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L'Epopée de Gilgamesh : Exploits héroïques d'Enkidu et Gilgamesh

   Devenus d'inséparables amis, Enkidu et Gilgamesh vécurent heureux à Uruk. Guère longtemps, cependant. Car l'intrépide Gilgamesh brûlait de tester sa puissance et d'accomplir un exploit, afin d'acquérir l'immortalité par la légende. La mort l'effrayait par dessus tout et, à défaut de pouvoir vivre sans fin, il désirait que l'on se souvienne de lui. C'est pourquoi il prit la ferme décision de s'en aller combattre le démon Humbaba. Gardien de la forêt des Cèdres tenant sa fonction du dieu Enlil, Humbaba était d'apparence terrible. Il possédait les crocs d'un dragon, la face d'un lion et les serres d'un rapace, et son cri glaçait d'épouvante quiconque l'entendait. S'en prendre à lui revenait de plus à énerver les dieux, qui tenaient à la forêt des Cèdres et à son protecteur. Mais Gilgamesh n'en avait cure.

 

humbaba_by_emmanuelgiladi.jpg

 

Afin de ne pas paraître si tyrannique qu'il l'était, il consulta une nouvelle fois son Parlement. Mais les jeunes hommes ne le soutinrent pas, cette fois-ci. Comme les Anciens, ils trouvèrent l'opération risquée et inutile, et Enkidu se rangea à leur avis. Gilgamesh en fut contrarié et décida d'ignorer une deuxième fois l'avis de ses conseillers : il allait partir, peu important ce que son peuple en pensait. Il demanda cependant l'aide d'Enkidu, car il voyait en lui, non seulement un ami, mais un allié de taille, sa force égalant la sienne. Celui-ci accepta, inquiet de voir son nouveau camarade se lancer seul dans une folle aventure, et reçut de multiples conseils de la part des Anciens. Il emmena également Gilgamesh consulter sa mère Ninsun, qui pria le dieu Shamash et le supplia de ne pas défendre Humbaba. Puis les deux amis se mirent en route.

Grâce à leur incroyable stature, ils ne mirent que trois jours à atteindre la forêt de Cèdres, quand le voyage aurait dû durer un mois et demi. Durant tout le trajet, Gilgamesh pria Shamash, à l'instar de sa mère. En arrivant devant l'antre de Humbaba, les deux hommes découvrirent des arbres hauts de soixante-douze coudées, ce qui fait environ trente-trois mètres. Ils les contemplaient quand retentit le fameux cri du démon. Cela glaça le sang d'Enkidu, déjà peu certain du bien fondé de l'opération, et il voulut faire demi-tour. Mais Gilgamesh lui redonna du courage grâce à un discours enflammé :

 

"Fais retentir ta voix comme un tambour ! Loin de toi la paralysie des bras, la faiblesse des genoux ! Prends-moi la main, ami : Marchons ensemble ! Que ton cœur brûle pour le combat ! Méprise la mort, Ne pense qu’à la vie ! Qui veille sur quelqu’un doit être à toute épreuve ! Qui marche devant l’autre le préserve, garde sauf son compagnon. Jusqu’à leur plus lointaine descendance, ils se seront acquis la gloire."

 

Enkidu reprit confiance et pénétra en premier dans la forêt. Ce fut alors au tour de Gilgamesh de se sentir moins assuré, mais il ne le montra qu'à peine. Humbaba les découvrit et partit d'un gros rire en comprenant qu'ils venaient pour le tuer. Il s'adressa alors à Gilgamesh :

 

"Des fous, des inconscients, t’auraient-ils conseillé Gilgamesh, que tu sois venu m’affronter ? Hé ! Enkidu, enfant de poisson qui n’a jamais connu son père et, pas plus que les tortues, n’a jamais tété sa mère ! En ton jeune âge je t’observais et me gardais de te fréquenter ! À présent, si je te tue, j’en aurai l’âme épanouie !"

 

Le roi laissa paraître ses doutes et Enkidu, qui le sentait flancher, l'exhorta à son tour au combat. Les deux amis firent face ensemble, levèrent leurs armes et frappèrent le géant. Ils parvinrent à légèrement le blesser, mais la riposte menaçait d'être douloureuse pour eux. Quand soudain, Shamash intervint. Sensibilisé à leur cause par toutes les prières qu'il avait reçu, il déchaîna sur Humbaba les treize grands vents : du Nord, du Sud, d’Est, d’Ouest, Souffleur, Rafales, Tourbillons, Mauvais, de Poussières, Morbide, de Gel, Tempête et Tornade. Le démon se retrouva immobilisé, incapable de lutter contre la force des bourrasques qui lui arrivaient de tous côtés. Gilgamesh leva son arme pour lui porter le coup fatal, mais Humbaba le supplia de lui laisser la vie sauve, lui promettant les meilleurs bois de sa forêt. Enkidu n'y vit qu'une ruse et rappela à son ami que son but était d'entrer dans la légende en tuant un démon. Il craignait également que si l'affaire durait trop longtemps, les dieux ne s'en mêlent et ne défendent leur serviteur. Il le poussa donc à abattre Humbaba et il commit là la plus énorme des erreurs - mais nous y reviendrons plus tard. Gilgamesh frappa le géant à cinq reprises, jusqu'à ce qu'il rende son dernier souffle, et d'épaisses ténèbres s'abattirent sur la forêt. Le roi et son compagnon coupèrent une grande partie des Cèdres et arrachèrent la tête de Humbaba, pour la ramener en guise de trophée. Puis ils firent rouler les troncs jusqu'au fleuve, où ils les attachèrent ensemble. Ainsi, ils rentrèrent à Uruk en flottant sur l'eau, avec la tête de leur ennemi. Derrière eux grondait la colère d'Enlil.

A leur arrivée à Uruk, les amis ne reçurent pas les félicitations de tout le peuple. Une partie, cependant, fut charmée par l'exploit qu'ils venaient de réaliser, et la déesse Ishtar, la sœur de Shamash, tomba amoureuse du courage et de la force de Gilgamesh. Elle lui demanda sa main, lui promettant richesse et honneur en retour. Mais Gilgamesh la repoussa avec dédain, lui rappelant que son anicen mari, le dieu Tammuz, avait connu une fin tragique. Il l'insulta même, assurant qu'il connaissait ses infidélités :

 

"Non, je ne veux pas de toi pour épouse ! Allons ! Je révélerai tes prostitutions. Tammuz, l'amant de ta jeunesse, année par année, tu l'as voué à la lamentation. L'oiseau, le bariolé, tu l'aimas, et tu le frappas et tu brisas son aile ! (...) Tu n’es qu’un fourneau qui s’éteint dans le froid, une porte qui laisse passer les courants d’air, un palais qui s’écroule sur ses défenseurs, un éléphant qui jette bas ses harnais, un bitume poisseux, une outre percée, un mortier friable, un bélier qui démolit les remparts amis, une chaussure qui blesse le pied."

 

gilgatau.jpgNotez cette phrase, si vous avez un jour besoin d'insulter quelqu'un avec originalité. Mais ne l'adressez pas à une déesse. Car Ishtar, furieuse et vexée, supplia Anu de la venger en déchaînant le Taureau Céleste sur Uruk. Elle menaça de détruire les remparts des Enfers si son ainé n'acceptait pas, alors Anu accéda à son désir mais lui fit promettre de parer à la famine qu'allaient déclencher les ravages de l'animal, car le peuple n'était pas responsable de ses déceptions amoureuses. Il lui remit la longe du Taureau Céleste et Ishtar le lâcha tout près d'Uruk. L'animal, avant d'attaquer, étancha sa soif dans le fleuve, lequel diminua de moitié. Puis il s'ébroua, et le sol trembla, détruisant une grande partie de la cité d'Uruk. Enfin, il chargea. Ses seules cornes tuèrent mille cinq cents habitants et détruisirent les réserves de nourriture, mais Enkidu parvint à les attraper et à enfoncer sa lame dans le cœur de l'animal, metant immédiatement fin à la vengeance d'Ishtar. La déesse, humiliée, se mit à pleurer et à hurler. Enkidu se saisit de la patte - ou, selon les versions, du sexe - du Taureau Céleste, la trancha et la jeta à sa figure, complétant l'affront. Gilgamesh, quant à lui, récupéra les cornes du Taureau et les fit orner d'or et de lazulite pour les offrir à son père. La journée s'acheva par une grande fête au palais.

 

 

 

/Spawy

 



04/07/2016
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