur-shanabi et déclara qu'ils repartaient vers le jardin. Outnapishtim conseilla au passeur de suivre Gilgamesh jusqu'à Uruk et de renoncer à ses aller-retours sur la mer. Celui-ci accepta et, une fois la traversée accomplie, poursuivit le chemin avec Gilgamesh. Les deux compagnons marchèrent jusqu'au tunnel du Soleil et attendirent que l'astre en soit sorti pour l'emprunter dans le noir. Ils repérèrent un trou d'eau claire dans lequel le roi eut envie de se baigner pour patienter. Il lâcha quelques minutes la plante et retira ses vêtements, avant de se prélasser dans l'eau. C'est alors qu'un serpent, attiré par l'odeur de l'herbe magique, se jeta sur elle, la croqua, et s'en retournant, rejeta toutes ses écailles. Tous ces efforts n'avaient finalement bien servi à rien.

 

"Gilgamesh demeura là, prostré, il pleura. Les larmes ruisselant sur ses joues, il dit à Ur-shanabi : Pour qui mes bras se sont-ils épuisés ? Pour qui le sang de mon cœur a-t-il coulé ? Je n’en ai tiré aucun bienfait."

 

Le désespoir était total. Gilgamesh et son compagnon de fortune traversèrent sans entrain le tunnel du Soleil et marchèrent jusqu'à Uruk. Là, face aux remparts, le roi sentit sa gorge se dénouer, et il ne put s'empêcher d'expliquer avec beaucoup de fierté à Ur-shanabi comment sa cité était construite. Il comprit alors qu'il aimait cette ville et en être le souverain.

 

Ainsi se terminèrent les aventures de Gilgamesh, roi d'Uruk.

 

 

 

/Spawy



05/07/2016
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