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La Huldre

   Connaissez-vous la bergère à queue de vache ? Non ? C'est normal, car la Huldre est presque inconnue de nos contrées.

 

S'il est né de la tradition orale norvégienne, le mythe des Huldres a connu une réécriture chrétienne qui seule aujourd'hui propose une explication à la naissance de ces créatures à l'apparence faussement humaine. Je vais donc vous conter cette version, afin de satisfaire l'usage qui veut que l'on commence une histoire par son début. Tout partit d'une situation banale. Une femme, mère de plusieurs enfants, lavait ces derniers dans son chalet quand Dieu en personne entra dans sa maison (fin de la banalité). Comme elle n'avait pas achevé son ouvrage et que les marmots n'étaient propres que de la tête et du torse, la femme cacha le bas de leurs corps, dont la saleté lui faisait honte. Dieu, voyant cela, décida que plus jamais l'humanité ne devrait avoir à poser les yeux sur la moitié souillée des corps de ces enfants (parce que, c'est tout). Les jeunes garçons s'en tirèrent sans séquelles, mais les filles, elles, virent leurs corps se déformer sous la malédiction : une longue queue de vache leur poussa, et leurs dos se creusèrent jusqu'à former un trou au niveau de leurs colonnes vertébrales. Elles devinrent ainsi les premières Huldres (hulderfolket si nous voulons employer le pluriel correct). Une variante suédoise préfère une queue de renard à une queue de vache, sans doute pour évoquer une certaine perfidie de la créature, mais c'est une version bien moins prisée.

 

Réfugiées dans la forêt, les Huldres n'eurent plus qu'un seul objectif : épouser un homme. Il s'avéra en effet que le sacrement du mariage était l'unique porte de salut de ces femmes. Au jour de la cérémonie, et à condition que l'union soit consentie et sans violence, leur horrible queue tomberait et leur dos redeviendrait visible (là apparaît tout l'intérêt de la légende pour la religion chrétienne, qui encourage à travers ce biais une vie maritale rangée et sans excès). Sortant de la brume déguisées en bergères, elles abordèrent alors les hommes qui passèrent près de leur cachette, et presque toujours, elles parvinrent à les séduire, grâce à la Huldre Slaat, une chanson envoûtante qu'elles scandèrent. Il faut préciser par ailleurs que la nature les avait particulièrement gâtées, et qu'elles étaient plus belles que n'importe quelle humaine. Cependant, la séduction n'aboutit qu'à peu d'épousailles. Il fut en effet difficile pour la plupart d'entre elles de dissimuler leur appendice caudal sous leur jupe, et les jeunes prétendants furent révulsés à cette vue. Les Huldres devinrent alors les succubes des bois, condamnées à attendre un homme capable de supporter leur difformité. Elles établirent des rituels, et suivant le statut du garçon qui passait près d'elles, elles adaptèrent leur attitude. Si l'individu était marié, elles apparaissaient nues, tentatrices, en véritables démones. Mais s'il était célibataire, leur objectif reprenait le dessus, et elles se présentaient en bergères timides et jolies.

 

13902715_1093407064074023_8303114713655731239_n.jpgCommençait alors une période complexe de séduction. Si l'homme était assez amoureux pour supporter la queue de vache et la difformité du dos, la Huldre le mettait à l'épreuve. Il devait, pendant une longue période, pouvant aller jusqu'à plusieurs années, taire le mariage à venir et rester à distance de sa promise, sans l'oublier. S'il était capable de passer des mois, ou des années, sans voir la Huldre et sans la tromper, alors ses sentiments étaient jugés assez purs pour mériter qu'elle se donne à lui. Bien entendu, cela arriva peu... Et pourtant, cela valait le coup. Car les Huldres qui parvinrent à trouver leur prince se révélèrent d'excellentes épouses, créatrices d'un profond et pur bonheur. Il ne s'agit donc pas de créatures malfaisantes, même si certaines de leurs actions peuvent être mauvaises.

Des coutumes aujourd'hui disparues naquirent de ce mythe. Avant de faire bâtir une maison, ses futurs occupants devaient passer une nuit entière sur le terrain qui la verrait sortir de terre, avec tous les outils. S'ils faisaient de mauvais rêves à cette occasion, ils en déduisaient qu'une Huldre vivait non loin et qu'elle tenterait de s'en prendre à leur mariage. Ils changeaient alors leurs projets.

 

J'espère que cela vous a plu, et que vous saurez quoi faire si un jour votre petite amie révèle une longue queue de vache.

 

 

 

/Spawy



18/08/2016
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