Mammon
Dans la religion catholique, les sept péchés capitaux, énoncés au XIIIème siècle par Thomas d'Aquin dans sa Somme Théologique et inspirés des passions dénoncées par Évagre le Pontique au IVème siècle après Jésus-Christ, sont l'ogueil, l'avarice, l'envie, la luxure, la colère, la gourmandise et la paresse ou acédie, cette dernière renvoyant à un ennui moral détournant les personnes qui en sont atteintes de la prière. Ils ne sont capitaux que parce qu'ils sont à la source de tous les méfaits, et non parce qu'ils seraient les plus graves d'entre eux. Il s'agit plutôt de vices encourageant à mal agir, que d'actions mauvaises. Vices dont sept démons ou créatures maléfiques passent pour être les victimes et les porte-paroles. Nous en verrons six, la dernière ayant été traitée dans la catégorie Apocalypse et Festin des Justes de ce blog.
Nous commencerons par évoquer Mammon, le démon de l'avarice. Viendront ensuite Asmodée, celui de la luxure ; Satan, celui de la colère ; Lucifer, celui de l'orgueil ; Belzébuth, celui de la gourmandise ; et Belphégor, celui de la paresse. L'envie est quant à elle réservée au Léviathan.
Mammon apparaît dans le Nouveau Testament seulement et préside aux méfaits que fait commettre l'amour de l'argent. Son nom en araméen signifierait riche, et en hébreu trésor, et ses apparitions dans les textes relèveraient d'une personnification de l'avarice. Il s'oppose à Dieu puisqu'il encourage les hommes à vénérer les possessions matérielles, quitte à devoir tuer et trahir pour elles, et les détourne des questions plus spirituelles. Ses proies les plus faciles sont les individus mécontents de leur sort, envieux de la richesse d'autrui ou hypnotisés par leurs propres biens et refusant d'en partager la moindre miette. "Aucun homme ne peut servir deux maîtres : car toujours il haïra l’un et aimera l’autre. On ne peut servir à la fois Dieu et Mammon." (Matthieu 6 :24). Son culte aurait connu une certaine importance dans la ville de Tyr, au sud du Liban actuel, grande cité de commerçants phéniciens. Mais pratiquement aucune donnée ne permet de le prouver à l'heure actuelle, et faire de Mammon une véritable entité, divine ou démoniaque, plutôt qu'un nom propre désignant l'amour de l'argent, relève d'un parti pris. Balayons allègrement toute précaution et partons du principe qu'il est bien une créature infernale, puisque ce qui nous intéresse ici n'est pas tant la réalité historique des cultes que l'imaginaire collectif.
Mammon fait partie des démons majeurs de l'Enfer, même s'il ne peut rivaliser avec ses supérieurs Satan et Belzébuth. Certains en feraient le fils du premier et l'acolyte de Moloch. Il possède deux cornes sur le haut du crâne et des ongles crochus et, bien entendu, il est essentiellement représenté assis sur un coffre rempli d'or, ou tenant fermement des pièces entre ses doigts. On le trouve également chevauchant un loup pour rejoindre le monde terrestre.
/Spawy
Asmodée
Dîtes bonjour à notre deuxième démon pécheur. Il a un nom charmant, il aime la luxure, le jeu, et pis que tout... Il est prof de maths !
Asmodée est un démon de la Bible présent comme nombre de ses semblables dans les croyances de la goétie, la science occulte des invocations démoniaques. Son nom pourrait provenir du perse Asmuden qui signifie "tenter", ou de l'hébreu Schâmad qui signifie "perdre". Mais il est également possible qu'il soit la déformation du nom du démon iranien Aešma-daeva, "celui qui fait périr".
Il apparaît dans le Livre de Tobie, III.8, livre deutérocanonique - c'est-à-dire qu'il est reconnu par l'Eglise Catholique mais non par la religion juive - de l'Ancien Testament qui relate les aventures de Tobie, fils de Tobit. Alors qu'il suit les indications de l'archange Raphaël, Tobie rencontre Sara, femme tourmentée par Asmodée qu'il lui est ordonné de prendre pour épouse. Il apprend alors que le démon a déjà tué sept des fiancés de Sara le jour de leurs noces. Et en effet, Asmodée a un faible pour les femmes et ne supporte pas qu'elles se marient (c'est pas beau, la jalousie !), ce qui ne l'empêche pas d'être extrêmement infidèle lorsqu'il en prend une pour compagne, ni de tourmenter les pauvres religieuses qui ont fait voeu d'abstinence. Asmodée n'est pas l'ange déchu qui préside à tous les péchés de la luxure pour rien. Il est d'ailleurs accompagné de deux démons familiers qui portent comme lui ce caractère libidineux, Grésil et Amant. Lorsqu'il tombe finalement sur lui, l'archange Raphaël s'en saisit et l'enchaîne au fond du désert d'Egypte, libérant ainsi Sara pour l'offrir à Tobie (quel bon pote, ce Raphaël !).
Selon certaines version, Asmodée serait également le célèbre serpent qui séduit Eve dans la Genèse, mais plusieurs de ses confrères démoniaques reçoivent cet insigne honneur. Ce qui semble plus assuré, c'est qu'Asmodée était un Chérubin avant de se révolter contre Dieu et de chuter vers les Enfers. Il en est aujourd'hui le surintendant et le gardien des maisons de jeu. Il y enseigne à ses pairs la géométrie, l'arithmétique, l'astronomie et l'artisanat, quand il ne s'amuse pas à conférer le pouvoir d'invisibilité aux hommes suite à des pactes inégaux.
On le décrit souvent comme muni de trois têtes, dont une de taureau, une de bélier et une d'homme. Il possède également une queue de serpent et des pattes d'oie.
/Spawy
Satan
Satan, ou Shaïtan en arabe, incarne à lui seul le Mal et la Tentation. Issu d'une racine sémitique, le mot signifie «se comporter en adversaire, s'opposer à». Il serait le serpent qui tenta Eve dans le Jardin d’Eden, ou l’instigateur de la fabrication du veau d’or (Pour ceux qui ne connaissent pas cet épisode biblique, sachez que, lorsque Moïse monta sur le Mont Sinaï pour y récupérer les Tables de la Loi, les hébreux nouvellement libérés firent fondre l’or qu’ils portaient sur eux afin de créer une idole en forme de veau. L’adoration d’idoles étant justement interdite par les commandements divins que Moïse rapportait joyeusement de la montagne, le prophète entra dans une colère noire et brisa les Tables de la Loi avant de faire exécuter les hérétiques. Comme le dirait l’une de mes profs : « Moïse s’est fait faire un petit veau dans le dos », et il n'a pas apprécié cela).
Selon la religion chrétienne, Dieu créa des anges dotés du libre arbitre et l’un d’eux, usant de sa capacité de décision et enviant la place de son créateur, se rebella. Il poussa Eve, la compagne d’Adam, à goûter le fruit de la connaissance, bravant l’interdiction qui lui en avait été faite. Si l'on s'en réfère à la religion juive et plus précisément à la Kabbale, le nom de cet ange était Samaël et il fut aidé dans ses mauvaises actions par sa compagne Lilith. Pour cela, il fut précipité dans l’abîme et son corps changea. Un poème de Victor Hugo illustre cette métamorphose :
Tout à coup il se vit pousser d’horribles ailes ;
Il se vit devenir monstre, et que l’ange en lui
Mourait, et le rebelle en sentit quelque ennui.
Il laissa son épaule, autrefois lumineuse,
Frémir au froid hideux de l’aile membraneuse,
Et croisant ses deux bras, et relevant son front,
Ce bandit, comme s’il grandissait sous l’affront,
Seul dans ces profondeurs que la ruine encombre,
Regarda fixement la caverne de l’ombre.
(Victor Hugo, La Fin de Satan)
Samaël, devenu Satan après sa déchéance, décida de se venger de Dieu en proposant aux hommes de réaliser leurs désirs à condition qu'ils renient leur créateur. Il recruta quelques anges qui, comme lui, devinrent démons, et il les commanda. Grâce à son armée, il devint l'Adversaire, le principal rival de Dieu. Jésus, dans l’Evangile selon Saint Marc, lui demanda son nom, et il lui répondit : « Mon nom est légion, car nous sommes beaucoup ».
Les Evangiles désignent Satan sous les divers noms de Diable, de Malin, de Bélial ou de Belzébuth, ce qui rend parfois confuse son identification précise. Bélial et Belzébuth sont plus fréquemment perçus comme des démons à part entière que comme différentes versions du diable. Le Talmud et la Kabbale quant à eux parlent de Samaël, qui signifie « Dieu-Poison ». Satan est fréquemment associé à Lucifer, également, mais ce nom n’est pas clairement employé par l’Ancien ou le Nouveau Testament pour le désigner.
Le judaïsme de la Torah n’accorde pas de réalité à Satan mais lui préfère le concept « du satan », dont le rôle est d’éprouver les hommes pour donner plus de poids à leurs réussites. Il s’agit d’une fonction remplie par un ange et surveillée de près, et non d’un véritable adversaire de Dieu. En effet, dans le Livre de Job, le satan se propose de tester la foi de Job, qui est alors le plus fervent fidèle de Dieu, et ce dernier l'y autorise.
Le jour où les Fils de Dieu venaient se présenter devant Yahvé, le Satan aussi s’avançait parmi eux. Yahvé dit alors au Satan : « D’où viens-tu ? » — « De parcourir la terre, répondit-il, et de m’y promener. » Et Yahvé reprit : « As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’a point son pareil sur terre : un homme intègre et droit, qui craint Dieu et s’écarte du mal ! » Et le Satan de répliquer : « Est-ce pour rien que Job craint Dieu ? Ne l’as-tu pas entouré d’une haie, ainsi que sa maison et son domaine alentour ? Tu as béni toutes ses entreprises, ses troupeaux pullulent dans le pays. Mais étends la main et touche à tout ce qu’il possède ; je gage qu’il te maudira en face ! » — « Soit ! dit Yahvé au Satan, tout ce qu’il possède est en ton pouvoir. Évite seulement de porter la main sur lui. » Et le Satan sortit de devant Yahvé.
(L’Ancien Testament, Le livre de Job)
Satan peut aussi bien être perçu comme un démon réel et tentateur que comme une allégorie de la mauvaise nature des hommes. Selon certains, il représenterait ce penchant au mal contre lequel chacun doit lutter...
/Spawy
Belzébuth
Difficile de ne pas connaître son nom, puisque Belzébuth bénéficie d'une réputation à la hauteur de celle de son homologue Satan. Découvrons ensemble ce nouveau démon biblique.
Le nom de Belzébuth est composé du terme hébreu baal, qui signifie seigneur, maître, propriétaire ou parfois époux et qui était employé depuis le troisième millénaire avant Jésus-Christ jusqu'à l'apparition de la religion chrétienne pour désigner les dieux, et, selon les versions, du terme zebul ou zebûb, le premier signifiant prince et le second mouches. Belzébuth serait donc pour ses adorateurs le maître des princes, et pour ses détracteurs, le maître des mouches. Originellement dieu du monde sémite vénéré à Éqron, en actuelle Israël, il est diabolisé avec l'apparition du christianisme, à l'instar de tous les autres Baal. Il est d'abord évoqué en tant qu'objet de culte dans le Second livre des Rois de l'Ancien Testament, puis comme démon de grande importance dans tout le Nouveau Testament.
Belzébuth est l'une des têtes couronnées de l'Enfer, destinée à détrôner Satan et souvent accompagnée d'Astaroth, qui lui sert de trésorier et d'allié. Maître de tout ce qui vole, on le trouve parfois surnommé "Seigneur des mouches". Un nom initialement moqueur, destiné à le ridiculiser, qu'il a transformé en titre de noblesse en prenant pour serviteurs tous les insectes ailés, auxquels il commande en adoptant la forme de l'un d'entre eux, ne s'en différenciant que par la taille. Se faisant passer pour un dieu auprès des hommes, afin d'entrer en concurrence avec le véritable Dieu, il parvient à obtenir qu'on le vénère en plusieurs lieux, ce qui lui confère un pouvoir considérable. Sa force est d'encourager les désirs insatiables et de faire miroiter des possessions imaginaires. Tentateur et capable de prendre n'importe quelle apparence afin de mettre en confiance ses victimes, il est le démon de la gloutonnerie.
Son apparence est entrée dans l'imaginaire collectif comme celle que l'on associe le plus facilement aux démons. De très grande taille, il a le corps recouvert de longs poils noirs. Son crâne est ceint de deux cornes de bouc et d'un bandeau de feu, et son dos se prolonge par deux immenses ailes de chauve-souris. Il possède deux pattes en guise de pieds, qui peuvent être celles d'un bouc ou d'un canard selon les textes, et une queue de lion. Son visage est bouffi et ses yeux ardents, ses narines épaisses et larges et sa poitrine gonflée. Quand il est en colère, il est capable de vomir des torrents de flammes. Et puisqu'il passe pour commander aux légions infernales, il est fréquemment représenté trônant sur un énorme siège.
Il s'agit donc d'un démon majeur, particulièrement impressionnant et vicieux, qu'il vaut mieux ne pas croiser.
/Spawy
Belphégor
C'est aujourd'hui le démon de la paresse, du refus de remplir ses obligations, que nous allons découvrir.
Belphégor, que l'on trouve également sous le nom de Baalphégor, Baal signifiant simplement dieu en hébreu, était initialement une divinité moabite. L'ancien royaume de Moab se situait selon les textes bibliques sur la rive orientale du Jourdain, et fut traversé par le peuple hébreux suite à sa sortie d'Egypte. Ce voyage se changea en épreuve quand, mené par Moïse, il se heurta au culte de Belphégor sur le mont Phégor et sombra dans la débauche, encouragé par les séduisantes filles du royaume.
Belphégor fit ainsi son apparition dans la démonologie chrétienne comme objet de culte cherchant à dévier les fidèles de la véritable foi. Monstre hideux, il arbore une paire de cornes et une longue barbe. Les ongles de ses mains et de ses pieds sont acérés et il est souvent représenté la bouche ouverte, ce qui peut expliquer son nom, Phégor signifiant crevasse ou fente. De manière surprenante, il siège sur une chaise percée, l'ancêtre de nos toilettes (Il passe sa vie sur le trône, quoi) et passe pour réclamer les excréments de ses fidèles.
S'il fait partie des sept démons associés aux péchés capitaux et représente celui de la paresse, Belphégor est avant tout le démon des découvertes et des inventions ingénieuses. Prenant le corps d'une jeune et belle femme, il séduit les hommes en leur promettant un enrichissement facile et les fidélise à son culte en leur inspirant des idées géniales.
/Spawy
Lucifer
C'est par l'orgueil, dont il a lui-même été la victime, que Lucifer tente les hommes.
Comme Satan, il était un ange avant de choir dans les ténèbres. Au sommet de la hiérarchie angélique, il avait été baptisé Porteur de lumière, en raison de sa haute compréhension de la volonté divine. Doté d'une beauté éclatante et d'un total libre arbitre, il avait pour mission de transmettre à ses congénères l'intelligence de Dieu, et il tirait de cette haute fonction une grande fierté. Il condamnait par ailleurs la rébellion orchestrée par Samaël, devenu Satan depuis sa déchéance. Mais la décision de Dieu de se faire homme, de naître de la femme et de se sacrifier sur la croix lui parut incompréhensible. Lui qui admirait son créateur ne supporta pas de le voir descendre sur Terre pour sauver une espèce pécheresse, et le doute s'installa en son coeur, pour enfler jusqu'à devenir une question terrible : et si Dieu était en train de commettre une erreur ?
Progressivement, la dévotion de Lucifer s'affaiblit. Il ne parvenait plus à accepter chacune des décisions divines comme nécessaire et incontestable, et l'idée qu'il puisse être plus intelligent que Dieu commençait à germer dans son esprit. Il se voyait beau, il se voyait brillant, et il se voyait respecté par les autres anges, alors il se crut plus puissant que son créateur. Comme il était libre et bénéficiait de la confiance de Dieu, Lucifer prit un jour la décision de quitter le jardin d'Eden et de former un groupe d'anges indépendants. Mais à l'instant où il quitta la protection divine, son corps changea. Ses cheveux se changèrent en serpents mouvants, des ailes noires de chauve-souris lui poussèrent et son si beau visage devint laid.
"Te voilà tombé du ciel, astre brillant, fils de l’aurore !
Tu es abattu à terre,toi, le vainqueur des nations !
Tu disais en ton coeur : je monterai au ciel, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu;
Je m’assiérai sur la montagne de l’assemblée, à l’extrémité du septentrion;
Je monterai sur le sommet des nues, je serai semblable au Très-Haut."
(Esaïe 14:12-14)
De Porteur de lumière il passa à Prince des Ténèbres, et on éleva Jésus-Christ comme le seul véritable porteur de lumière. Cette insulte à sa grandeur excita sa haine. Il décida alors de se venger de Dieu, qu'il ne voyait plus que comme un tyran l'ayant injustement humilié, en encourageant les hommes à agir comme il l'avait fait. Il aiguisa leur orgueil dans l'espoir de jeter à bas le Tout Puissant et s'allia à Satan, pour l'instant sans succès. Il fomente encore inlassement des plans pour reprendre le Paradis dont il fut chassé.
/Spawy
Les Naïades
Filles de Zeus, les Naïades sont les nymphes des sources, fontaines et rivières ; de manière plus générale, de l'eau douce. Ce sont elles qui leur donnent naissance en frappant le sol de leurs pieds ou en pleurant. Elles veillent ensuite à leur entretien et peuvent éventuellement les assécher. Leur nom provient du grec "naiein" qui signifie "couler". Elles représentent l'élément liquide en ce qu'il abreuve, rafraîchit, et nourrit la terre. Certains auteur en font les mères des Satyres et des Silènes.
Les Naïades sont divisées en cinq catégories selon le lieu dont elles s'occupent : les Crénées gèrent les fontaines, les Héléades les marais, les Limnades les lacs, les Pégées les sources et enfin les Potamides vivent dans les rivières. Elles sont peintes jeunes et jolies mais ce n'est pas cela qui les empêche de vivre bien plus longtemps que nous. Ces nymphes en effet, si elles ne sont pas immortelles, auraient une durée de vie moyenne de 9 620 ans selon Plutarque - c'est assez précis. Elles apparaissent souvent les jambes et les bras nus, accoudées sur une urne pleine d'eau ou tenant un coquillage et des perles. Une couronne de roseau ou d'algues peut également orner leur longue chevelure argentée.
Les Naïades passent pour avoir des talents de guérisseuses et les malades, sachant cela, venaient boire l'eau de leur source. Mais - car il y a un mais - les Naïades considèrent le fait de se baigner dans leur point d'eau comme un sacrilège. Tacite (Annales 14, 22, 8) raconte qu'un tel bain valut à Néron infamie et péril : il aurait traversé à la nage la source d’où l’eau Marcia était amenée à Rome, et ainsi aurait souillé des eaux consacrées. L’indisposition qui suivit aurait confirmé la colère des dieux. De manière générale, la simple vision d'une Naïade est une chose risquée. Elle peut déclencher une folie passagère qui conduit parfois à la noyade. Toutefois il convient de remarquer que de nombreuses Naïades furent les amantes ou les mères de héros.
Le culte des Naïades était essentiellement champêtre et ne s'étendait pas jusqu'aux villes. On leur offrait sur leurs autels des agneaux, des chèvres, du vin, du miel et de l'huile.
/Spawy
Légende du Bossu de l'Île d'Orléans
"L’île d’Orléans a la réputation depuis fort longtemps d’abriter des sorciers et des lutins. La nuit, ceux-ci y font la fête, entraînant dans la danse les promeneurs qui viennent à passer par là."
Cécile Gagnon
Habitait à Saint-Jean-de-l’Ile un homme prénommé Gosselin. C’était un bossu, mais aussi un brave et beau garçon, toujours de bonne humeur et prêt à rire. De plus, c’était un bon violoniste et tout le monde le voulait pour ses fêtes et veillées d’hiver. Et, malgré le fait que son violon ne fût pas des meilleurs, il en jouait avec tant de mesure et d’entrain qu’il enlevait son monde.
D’ailleurs, on lui servait à boire pour lui donner des forces et il en usait. Imaginez dans quel état il se trouvait à la fin de ces soirées.
Ce soir-là, Gosselin avait bu plus que de raison. Il partit tard à cause de la bonne compagnie et de l’accueil charmant. Il partit vaillamment mais il sentit vite l’effet de la fatigue et de l’alcool et du se reposer un peu. Il choisit une petite clairière et s’endormit tout de suite.
Il fut réveillé par un bruit étrange, comme si une troupe de soldats traversait le chemin. Avec la position des étoiles, il constata qu’il était minuit. Puis, au clair de lune, il aperçut des lutins dansant joyeusement en ronde et chantant.
Il essaya de partir discrètement, mais les lutins l’entourèrent rapidement. Ils lui demandèrent de mettre en musique leur chanson pour pouvoir danser sur le son du violon. Gosselin accepta avec sa bonne humeur habituelle. Les lutins lui promirent donc une récompense.
Rassuré par leur cordialité et émoustillé par l’appât de la récompense, il guida la ronde des lutins. Le jour commença à arriver ce qui arrêta leur danse. L’un des lutins demanda à Gosselin ce qu’il voulait pour sa récompense : la fortune ou la beauté. Il aurait pu demander de l’argent, mais il gagnait bien sa vie et était de goût assez modeste. Cependant, une jeune femme du nom de Perrine lui plaisait, mais il ne pouvait l’épouser à cause de sa bosse. Il de manda donc à ce qu’on lui enlève sa bosse. Les lutins lui dirent adieu et il les remercia chaleureusement.
Gosselin rentra chez lui. Arrivé devant sa porte, surgit le menuisier Louis Bigras. Il lui demanda ce qu’il avait fait de sa bosse. Gosselin lui raconta sa rencontre avec les lutins. Bigras félicita Gosselin et lieu d’aller jaser avec les compères du village, il échafauda un plan.
Le soir même, Bigras se rendit à la clairière avec un flageolet (une flûte) dont il jouait parfois pour lui-même. Il trouva les lutins, les fit danser jusqu’à l’aube et la même question lui fut posée. Bigras leur demanda de lui donner ce dont Gosselin n’avait pas voulu. Il pensait recevoir la fortune, mais il eut la bosse. Il rentra chez lui et croisa Gosselin qui se moqua de lui. Tremblant de colère, il retourna voir les lutins le soir même pour une explication. Les lutins se moquèrent de lui et commencèrent à danser autour de lui. Fou de rage, il essaya de les frapper avec son flageolet. Mais son bras demeura en l’air, figé, sa voix s’étrangla dans sa gorge, il sentit ses pieds prendre racine, sa peau se durcit et se fendilla comme l’écorce des arbres, ses bras s’allongèrent en forme de branches.
Depuis, on peut observer un arbre tout racorni, bossu et complètement sec, avec au bout d’une branche, le flageolet. C’est ainsi qu’à partir de ce jour, l’endroit fût connu sous le nom de l’Arbre Sec. Sur ces lieux existent aujourd'hui deux moulins nommés l'Arbre Sec et Gosselin.
|Hellfire|
Le Chupacabra
Le Chupacabra, dis-je, est un prédateur nocturne, de type vampirique (s'il existe une réelle classification sérieuse sur le sujet), qui se nourrit essentiellement de sang animal, particulièrement ovin et bovin. Il serait surnaturellement discret et prodigieusement fort, deux caractéristiques que l'on préfère ne pas retrouver chez ses ennemis. Cependant la vie est une p*te.
Originaire d'Amérique latine, il s'agirait d'un immense chien aux canines effilées, grotesquement longues, arborant des pointes sur le dos (probablement en kératine), un poil très ras (ou absent?) et des yeux rouges brillants. On lui attribue aussi parfois des oreilles de chauve-souris. Les descriptions sont cependant assez confuses, puisqu'elles sont incroyablement variées et qu'on parle seulement d'apparitions. Sans compter le nombre de bergers qui, en retrouvant leur bétail tué au petit matin, ont attribué le carnage au Chupacabra sans l'avoir vu. Et sans compter le sérieux pourcentage de menteurs ou d'illuminés, cela va de soi.
Il s'agit d'un mythe un peu particulier cependant, car devant l'affluence de témoignages et de photos prises sur le vif, et bien sûr le nombre d'attaques avérées sur le bétail, la communauté scientifique a décidé d'ouvrir l'hypothèse de son existence et de classer la créature en cryptozoologie (enfin un peu de sérieux). Certains ont prétendu l'avoir tuée et avoir ramené son corps. Mais il s'agissait souvent de gros chiens sauvages gravement galeux, ou de minables impostures. Enfin, peu de preuves sérieuses donc.
Peut-être.
/Un Vagabond
Le Satyre
Le faune romain et le satyre grec sont deux créatures mêlant l'homme au cheval ou au bouc. De manière générale ils arborent un torse humain lié à des pattes de cheval ou de chèvre. Leur tête est cornue, barbue, parée de longues oreilles pointues et d'un nez camus.
En Grèce Antique le satyre est le frère des nymphes des montagnes. Il est de plus en plus représenté aux côtés du dieu du vin Dionysos à partir du VIème siècle. Initialement décrit comme n'étant bon à rien, il acquiert au fil du temps un caractère libidineux, grossier et parfois violent. Ses principaux passe-temps consistent à effrayer les paysans, s'enivrer, courir après les nymphes, et jouer de l'aulos, un instument plus proche du hautbois que de la flûte que le célèbre satyre Marsyas aurait, selon les versions, inventé ou récupéré après qu'Athéna s'en soit débarrassée. Le satyre s'associe également au dieu Pan, divinité cornue arborant des pattes de bouc, fils d'Hermès, et dont les activités sont proches de celles des satyres. Il faut noter que Pan ne s'est tourné vers les plaisirs de la chair que parce qu'il effrayait les femmes et ne pouvait trouver l'amour. Pan est indissociable de sa flûte, que lui aurait donné son père.
Les faunes romains sont physiquement plus proches de l'homme que ne le sont les satyres, et sont moins violents dans leurs histoires d'amour. On les retrouve souvent jouant de la flûte dans les profondeurs des bois. Ils passent pour être les descendants de Faunus, troisième roi d'Italie, protecteur des loups et dieu prophétique, qui était lui-même fils de Picus et petit-fils de Saturne.
/Spawy
Ps : Oublions un instant que le satyre voit essentiellement l'amour comme une affaire de viol avec cette très belle image, un peu trop romantique... ->