Mythologie Grecque
Les Stryges

Le Minotaure
Salut tout le monde. Allez, commandez votre choppe, asseyez-vous à votre table, que je puisse commencer. Bien, tout le monde est assis ? Si j'en vois un qui moufte, je lui fais payer mon ardoise. Méfiez-vous, parce qu'il va pleurer. Ce soir c'est Minotaure. Mais non, mais pas au diner ducon, pour le récit. Assied-toi.
Minotaure, dis-je. Μινώταυρος / Minốtauros, en grec ancien, qui signifie "le taureau de Minos". Créature tirant ses origines de la mythologie grecque. Il s'agit d'un homme à moitié taureau. En proportions variables certes, mais généralement sa tête est celle de la bête et son corps est celui de l'homme, avec des muscles, des grooos muscles et une envie de tuer et de manger tout ce qui bouge. Voici le mythe que vous connaissez sans doute, tel qu'il est raconté sur Wikipédia : "Né des amours de Pasiphaé et d'un taureau blanc envoyé par Poséidon, il est enfermé par le roi Minos dans le labyrinthe, situé au centre de la Crète, qui fut construit spécialement par Dédale afin qu'il ne puisse s'en échapper et que nul ne découvre son existence. Tous les neuf ans, Égée, roi d'Athènes, sera contraint de livrer sept garçons et sept filles au Minotaure qui se nourrira de cette chair humaine. Thésée, fils d’Égée, sera volontaire pour aller dans le labyrinthe et tuera le monstre."
Vous vous doutez bien que si je cite Wikipédia, c'est que son origine mythologique et le récit qui l'accompagne n'est pas vraiment ce qui nous intéresse. Il existe une discipline fantastique, et plus souvent symbolique dans l'imaginaire collectif, et il s'agit de la Thérianthropie. Ce terme signifie en gros la transformation de l'humain en un autre animal et il désigne plus généralement ce qui est à la croisée entre la bestialité et l'humanité. En matière de thérianthropie, le minotaure symbolise en fait l'humain qui se laisse dominer par son instinct. La symbolique ici est importante, car outre le récit de Pasiphaé et de son amour malsain pour les bêtes, c'est véritablement la bestialité de la créature qui est restée dans l'imaginaire collectif et qui a peuplé la littérature, le cinéma et les jeux vidéos.
Aujourd'hui, quand on vous dit minotaure, vous pensez bien rarement à Thésée crapahutant dans son labyrinthe, et c'est normal. Si vous suivez mes articles, vous remarquerez que je parle très souvent de l'évolution des créatures et de leur transformation dans notre imaginaire, puisqu'elles en sont issues. Mais comme toute évolution, elle garde une racine commune, un trait qui ne change jamais, et c'est souvent celui de la symbolique. Le minotaure, en ce cas là est un cas d'école.
J'espère avoir apporté un point de vue nouveau sur la perception que vous vous faites peut-être des créatures fantastiques, et je souhaite vous laisser avec une illustration qui symbolise pour moi, ce que devrait être un minotaure.
A notre prochaine rencontre.
Le Centaure
Bonjour et bienvenue dans ce nouveau cours du fantastique. Dans notre métier, il y a deux types de créatures : il y a celles qui ont un flingue et les autres qui creusent. Euh, non, erreur de script. Il y a celles qui sont méconnues et que nous vous faisons découvrir et il y a celles que tout le monde connaît, ou croit connaître. Celle du jour fait partie de la deuxième catégorie. Je veux dire que l’article tient en un seul mot : centaure.
Si le terme de centaure a peut-être initialement désigné toutes les créatures hybrides de la mythologie grecque, il a fini par ne correspondre qu'à la seule espèce qui ne possédait pas de nom propre. Le centaure est donc désormais un hybride entre un cheval et un homme de très grande stature, avec la forme que vous connaissez tous : un torse d’homme et un corps chevalin qui fait des ravages chez la gente féminine (je laisse vos imaginations perverses travailler). Son origine n’est pas totalement définie. Les deux versions les plus répandues sont, d’une part, celle d’héros grecs random (qui ne sont pas très connus donc on s’en tape le coquillard) qui fécondent une jument, et d’autre part, celle d’une divinité qui aurait puni un type, random lui aussi.
Dans tous les cas, on obtient un être qui se caractérise par sa sauvagerie et sa puissance. Par sauvagerie, j’entends que le centaure est assez secret, animal, farouche. Il ne s’entend pas bien avec les hommes. En effet, on a l’image du centaure proche de la nature alors que l’humain est plutôt du côté de la culture (qui détruit un petit peu la nature). Si l’on devait faire un rapprochement douteux, on pourrait dire que le centaure est à la Grèce Antique ce que la caricature de l’amérindien est aux Amériques. Il dégage aussi un sentiment de puissance. Déjà par son imposante stature, mais aussi pour son côté sauvage, comme on vient de dire. Et ce n’est pas qu’un sentiment, parce qu’il est réellement puissant. Doté d’une masse musculaire somme toute importante (le cheval c’est trop génial !), d’une grande connaissance de son environnement et doué pour le maniement des armes, il vaut mieux ne pas faire du centaure son ennemi. De plus, on peut rajouter qu’il est loin d’être un imbécile !
Bref, je n’ai pas internet en ce moment et vérifier mes propos n’est pas aisé. Tout cet article repose sur ma mémoire et plusieurs points sont faillibles. Mais je vous dois bien un article de temps en temps. Sur ce, le cours est terminé et à bientôt pour une nouvelle leçon.
La Boite de Pandore
"Je lui avais dit de pas l'ouvrir, à cette abrutie, je lui avais dit.
Mais elle a cédé à la curiosité.
Si je chope Hermès, c'est lui que je mettrai dans cette boite.
Je te raconte ça ? Contre une autre bière alors, ta meilleure, parce-que cette fois tu vas pas être déçu. Vous autres aussi, venez écouter."
Bonsoir à tous, ce soir, c'est une première pour moi. J'ai eu l'habitude de vous raconter l'histoire de créatures légendaires, plus ou moins réelles. Cette fois-ci c'est différent, je vais vous parler d'une relique.
Et comme vous semblez l'avoir remarqué, mon humeur n'est pas au rendez-vous, notez finalement qu'elle s'accorde bien avec le sujet de ce soir.
Cette fichue boite. Vous voulez savoir pourquoi votre papa est mort? Pandore. Pourquoi votre chat s'est barré? Pandore. La guerre en orient, les tyrans de l'est, la famine, la mort, la vieillesse, et tous les maux de l'humanité? Pan-dore.
La première femme de l'humanité n'était sans doute pas la plus brillante.
Crée par les dieux sur l'ordre de Zeus, afin de se venger des Hommes et surtout de Prométhé (encore un dégourdi celui-là) elle fut composée de toutes pièces à partir d'argile et d'eau, et chacun des dieux y mit de sa patte. Les plus destructeurs de ces cadeaux furent la curiosité et la perfidie d'Hermès.
Elle fut mariée au frère de Prométhée, Épiméthée, qui avait visiblement oublié que son frère lui avait fat jurer de ne rien accepter de Zeus, et des Dieux en général d'ailleurs, puisque cette femme avait dans ses bagages un coffre. Forgé par Héphaïstos, cette fichue valise était la boite de Pandore, et bien qu'il lui fut interdit de l'ouvrir, Hermès avait bien sûr pris soin de la rendre irrécupérablement curieuse. Saleté de messager. Elle ouvrit la boite, et tous les maux de l'humanité furent libérés à jamais et se répandirent sur la terre des mortels. Nous.
Et vous voulez connaître la chute? La boite contenait aussi l'espérance. C'est la seule chose que cette empotée a réussi à contenir après avoir ouvert la boite. Une cruche je vous dis.
Cette boite représente beaucoup. Elle est l'illustration parfaite du tabou, l'interdit ultime qu'il ne faut pas transgresser, sous peine de subir de lourdes conséquences. Une simple traction sur le couvercle a suffit à nous condamner à une éternité de souffrance.
Illustration de Pandore ouvrant sa fichue boite, par J. W. Waterhouse.
Et nous, on casque pour les autres. Je vous laisse, j'ai un Dieu à engueuler, et deux ou trois mortels à gifler.
/Un vagabond immobile
Le Cynocéphale
Le cynocéphale est, comme son nom l’indique, un homme à tête de chien (« cyno- » pour chien et « -céphale » pour tête). Pour vous le dire d’emblée, le cynocéphale représente la partie bestiale de l’homme : c’est important donc gardez cela dans un coin de votre tête. En plus, outre la tête de chien, il a la peau noire.
Les cynocéphales sont vieux comme le monde pourrions-nous dire, car ils remontent aux dieux égyptiens. Mais ce sont des dieux, or il est plus intéressant de parler des cynocéphales « communs ». Ces cynocéphales sont décrits pour la première fois à l’écrit et en détails par des grecs du Vème siècle avant J-C : j’ai nommé Ctésias et Hérodote. Le premier est un médecin et le deuxième n’est plus à présenter (comme Aristote, il a sa carte de VIP à l’EF). En évoquant Aristote, il est aussi de ceux qui en parlent et il n’est pas étonnant alors que son plus célèbre élève, Alexandre le Grand, en ait croisé dans ses conquêtes. Il y en a encore bien d’autres mais il faudrait éditer un livre entier pour en faire une liste exhaustive !
Pour faire simple et essayer de synthétiser toutes ces descriptions, on va dire que le cynocéphale est natif d’Inde et s’est étendu jusqu’en Afrique du nord. Le cynocéphale ne parle pas, il utilise bien un langage mais il est plus proche de jappements et d’aboiements. Néanmoins, il comprend le langage humain. Contrairement à ce qu’on a dit plus haut, le cynocéphale n’est pas sauvage, ni un simple animal. En effet, les cynocéphales forment des tribus policées. Elles sont parfois nomades, qu’elles suivent les transhumances des troupeaux d’animaux sauvages qui sont leurs proies ou bien celles de leurs troupeaux de mouton. Mais généralement les tribus cynocéphales sont sédentaires et forment des villages (un peu comme les cités grecques mais en moins développés et importants). Ils ne maîtrisent pas le feu, certes, mais ils font cuire leurs viandes au soleil. Ils ne mangent pas cru, sauf les fruits et légumes - et pas seulement ceux qu’ils peuvent trouver dans la nature, car certains pratiquent l’agriculture. En plus ils commercent avec les hommes ; comme je vous le disais, ils comprennent le langage humain et ils se font comprendre un peu comme les muets, par signes. Et en point d’orgue de cette description, on leur prête une certaine sagesse et un grand sens de la Justice.
Cette vision du cynocéphale est celle des « Anciens ». Mais c’était sans compter sur cette formidable secte (euh, religion) qu’est la chrétienté ! Les chrétiens d’orient n’ont pas tant de problèmes avec le cynocéphale. En effet, on trouve un saint chrétien qui était un cynocéphale ! Laissez-moi vous compter cette histoire.
Cette version est bien pour les chrétiens d’orient. Mais ça ne va pas pour les occidentaux. Souvenez-vous : le cynocéphale est traité par chez nous comme symbole de la bestialité de l’homme, donc de Satan. C’est pourquoi ici nous n’avons pas le droit au cynocéphale, mais à un simple géant, dans notre version.
Bref, voilà qui nous fait un bel article ! Sur ce, je vous dis à bientôt !
/Le Prof
Les Dryades
Les Dryades sont décrites comme des nymphes protectrices des forêts, voire comme des divinités mineures liées aux arbres en général, et plus particulièrement aux chênes. Elles sont souvent présentées comme des créatures timides, qui n'aiment pas trop se dévoiler au regard d'autrui sauf celui de la déesse Artémis, pour laquelle elles éprouvent sympathie et respect. On les voit comme de très belles jeunes femmes qui incarnent la force végétale des forêts dans lesquelles elles errent en toute liberté. Elles sont fortes, robustes mais également fraîches et légères, et on les peint souvent dansant autour des arbres qu'elles protègent.
Elles proviennent dit-on de l'Arbre des Hespérides. Certaines d'entre elles restent d'ailleurs dans le Jardin des Hespérides afin de veiller sur les précieuses Pommes d'Or dudit jardin. Les Dryades comme les autres nymphes ne sont pas immortelles, mais gratifiées par les dieux d'une longue vie. La plus célèbre d'entre elle est Eurydice, la femme d'Orphée.
Il existe dans la mythologie grecque, trois sortes de Nymphes rattachées aux bois et forêts. Cependant la distinction principale s'effectue dans deux terminologies : les Dryades qui peuvent se balader dans les forêts où bon leur semble et les Hamadryades, qui elles sont rattachées à un arbre en particulier. La troisième terminologie désigne les Méliades, qui sont proches des Hamadryades par le fait d'être, elles aussi, rattachées à un arbre. Dans le cas présent le frêne. Elles ont pour tâche principale de veiller sur les nourrissons non désirés et abandonnés sous les branches des arbres et sur les troupeaux. On dit aussi qu'il leur arrive de porter une hache afin de veiller sur les forêts et d’occire quiconque ferait du mal à un arbre.
Les Dryades ont inspiré bien des contes et bien des univers au fil des âges. Le poète Edouard Brasey disait d'elles, qu'elles appartiennent à la même famille que la Dame Blanche, c'est à dire, à des êtres bienveillants et pacifiques chargés de veiller sur les voyageurs perdus en forêts, les enfants abandonnés et les troupeaux sauvages. Cependant Brasey décrit certaines d'entre elles comme fourbes et machiavéliques, animées d'un plaisir sadique à pousser les voyageurs égarés au bord des précipices.
La Dryade est aujourd'hui le nom d'un oiseau mouche (proche de la famille des Colibris) et d'un petit arbrisseau à fleurs blanches de la famille des rosacées.
~ le Voyageur.
Le Capricorne
Bonjour pauvre fou, c'est ton ami et serviteur, le vagabond. Je t'écris cette lettre pour te dire que ta livraison de lait de capricorne entier arrivera la semaine prochaine. Je me suis arrangé avec mon fournisseur et j'ai réussi à négocier un prix d'ami, mais qui restera tout de même élevé en raison de la rareté de la bestiole et des informations qui la concernent. Je peux quand même te rencarder, histoire que tu saches dans quoi tu te lances, grand malade.
Le capricorne est en fait le nom moderne du Sukhurmashu, un animal antique des toutes premières civilisations. En voyant une chèvre nager avec une aisance remarquable, nos ancêtres, crédules et inventifs qu'ils étaient, se sont imaginé qu'elle possédait des nageoires. Il se trouva qu'ils avaient raison et qu'en réalité, le Sukhurmashu était un animal mi-chèvre cornue, mi-poisson, avec des variantes dans la forme et l'apparence en raison des divers témoignages, et du temps qui les sépare.
Je ne sais pas quel usage tu as l’intention d'en faire, mais comme tu dois le savoir, certains disent qu'il s'agit de l'incarnation de Dionysos quand il fuit l'olympe à l'arrivée de Typhon. Donc cuisiner avec du lait de Dieu antique, c'est faisable, mais je sais pas si c'est comestible, tu me diras.
Il est associé aux eaux primordiales, bien que sa symbolique astrologique soit liée à la terre (personne ne se met jamais d'accord quand il s'agit de religion de toute façon). Il est rapproché de Enki, le dieu oriental, et comme tu l'as compris, il s'agit plus d'un symbole que d'un animal vivant, même s'il est considéré comme tel. Si le capricorne est pourvu d'une queue de poisson, c'est aussi pour évoquer les qualités spirituelles propres à ce symbole. La queue de poisson symbolise les eaux nourricières d'où l'être humain est sorti pour s'élever dans la connaissance et la spiritualité (sauf toi, canaille) à l'instar de la chèvre qui vit à flanc de montagne.
Bon, cette lettre était plus informative que prévu et est piquée de remarques acerbes pour mon tavernier préféré, mais garde bien en tête que c'est un produit dangereux que je te livre. Beaucoup pourraient tenter de te le voler s'ils apprenaient que tu es sur le point d'en faire l'acquisition (sans compter les fous extrémistes qui crieraient au sacrilège s'il te voyaient en faire du beurre, tu vois), aussi je viendrai te l'apporter en personne.
Voilà un croquis de la bête comme tu me l'as demandé, et à très vite.
/Un vagabond immobile
L'Amphisbène
Bien le bonjour, chers amis. Aujourd’hui nous revoilà pour causer créatures mythologiques. Vous souvenez-vous d’un lointain article sur le basilic ? Je vous avais dit qu’il avait été enfanté par le sang de la tête de la Gorgone Méduse, qui coulait alors qu’elle était décapitée dans un sac. Revenons donc dans cette famille pour découvrir une autre erreur de la nature : l’Amphisbène.
Cette chose est un serpent venimeux à deux têtes. On dit d’ailleurs qu’il a deux têtes car une seule ne serait pas suffisante pour cracher tout son venin. Il possède aussi deux pattes de poulet et des ailes. Du fait de sa constitution, il est condamné à faire du surplace presque tout le temps, chaque tête tirant de son propre côté. Je tiens à vous dire que ma description de l’amphisbène est très limitée et totalement subjective : en effet, on a pu constater le même problème avec d’autres mythes, il y a autant d’amphisbènes qu’il y a eu de personnes pour en témoigner. Et bon sang, il y en a eu du peuple pour jaser sur cette bestiole ! Des auteurs de l’Antiquité grecque aux auteurs du Moyen-Âge, en passant par les inénarrables romains du début de notre ère (comme Lucain et Pline l’Ancien #rpz #mongarssûr). Et bien évidemment, on ne peut pas aborder un mythe sans ajouter une petite touche catholique ! Donc, au total on a eu comme amphisbènes : un petit serpent à deux têtes, avec ou sans pattes, avec ou sans ailes, un dragon avec une tête au bout de la queue et de petites oreilles rondes, avec des têtes égales à ne pas pouvoir décider de l’avant et de l’arrière, avec des têtes inégales pour distinguer la tête de la queue, j’en passe et des plus farfelues.
Vous pouvez respirer.
Et le pire, c’est que c’est pareil pour ses capacités ! Si tout le monde s’accorde à dire qu’il peut mordre des deux côtés avec une vitesse à faire pâlir un guépard, on lui accorde aussi (au choix, composez votre menu) : de nager, d'hypnotiser, et de tuer par un simple regard durant les nuits de pleine lune. De plus, il semblerait qu’il puisse se reconstituer après avoir été coupé en deux ou en plus de morceaux encore (vive le chatterton !) Vous voyez les nombreuses possibilités d’amphisbènes entre la forme et les pouvoirs ? On ne se croirait pas dans un jeu vidéo à la création de personnage ?
Vous pouvez respirer.
Bref, l'amphisbène étant très proche parent du basilic, on ne s’étonnera pas de retrouver des similitudes entre les deux. Je tiens néanmoins à vous donner la lecture catholique de cette créature : elle représenterait Jésus et Lucifer, qui luttent incessamment pour prendre l’ascendant sur l’autre sans jamais pouvoir gagner. Rajoutez un peu de Freud là-dessus, et vous obtenez une métaphore des conflits intérieurs.
Bref. Voilà qui est tout pour ce petit retour au calme. Je vous dis à bientôt.
/Le Prof
Hermaphrodite
Hermès s'éprit un jour de la belle Aphrodite qui, à son grand déplaisir, repoussa ses avances et s'éloigna de lui. Devant la tristesse de l'amoureux éconduit, Zeus imagina un stratagème pour lui permettre de revoir l'objet de son désir et de tenter une nouvelle fois sa chance. Il envoya un aigle voler une sandale d'Aphrodite tandis qu'elle se baignait, pour qu'il la dépose aux pieds d'Hermès. La déesse, courant après sa chaussure, se retrouva donc nez-à-nez avec le dieu messager, qui renouvella ses discours séducteurs. Et cette fois-ci, Aphrodite en fut touchée.
Elle lui concéda une nuit d'amour, de laquelle nacquit un fils à la beauté inégalable. Il reçut comme nom un mélange de ceux de ses deux parents : Hermès et Aphrodite donnèrent Hermaphrodite. Mais l'enfant fut élevé en cachette en Phrygie, un ancien pays d'Asie Mineure, sur le Mont Ida, par les Oréades, c'est-à-dire les nymphes des montagnes. Quand finalement il sortit, devenu adulte, il s'éloigna considérablement de ses tutrices. Sa curiosité le mena jusqu'en Carie, où il découvrit une belle fontaine près d'Halicarnasse. Là se baignait une Naïade unique en son genre. Ne participant à aucune des parties de chasse proposées par Artémis et ne quittant jamais sa fontaine, Salmacis était tant obsédée par la beauté qu'elle passait ses journées entières à arranger son habitat et à se mirer dans l'eau.
Quand elle vit Hermaphrodite, sa passion se réveilla immédiatement et elle s'en éprit follement. Ayant perdu la tête, elle ne put concevoir un refus de la part du jeune homme et, quand il s'excusa et s'apprêta à reprendre la route, elle s'aggripa à lui de toutes ses forces. Le tirant dans l'eau, elle pria Poséidon d'unir leurs deux corps en un seul, pour qu'ils ne fassent plus qu'un pour l'éternité. Sa prière fut exaucée et Hermaphrodite devint un être bisexué, aux organes génitaux masculins mais aux hanches et à la poitrine féminines. Perturbé, il réclama à ses parents que toute personne se baignant à son tour dans cette fontaine subisse le même sort que lui, et cela lui fut accordé.
La figure d'Hermaphordite inspira considérablement l'art antique. Sa representation la plus célèbre est celle qu'en fit le sculpteur Polyclès d'Athènes, dont l'Hermaphrodite endormi fut copié un grand nombre de fois. Mais il est possible qu'elle ait été conçue à partir d'une divinité antérieure, qui apparut vers le IVe siècle avant J-C et se transmit de Chypre à Athènes. Aphroditos est une version masculinisée d'Aphrodite, arborant à la fois poitrine, pénis et barbe. Il était vénéré par des rites de travestissement lors de cérémonies dédiée à la Lune, pendant lesquelles les femmes se changeaient en hommes et les hommes en femmes. Plusieurs statuettes de femmes relevant leurs robes pour montrer leurs organes masculins attestent de ce culte.
/Spawy
Aphrodite
Bien le bonjour, mes amis. Aujourd’hui, pas d’alchimie, pas d’Egypte. Si nous voyageons bien dans l’Antiquité, il s’agit de l’Antiquité grecque. Nous allons en effet traiter d’un sujet très pauvrement abordé dans les articles de Shaï-Hulud sur le panthéon grec. Et quel sujet ! Nous allons parler de la voluptueuse, de la plantureuse Aphrodite (range ton pénis Billy).
Est-il besoin de dire que cette chère Aphrodite (Venus pour les romains) est la déesse de la beauté et de l’amour ? Si par amour vous entendez le ciel bleu, les petits oiseaux et les papillons dans le ventre, quittez cet article. Vous vous êtes trompés de déesse. Aphrodite, c’est l’amour dans les fesses. L’amour sale. Donc prenez une bière, votre air le plus pervers et vos blagues les plus salaces parce qu’on va parler de cul.
On connait deux origines à Aphrodite. L’une décrite par Homère, qui n’est pas très marrante, et l’autre donnée par Hésiode, qui est la plus connue, la plus fun et la plus significative. C’est cette dernière que nous allons développer. Mais présentons quand même la version homérique - c’est pour moi, c’est cadeau.
Selon Homère, Aphrodite est la fille de Zeus et de Dioné, une déesse archaïque que l’on soupçonne être la première femme de Zeus. Voilà. C’est ça la version d’Homère. La version d’Hésiode est plus amusante, comme je vous le disais. En effet, Aphrodite naît ici du ciel et de la mer. Le ciel, c’est Ouranos, celui qui a engendré Cronos. La mer, ben c’est de l’eau salée. Rien de bien drôle jusque-là, mais attendez un peu. Ouranos n’a pas décidé de tremper son biscuit dans la mer ! Je vous rappelle qu’il était fermement arrimé à Gaïa, la Terre, jusqu’à ce que son fils, Cronos ne l’en détache pour délivrer sa mère des bras étouffants du ciel. Et Cronos ne fait pas les choses à moitié. Un bon coup de glaive dans les glaouis du père et on n’en parle plus. Mais vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il était advenu du sexe sectionné d’Ouranos ? Je vous le donne en mille, le céleste phallus tombe dans l’océan et féconde les eaux de son écume divine. Et paf ! Ça fait une Aphrodite ! Oui. On a vu mieux comme parents, entre une flaque et un eunuque. Aphrodite sort donc des eaux maternelles (vous sentez venir l’image dégueulasse ?) et est soufflée comme un bateau (par les deux gaillards que l'on aperçoit sur le tableau) à travers la mer vers Cythère et Chypre, deux îles grecques. De son séjour à Chypre, Aphrodite tient le surnom de Cypris. Oui, comme la cyprine (la voilà, l’image dégueulasse).
Résumons un peu : Aphrodite est la fille du sexe moribond du ciel tombé dans l’eau et on l’appelle du même nom que la mouille. Paye ta vie qui commence bien ! Heureusement, la demoiselle arrivée sur l’île est recueillie par les Grâces, des nymphes, et est vite habillée. Toute nue qu’elle était, la cochonne !
*La Naissance de Vénus, par Sandro Botticelli (1484-85)*
Sa naissance traitée, il nous faut maintenant parler de sa vie, qu’elle semble passer la plupart du temps au lit. Non pas qu’elle soit souvent malade, oh que non ! Au contraire, elle est bien en forme parce qu’elle baise dans tous les coins ! Son mari « principal » est Héphaïstos, le laid et boiteux dieu forgeron. Mais elle couche aussi avec le beau et impétueux Arès, dieu de la guerre brutale, avec Hermès, Dionysos ou encore Poséidon. Cela sans compter les très nombreux mortels. Elle connaît d’ailleurs quelques aventures, terme que j'entends dans le sens de « troubles », à cause de cela. Par exemple un jour, Héphaïstos, le seul de ses compagnons avec qui elle n’avait jamais eu d’enfants, était quelque peu jaloux que sa femme le trompe avec Arès. Il monta un simple stratagème pour piéger les amants : il fit croire à Aphrodite qu’il partait loin. Arès rappliqua en quatrième vitesse pour profiter le plus possible du vagin aphrodisiaque et il fallut un simple filet dans le plumard pour capturer les adultères.
Mais bien plus de femmes ont encouru son terrible courroux qu’elle n’a elle-même été troublée. Non pas qu’elle soit particulièrement jalouse, mais elle a une sainte horreur que l’on ne fasse pas comme elle le décide. Toi, femme, tu dois l’honorer, sinon elle te fait la misère. Toi, homme, tu dois lui faire l’amour si elle le décide, sinon elle te fait la misère. Mais le fait est que si l’on lui obéit, ça met généralement en rogne un autre dieu. Donc si Aphrodite pose les yeux sur toi, tu es foutu quoi que tu fasses. Et elle en a fichu du bordel, comme ça ! Le minotaure ? C’est sa faute - après une demande de Poséidon, mais quand même. La guerre de Troie ? C’est sa faute. Plus ou moins toutes les tragédies avec des amours impossibles ? C’est aussi sa faute !
Bref, j’avoue ne pas avoir autant d’inspiration que notre ver des sables favori pour conclure les articles sur le panthéon grec. Donc, je vais vous laisser là avec une bise. A bientôt.
« - Mais au fait, Prof ? Comment ça s'est terminé l'histore avec Arès, Aphrodite et Héphaïstos ?.
- Ben, Héphaïstos avait tellement la haine qu'il a invité tout le panthéon pour pouvoir les humilier.
- C'était si terrible que ça, l'adultère ?
- Non, pas vraiment. Du moins pour les dieux. Le truc humiliant, c'est qu'ils étaient nus. Arès n'a donc pas demansé son reste une fois libéré et s'est carapaté à vive allure. Ah ! Il était beau le fier dieu de la guerre !
- Et pareil pour Aphrodite, du coup.
- Non, elle s'en foutait d'être à poil. C'est la déesse de l'amour charnel et on fait rarement l'amour habillé.
- Aaaaah la sal*pe ! »
/Le Prof