Attention, depuis 2018, l'Encyclopédie Fantastique a déménagé !

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Folklore Européen


Le Loup-Garou, ou Lycanthrope

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   Le mythe du loup-garou est sans doute l'un des plus célèbres de l'Histoire, et l'un des plus tenaces. La croyance, ou le souhait inavoué, d'être physiquement et mentalement proche des grands carnassiers est si profondément ancrée dans le psychisme de l'être humain que cette légende est loin de s'éteindre. Aujourd'hui encore il existe des personnes convaincues de se changer en loup. 

 

Le terme de "Garou" est dérivé du francique "Werwolf", qui se rapproche de l'anglais "Werewolf". Mais les loup-garous sont également connus sous l'appellation "Lycanthropes", qui elle dérive du grec. La lycanthropie est la capacité, choisie ou reçue des suites d'une malédiction, de se transformer en gigantesque loup. Elle est présente dans les mentalités depuis l'Antiquité Grecque (Hérodote raconte en 400 avant J.C. comment un peuple d'Europe centrale se transformait en loup deux jours par an) mais se généralise en Europe autour du Moyen-Âge, grandissant dans un climat fertile de méfiance envers les loups. Les attaques de loups enragés sont alors un phénomène épisodique mais généralisé, qui fait naître dans l'imaginaire collectif un lien entre cet animal et le diable. Bien avant la crainte de la Bête du Gévaudan, c'est donc la peur des loup-garous qui se répand. Ainsi, entre 1500 et 1700, environ cent mille personnes sont condamnées comme loup-garou et brûlées vives en Europe. 


Ce fut le cas de Peter Stubbe, un fermier allemand. En effet, à la fin du XVIème siècle, un loup féroce dévastait la région de Cologne et Bedbourg, et la bête laissait sur son passage des membres sanglants d'hommes, de femmes et d'enfants (attention aux âmes sensibles). En 1590, l'animal fut capturé alors qu'il tentait de mordre au cou une fillette et l'on découvrit alors à la place d'un canidé, un homme. Peter Stubbe avoua alors s'être adonné à la magie noire et avoir reçu du diable une ceinture en beau de bête qui lui offrait le pouvoir de se changer en un loup féroce et avide de sang. Pendant des années il avait massacré des chèvres, des moutons, mais surtout avait tué et dévoré quatorze enfants et deux femmes enceintes. L'un des enfants était son propre fils. Peter Stubbe fut condamné à mort pour lycanthropie, cannibalisme, meurtre et inceste, et subit une suite de tortures qui se voulaient à l'égal de celles qu'il avait infligées à ses victimes en leur arrachant le cœur et en dévorant leur cerveau. Il subit le supplice de la roue, fut écorché vif, et vit ses membres cassés à coups de maillet. Il fut finalement décapité et brûlé avec sa fille et sa gouvernante, avec lesquelles il avait eu des rapports sexuels. 


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Selon la croyance la plus répandue, le loup-garou est un homme ou une femme qui subit à chaque pleine lune une transformation totale en loup. Mais il existe quelques variantes. Si le lycanthrope peut être simplement un loup de très grande taille, il peut également être cynocéphale (conserver un corps humain mais arborer une tête de loup) ou se tenir debout sur ses deux pattes arrières. Il est également possible qu'il n'ait pas de queue. Mais dans chacune de ces versions différentes, le lycanthrope reste fou de chair fraîche, dangereux, et possède force et agilité. 
Il existe un grand débat autour du lien entre la forme loup et la forme humaine du loup-garou, la question étant la suivante : les blessures que subit le loup affectent-elles l'être humain ? Les partisans du phénomène de répercussion sont d'avis que oui. En revanche pour d'autres, la forme loup n'est qu'un double de l'homme qui ne peut en aucun cas l'affecter. L'homme resterait allongé tandis que son âme s'emparerait du corps d'un animal. 

L'acquisition du pouvoir de transformation peut être volontaire ou non. Elle est souvent désignée comme l'oeuvre du diable, et si certains subissent ses malédictions et se transforment en fonction de la lune, d'autres en appellent expressément à lui dans le but de satisfaire leur désir de chair humaine. Suite à un rituel satanique, le futur loup-garou reçoit une peau complète ou une ceinture en peau de loup qu'il lui suffit de revêtir après avoir abandonné ses vêtements humains. Pour reprendre sa forme humain, le loup-garou doit retrouver ces vêtements et se changer. 
Pour guérir un loup-garou de cette nature il suffit de trouver et brûler la peau ou la ceinture. En revanche pour les personnes maudites, un exorcisme est nécessaire. C'est donc avant tout le feu et la foi qui sont utilisés dans la lutte contre les lycanthropes, la célèbre sensibilité du loup-garou à l'argent et aux crucifix n'étant qu'une invention récente ! En effet, elle n’apparaît qu'au XIXème siècle.

 

 


/Spawy


17/07/2014
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La Garache

garache.jpg   La garache est une version féminine du célèbre loup-garou qui appartient au folklore français. En Vendée et dans le Poitou elle est une femme ayant commis un crime qui, durant la nuit, se verra prendre l'apparence d'une louve. Son châtiment durera plus ou moins longtemps en fonction de la gravité de l'acte qui en est la cause. Contrairement aux loup-garous mâles qui conservent sous forme humaine les blessure infligées au loup, les garaches reprennent leur apparence originelle en cas de blessure. Faire couler leur sang est donc le moyen le plus sûr de congédier le mal, et pour cela rien de meilleur que les armes bénies.

 
A Aizenay on raconte qu'un homme ayant souhaité suivre sa femme, garache, s'était enduit de graisse magique et avait prononcé une formule censée le mener à elle. Il se trompa légèrement dans la prononciation et atterrit dans un buisson d'épines, sous forme de loup. Mais en voyant sa femme sauter une rivière d'un bond, il eut le malheur de s'écrier "Jésus !", formule qui lui retira sa forme magique et l'obligea à rentrer à pied.

 

 


/Spawy


26/06/2014
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La Bête du Gévaudan

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   Aujourd'hui nous allons trembler un peu avec un mythe célèbre entourant une suite de meurtres.


Entre le 30 juin 1764 et le 19 juin 1767, plus d'une centaine d'attaques mortelles sont recensées dans le nord du Gévaudan, qui correspond à la Lozère actuelle. Cette série de meurtres dépasse bien vite le statut de fait divers et, puisqu'elle met en péril l'image du pouvoir absolu de Louis XV, mobilise les troupes royales. Homme, loup dressé pour l'attaque, ou homme-loup : toutes les hypothèses au sujet de l'assassin se développe. Certains parlent même de châtiment divin. La psychose s'empare des habitants jusqu'en Auvergne, où le coupable semble se rendre après avoir été chassée du Gévaudan par des battues. Une centaine d'articles sont publiés en quelques mois au sujet de "la Bête du Gévaudan".


Avant la fatidique date du 30 juin qui verra une jeune fille de quatorze ans perdre la vie, plusieurs attaques non mortelles sont déjà déclarées. Les témoins et les victimes parlent alors d'un animal de la taille d’un très gros loup, couleur café brûlé avec une barre plus foncée sur le dos, les flans rouges, le ventre d’un blanc sale et la tête fort grosse, ayant de plus la queue couverte de poil, plus longue que celle d'un loup, et retroussée au bout. L'animal planterait ses crocs dans les bras ou dans la nuque de ses victimes.

Après le 30 juin, les décès se multiplient sans que les soldats du Roi ne puissent rien et partout où la Bête passe, des cadavres décapités sont retrouvés. La coupure de leur tête est toujours franche et précise, et certains corps sont dénudés. Le 31 décembre 1764, l'évêque de Mende et comte de Gévaudan lance un appel aux prières et à la pénitence, arguant que la Bête est la main de "la justice de Dieu". Mais le 12 janvier 1765, elle s'en prend à nouveau à sept enfants qui font alors preuve d'un grand courage en se défendant à coups de lame, et parviennent à la repousser. Les attaques donnent également lieu à un autre acte de bravoure le 11 août, lorsque "la Pucelle du Gévaudan" comme elle sera surnommée, parvient à planter une lance dans le ventre de la Bête. Une Bête qui semble immortelle.


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En septembre 1765 François Antoine, lieutenant des chasses de Louis XV et meilleur fusil du royaume, amène la dépouille d'un immense loup à Versailles. Officiellement alors, la chasse à la Bête du Gévaudan cesse, et François Antoine obtient le droit de porter un loup mourant dans ses armes. Pourtant, il sera révélé des dizaines d'années plus tard que le lieutenant avait manigancé de toutes pièces cette soi-disant traque de la Bête, après avoir repéré un gros loup qui pouvait faire l'affaire.
Les meurtres reprennent jusqu'au 19 juin 1767, jour où Jean Chastel tue un second animal d'un coup de fusil. Celui-ci pèse 109 livres et arbore un crâne plus large que celui d'un loup, ainsi qu'un museau plus court. Passée cette date, plus aucune attaque de la Bête n'eut jamais lieu, et huit jours après la mort de la Bête, sa louve fut elle aussi abattue par Jean Terrisse.

 

 


/Spawy


26/06/2014
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La Faucheuse

   Bonsoir messieurs, mesdames, mes demoiselles... On vous avait dit que j'avais rejoint la douce et paisible étreinte de la mort. Techniquement, c'était vrai... Mais je reviens enfin vers vous, et quoi de plus naturel pour mon retour, que de vous parler de cette charmante femme. Que vous lisiez cette prose ou pas, n'ayez crainte, vous aurez bien l'occasion de faire sa connaissance un jour.

 

La représentation de la mort telle qu'on la connaît est un psychop- Oui, non, pas d'introduction, si vous en voulez une, allez voir sur la page Facebook. Un psychopompe, dis-je ! Le psychopompe est une figure mythique prenant diverses formes et qui a pour mission sacrée d'accompagner les âmes des défunts dans l'au-delà auquel elles sont rattachées. La mort dont nous parlons aujourd'hui est la vision « moderne » de celle-ci, autrement dit, une figure squelettique, drapée d'un grand linceul noir, portant une faux. Bien que la faux puisse être datée de l'Antiquité (visible par exemple dans la poigne cruelle de ce vieux Cronos), le squelette, nu ou pas, est une vision du moyen-âge très répandue, notamment, en Italie. Sous cette forme, la mort est appelée « la faucheuse », le symbole représentant une figure divine inexorable qui viendra à la rencontre de chacun, au jour de la moisson de son âme.

 

Son origine ? Il serait assez farfelu de chercher la racine de cette allégorie, puisqu'il s'agit du phénomène le plus naturel du vivant. Nous, créatures de chair, serons tous amenés à mourir un jour. Et il n'aura pas fallu de nombreuses années d'Histoire avant que, couplée à notre esprit humain, nous en fassions une figure mythique aussi puissamment ancrée dans nos civilisations. Il ne s'agit pas vraiment d'une créature fantastique, certes. Cette figure est avant tout une allégorie. Mais où s'arrête la personnification du naturel et où commence le mythe ? Elle a autant de formes, de représentations et d'images possibles, que sa présence dans les mythes, les légendes, les prophéties et les religions l'ont hissée au rang de personnage mythologique. Bien souvent associé au temps d'ailleurs, mais je digresse.

 

*La mort et le bûcheron, Léon Lhermitte, 1893*

 

Cet article reste court, peut-être sera-t-il complété un jour, tant il y a à dire. Concluons cependant ceci : « La faucheuse » est un personnage qui a comme point commun avec toutes les créatures que j'ai aimé traiter avec vous, d'avoir grandement évolué dans le temps et d'avoir eu des aspects différents en fonction du lieu où elle a été imaginée. Qu'elle soit Anubis, Azraël, Thanatos, Hel ou Shinigami, la mort est partout et frappe chacun. Vous aussi, vous avez une version de son visage dans votre imaginaire plus ou moins influencée par notre vision occidentale. Voici sa caractéristique, elle a autant de visages qu'il n’existe de personnes pour l'imaginer. Elle est universelle, et à la différence de toutes les figures traitées sur ce blog, elle existe, et vous la rencontrerez un jour.

 

En tous cas, moi, elle me manque déjà.

 

 

 

/Un Vagabond Immobile

 

 


26/04/2018
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L'Alchimie : Homoncules et Ouroboros

   Bien le bonjour, chers amis. Aujourd’hui, nous finissons le chapitre de l’alchimie avec un article deux-en-un. Nous allons parler des homoncules et de l’Ouroboros. Oui, cette introduction est courte (mais intense !).

 

Un homoncule, ou homonculus, ou homuncule, est un être humain artificiel créé par alchimie (évidemment, sinon on n'en parlerait pas ici). Il se présente comme un homme quelque peu difforme et étrangement petit. Bien évidemment, la description de sa forme change un peu avec le temps et diffère selon l’auteur. Mais l’idée générale est celle d'un petit être bizarre, qui choque car il est trop ressemblant et à la fois trop différent d’un véritable être humain (un peu comme les robots trop réalistes). C’est Paracelse, un médecin suisse, qui donne le premier la recette de fabrication d’un homoncule : il faut faire pourrir du sperme dans une fiole scellée et le couver pendant 40 jours en attendant un mouvement. Ensuite, il faut le nourrir pendant 40 semaines avec de l’Arcanum de sang humain (grosso-modo du sang humain raffiné), après quoi, on aura un petit être à forme humaine.

Encore une fois, on peut faire un parallèle avec les homonculus de Fullmetal Alchimist. Selon FMA Brotherhood, le premier homonculus fut créé à partir de sang humain dans une fiole scellée. Il explique d’ailleurs, l’homonculus, que ce nom veut dire « le petit être de la fiole ». Ai-je vraiment besoin de préciser quels sont le lien et la référence ? La figure de l’homoncule a évolué dans le temps et on imagine aujourd’hui l’homoncule comme une création que l’on veut rapprocher de la perfection. Celui qui désire créer un homoncule cherche à concevoir un être humain parfait et immortel, ce qui se rapproche encore de la description proposée dans FMAB.

 

Et c’est là que l’on enchaîne avec le deuxième sujet. En effet, l’Ouroboros est un signe très ancien : un serpent ou un dragon qui se mord la queue. Son nom vient du grec, qui se dit de la même façon qu’en français et qui signifie « qui se mord la queue » (aaah… imagination, quand tu nous tiens !). La plus ancienne représentation de l’Ouroboros que l’on connaisse est égyptienne (on y revient toujours finalement) et symbolise la limite entre le monde ordonné et Noun, le chaos. Elle illustre également ce qui sépare et réunit les deux : pour ce qui est du monde ordonné l'Ouroboros représente le cycle du temps, pour le chaos il représente l’éternité. Ainsi, le signe se répandant assez bien au fil des siècles et des civilisations, on ne tarde pas à associer l’Ouroboros à l’immortalité. Encore un élément qui est présent dans FMA puisque les homoncules, immortels, ont tous un tatouage d’Ouroboros.

On doit son introduction en alchimie au premier alchimiste occidental, un grec nommé Zosime de Panopolis, qui avait aussi traité des homoncules mais que j’ai éludé parce qu’il est très ésotérique dans ses écrits. Zosime est d’ailleurs celui à qui l’on doit une formule célèbre : « Un est le Tout, par lui le Tout et vers lui retourne le Tout ; et si l'Un ne contient pas le Tout, le Tout n'est rien », que vous connaissez certainement dans sa reformulation : « Un est Tout et Tout est Un. ». Cette formule est, pour ainsi dire, l’essence-même de l’Ouroboros, le cycle sans fin de la vie et de la mort mais aussi celui qui se fait à chaque instant entre le monde et ses parties. En effet, selon cette maxime, le monde ne peut être qu’à travers ses parties et les parties du monde sont le monde. Je vous laisse 4 heures pour une dissertation ou ne serait-ce que pour comprendre ?

 

 

Bref, voilà qui conclut notre petit chapitre alchimique. Il a mis beaucoup de temps à parvenir à sa fin malgré sa petitesse, mais que voulez-vous ? Il n’était pas aisé d’écrire mon mémoire et mes articles en même temps. Mais comme vous pouvez le voir, je suis de retour dans la course ! Je vous dis à bientôt et n’oubliez pas, messieurs, qu’il ne faut pas tenter de se mordre la queue, ça fait mal !

 

 

 

/Le Prof

 


22/06/2017
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L'Alchimie : Nicolas Flamel

   Bien le bonjour, chers amis. Aujourd’hui, point de troll comme la dernière fois. D’ailleurs, en dédommagement de ma bassesse, je vais vous présenter une fierté française. Sans plus attendre, parlons du plus célèbre des alchimistes : j’ai nommé Nicolas Flamel.

 

Nicolas Flamel, c’est le type qui aurait découvert la pierre philosophale. Rien que ça. Vous voyez à quel point il pose ses testiboules sur la table d’alchimie. Il est connu pour sa grande intelligence quant aux choses de l’alchimie mais c’est bien pour la découverte de la pierre qu’il est passé à la postérité. Il est tellement célèbre qu’il est une figure emblématique d'à peu près la Terre entière. On le retrouve partout où l’on peut entendre les mots d’alchimie ou de pierre philosophale. Pour prendre un exemple parlant, on le retrouve dans la culture occidentale avec Harry Potter (qui ne manque pas de nous rappeler dans le premier opus qu’il est l’inventeur de la pierre) mais aussi dans Fullmetal Alchimist, à l’autre bout du monde chez nos amis nippons. Dans FMA, il n’est pas fait mention de lui, pas même comme inventeur de la pierre. Non, l’hommage est plus discret puisqu’il s’agit du signe sur le manteau d’Ed (le perso principal) qui s’appelle le Flamel. C’est presque de la poésie non ?

 

Bref. Nico, il roxe sévère du poney. Maiiiiis… Pourtant il n’a jamais été alchimiste. Nicolas Flamel est bien une personne qui a existé. Il a vécu au quatorzième siècle en France, plus précisément à Paris. C’était un garçon d’assez basse extraction (pas trop non plus, on dirait aujourd’hui qu’il était de classe moyenne) qui commença comme copiste et enlumineur (il copiait et décorait les livres) puis qui devint libraire. Il était un fervent catholique. Mais il aimait peut-être une chose plus que Dieu : l’argent. Il se maria avec une dame bien dotée qui aimait aussi beaucoup l’argent. Ils n’étaient pas de la noblesse, mais bon sang qu’ils se faisaient du fric les sagouins ! Néanmoins, ils n’étaient pas, comme un couple de dragons, affalés sur leur or. Non, il fallait suivre quand même la morale chrétienne. Aussi, ils n’hésitaient pas à dépenser des fortunes dans l’immobilier, à construire des orphelinats, des maisons et autres. Bon, comme le dit l’autre : charité bien ordonnée commence par soi-même. C’est pourquoi toutes les bâtisses qu’ils firent construire étaient décorées à leurs frontons de gravures représentant le couple Flamel, du genre qui disent : si t’as un toit, c’est grâce à nous et à notre bling ma gueule ! Leur affaire se faisant, le petit Nicolas tenta la politique. Comme il n’était pas bien vu par les autres politiciens (parce que franchement, il restait aux yeux des nobles un pécore, bien qu’il était aussi riche qu’un noble, sinon plus), il se vit taxer d’alchimiste, d’impie qui pratiquait des expériences interdites qui frôlaient la magie et donc l’hérésie (il était super catholique je vous rappelle). Et c’est dans le lot de ces insultes qu’apparut la création de la pierre philosophale, seul moyen d’expliquer la fortune du bonhomme. Bah oui, il devait forcément changer le plomb en or pour être aussi riche alors qu’il n’était qu’un bouseux !

 

Donc, le plus célèbre des alchimistes, qui est français et qui est une source de fierté chauvine n’est en fait qu’un petit gars fortuné qui dérangeait la haute société de l’époque. Tenez, voici un verre pour ramasser votre sel.

 

Bon, eh bien ma foi, je vais vous laisser là pour l’instant. Je vous dis alors à bientôt pour un retour sur une autre mythologie (car j’aime bien les allers-retours). Quoi ? Un indice ? D’accord : grenouille.

 

 

 

/Le Prof

 


08/06/2017
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L'Alchimie : La Panacée

 

  Bien le bonjour, chers amis, après une bien trop longue absence de ma part. Aujourd'hui, nous replongeons dans l'univers de l'alchimie avec, comme je l'avais annoncé, le pendant liquide et spécialisé de la pierre philosophale : la panacée universelle.

 

La panacée kékécé ? La panacée, ou panacée universelle, est un remède alchimique qui soigne tout, d'où l'« universel » de la panacée. Si vous êtes malade d'un rhume ou d'un cancer, en passant par la cirrhose du foie (oui, c'est un mot qui peut rapporter des points au scrabble) un peu de ce remède et vous voilà  requinqué comme un jeune.

Pourquoi ce nom de panacée ? Le nom de ce remède vient de celui de la déesse grecque Panacée, qui est la déesse de... la guérison ! Bien joué Billy ! (Si tu as hésité à  répondre, pose-toi des questions, tu as des problèmes.)

 

Non, voilà , c'est tout. Il n'y a pas grand chose à dire sur la panacée.

Sur ces mots, je vous dis au revoir pour un article plus consistant et un peu moins troll, et en attendant, rappelez-vous que la psychotropine se trouve dans le Haut Tibet !

 

 

 

/Le Prof

 


26/05/2017
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L'Alchimie : La Pierre Philosophale

   Bien le bonjour, chers amis. Aujourd’hui, nous allons replonger dans le monde merveilleux de l’alchimie avec l’un des deux objets les plus convoités de cette discipline : la pierre philosophale.

 

La pierre philosophale est connue principalement pour permettre la transmutation du plomb en or. Et c’est déjà un avantage certain qu’elle possède. En effet, le plomb, ça se trouve facilement et ce n’est pas la denrée minérale la plus rare de nos sous-sols. En revanche, l’or est rare et donc cher. Ainsi, avoir un outil permettant de changer de la quincaille en un métal aussi précieux est synonyme de richesse infinie. Vous me répondrez que j’enfonce des portes ouvertes tellement grandes qu’on a enlevé lesdites portes. C’est vrai, mais je me dois de le rappeler car c’est là la définition la plus partagée de la pierre. Mais les pouvoirs de cet artéfact ne s’arrêtent pas là. Elle est également capable de transmuter le vivant. C’est-à-dire que vous pourrez faire pousser vos plantations de cannabis presque instantanément en sa possession ou encore vous conférer une jeunesse éternelle en faisant régresser le vieillissement de vos cellules. Ou encore devenir un canon de beauté en faisant disparaître l’amas disgracieux de graisses et de cellulite de votre fessier moribond. Bref, vous l’aurez compris, cette pierre est à l’alchimie ce que le couteau suisse est à McGiver (#RéférenceDeVieux). Et c’est cette définition que retient l’anime Fullmetal Alchemist. La pierre philosophale permet la transmutation inconditionée.

 

 

Et là, je fais un point Bertrand Renard (#RéférenceDeTrèsVieux). Je parle de transmutation, mais c’est quoi la transmutation ? Ce que j’appelle « transmuter », c’est un procédé de transformation d’un objet quelconque en un autre de nature différente. Cette transformation s’opère au niveau atomique (pour les plus pointues) ou aux niveaux moléculaire ou cellulaire. Par exemple, c’est le fait de réarranger les atomes d’une pièce de plomb pour en faire une pièce d’or, ou casser les molécules du corps pour ne garder que du carbone à la surface qui, selon son arrangement, peut être aussi friable que du crayon ou aussi solide que du diamant. Dans notre monde, c’est une opération qui demande du temps et de nombreuses manipulations chimiques alors que l’anime Fullmetal Alchemist nous offre un processus beaucoup plus sexy : tracer une formule cyclique et y mettre de l’énergie tectonique.

 

Aussi, les transmutations « réelles » sont fort limitées et ne permettent pas la plupart des exemples cités plus haut. Néanmoins, l’anime n’est pas dénué de valeur scientifique. L’alchimie n’est pas de la magie, c’est une science. Un alchimiste se doit d’être un bon physicien/chimiste et de connaître par cœur son tableau de classification périodique des éléments avant d’espérer tenter la voie alchimique. Et il y a une règle essentielle dans l’anime qui est une loi physique implacable dans le monde réel : l’échange équivalent. C’est-à-dire, pour faire simple, que si j’ai 15 atomes de carbone dans l’objet de base, je ne pourrai pas en faire un nouveau avec 16 atomes de carbone, sauf si j’en rajoute à partir d’un deuxième objet. Ce me semble être Lavoisier qui nous apprend que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Eh bien c’est ça, l’échange équivalent.

 

 

Donc, la pierre philosophale est une pierre qui permet la transmutation inconditionnée. Elle permet alors d’ignorer toute loi alchimique, et donc celle de l’échange équivalent. Elle peut créer à partir de rien. Par exemple, si vous avez une tranche de jambon, vous pouvez la transmuter en hélicoptère. Bref. Pour ce qui est de sa présentation, elle peut avoir plusieurs formes. Parfois, on la décrit comme une poudre, d’autres fois comme un liquide, d’autres encore comme une pierre. FMA nous la donne, quant à lui, comme une pierre parfaitement lisse qui prend une forme liquide lorsqu’elle est contenue. Dans tous les cas, une pierre philosophale est colorée d’un rouge profond, presque un rouge sang. Et l’anime prend le parti d’expliquer cette couleur, en un sens. On ne sait pas comment faire une pierre philosophale ici-bas, alors que dans le monde de FMA oui (je vous avais dit que l’univers FMA est beaucoup plus sexy). Si la création de la pierre tend à rester secrète, ce n’est pas par peur de quelque mauvais usage possible. Non, c’est la création elle-même qui est une atrocité. La pierre, aussi puissante soit-elle, n’est pas toute puissante. Elle est limitée par sa puissance. Et sa puissance découle de ses ingrédients. Ses ingrédients sont des êtres humains vivants. Vous voyez le problème maintenant ? Plus le nombre d’hommes consumés en pierre philosophale est grand, plus elle est puissante et dure longtemps. Vous imaginez un tel objet chez nous ? On aurait encore Hitler sur le dos avec ses millions de victimes. Oui, je suis arrivé au point Godwin. Joie.

 

Bref, voilà qui est dit pour la pierre philosophale. On verra au prochain article que l’autre artéfact convoité par l’alchimie se rapproche fort de la définition de la pierre. Mais on pourrait dire que c’est une sorte de pierre philosophale exclusivement liquide et très spécialisée dans son usage.

 

Dans tous les cas, je vous dis à la prochaine. Et souvenez-vous que tout ce qui brille n’est pas d’or ! Bisous.

 

 

 

/Le Prof

 


21/02/2017
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L'Alchimie : introduction

   Mes chers amis, bonjour. Aujourd’hui, nous entamons une petite série d’articles sur, non pas des créatures, non pas seulement des objets mythiques, mais sur une discipline. Cette discipline, vous la connaissez sans doute tous au moins de nom. Si je vous dis qu’elle est l’exemple phare (avec l’astrologie) de tous les professeurs qui veulent montrer ce que c’est qu’une science par rapport à ce qui se veut science sans en être ? Oui, cette phrase est longue, donc si je vous dis plutôt Fullmetal Alchemist ? Vous l’aurez compris, nous allons causer Alchimie !

Je ne peux pas parler de pierre philosophale, de transmutation et tout le tintouin sans poser au moins ce qu’est l’alchimie à la base. L’alchimie existe en orient depuis le IVème siècle avant J-C en Chine. L’alchimie occidentale commence en Egypte au début de notre ère (un peu avant ou un peu après le plus célèbre des « fils de » de l’Histoire). Si en orient ça se maintient relativement bien (et encore), en occident, c’est vite le bordel, chaque culture ayant une alchimie qui lui est propre et tout un tas d’autres bêtises du genre. Les différences se font surtout sur deux plans : l’époque et la conception de la science. En effet, on ne faisait pas de l’alchimie au premier siècle comme on en faisait au XVIIIème (l’évolution des instruments, de la technique, des découvertes, etc.). Et si je parlais de la science, c’est parce que l’alchimie a été considérée comme une science jusqu’assez tard. Le déclin de l’alchimie s’effectue au cours du XVIIIème siècle. Jusqu’alors, on pouvait écrire cette équation : alchimie = chimie. L’alchimie n’était donc pas une science comme nous la connaissons aujourd’hui, mais c’était un synonyme de chimie, qui alors avait une part un peu plus mystique en elle.

Je ne vais pas vous le cacher, cette série me déprime avant même de commencer. Ce n’est pas que je la fasse à contrecœur, non. Je pensais revenir à quelque chose de simple après la mythologie égyptienne, mais rien qu’en voyant l’article Wikipédia, je me rends compte que c’est un bordel monstre. C’est pourquoi, au risque de vous frustrer, je vais rester sur une zone très limitée de l’alchimie. Le plan de route est très simple et assez court : nous nous intéresserons grosso modo à trois choses : la Première Matière, l’élixir de longue vie et le plus célèbre des alchimistes français, le tout en essayant de mettre nos observations en rapport avec une œuvre culte qui prend l’alchimie pour base de son univers : Fullmetal Alchimist (la version brotherhood).

 

Sur ces mots, je vous dis à bientôt pour la suite. Et n’ayez crainte, si vous n’apprenez pas grand-chose ici, la suite se fera plus instructive.

 

 

/Le Prof                                                                               *peinture de Jan van der Straet intitulée « Le laboratoire de l'alchimiste » (1551)*

 


26/01/2017
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Les Elfes comme Elémentaux

   Suite à nos articles concernant les elfes de la mythologie nordique et ceux des ouvrages de Tolkien, je vous avais promis de revenir à ces créatures pour les aborder avec un regard bien différent. Et c'est ce que nous allons faire aujourd'hui dans un article qui risque d'être relativement long puisqu'il va nécessiter une mise au point sur une classification particulière des êtres surnaturels : la classification selon les éléments. Air, Terre, Feu et Eau répartissent en quatre catégories ce que Paracelse appelle les hommes sans âme. Il s'agit de créatures imaginaires directement issues de ces éléments, ou par extension entretenant un lien fort avec l'un d'entre eux.

 

paracelse.jpgParacelse, dont le véritable nom mérite qu'on le cite puisqu'il s'agit de Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim (rien que ça), est connu comme médecin, philosophe, alchimiste et théologien laïque. Né en 1493 en Suisse et décédé en 1541 en Autriche, il fonde la toxicologie et révolutionne la médecine en s'appuyant sur les quatre principes de philosophie, d'astronomie, d'alchimie et de vertu. Mais ce n'est pas ici ce qui nous intéresse. Vous avez peut-être remarqué en visionnant le premier volet des Animaux Fantastiques, sorti il y a peu de temps, une allusion à cet homme de science (auquel cas, bravo, vous avez l'esprit vif et l'oreille aguerrie). Et en effet, Paracelse n'est pas étranger à l'étude de nos bestioles favorites. Il est connu comme le principal penseur de la théorie des élémentaux. Mais laissons lui la parole pour un temps :

 

« Le mot inanimatum désigne six familles d'hommes sans âme… Ces hommes sans âme sont d'abord ceux des quatre familles qui habitent les quatre Éléments : les nymphes, nymphae, filles de l'eau ; les fils de la terre, lémures, qui habitent sous les montagnes ; les esprits de l'air, gnomi ; les génies du feu, vulcani. Les deux autres familles sont composées d'hommes qui sont également nés sans âme ; mais qui, comme nous, respirent en dehors des Éléments. Ce sont d'une part les géants et d'autre part les nains qui vivent dans l'ombre des forêts, umbragines

Il existe des êtres qui demeurent naturellement au sein d'un même Élément. Ainsi le phénix, qui se tient dans le feu comme la taupe dans ta terre. Ne soyez pas incrédules, je le prouverai ! Quant aux géants et aux nains de la forêt, ils ont notre monde pour séjour. Tous ces êtres sans âme sont produits à partir de semences qui proviennent du ciel et des Éléments, mais sans le limon de la terre… Ils viennent au monde comme les insectes formés dans la fange [par génération spontanée]. »

- Paracelse, La grande astronomie. Astronomia magna (1537), trad., Dervy, 2000, p. 159-160.

 

Paracelse ne fait que reprendre là une idée d'origine byzantine, formulée par Michel Psellos, né en 1018 et mort en 1078. Le savant et théologien découpe en effet les démons en six catégories qui sont : les esprits ignés, aériens, terrestres, aquatiques, souterrains et ténébreux. Mais Paracelse développe son idée ; qui sera ensuite à nouveau complétée par Nicolas Pierre Henri de Montfaucon de Villars, abbé de Villars né en 1635 et décédé en 1673. Ce dernier met en correspondances démons et éléments, pour en conclure que les sylphes sont d'air, les ondins d'eau, les gnomes de terre, et les salamandres de feu :

 

« L'air est plein d'une innombrable multitude de peuples [les Sylphes] de figure humaine, un peu fiers en apparence, mais dociles en effet : grands amateurs des sciences, subtils, officieux aux sages, et ennemis des sots et des ignorants. Leurs femmes et leurs filles sont des beautés mâles, telles qu'on dépeint les Amazones… Sachez que les mers et les fleuves sont habités de même que l'air ; les anciens Sages ont nommé Ondins ou Nymphes cette espèce de peuple… La terre est remplie presque jusqu'au centre de Gnomes, gens de petite stature, gardiens des trésors, des minières et des pierreries… Quant aux Salamandres, habitants enflammés de la région du feu, ils servent aux philosophe. »

- Nicolas Pierre Henri de Montfaucon de Villars Le comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences occultes, 1670

 

Mais qu'en est-il de mes elfes ? Elfes ou sylphes, ces derniers étant une forme hybride d'elfe et d'ange étroitement liée à l'air, se présentent dans ce système comme des créatures ailées, gracieuses et évidemment fortement mobiles, ne mesurant pas plus d'un pouce de hauteur. Les élémentaux sont aujourd'hui conçus comme des gardiens de la nature, difficiles à percevoir car presque fondus dans leur environnement, mais non pas invisibles. Ils évoluent grâce au cinquième élément qu'est l'Ether et n'entretiennent de lien qu'avec un seul autre élément à la fois. Les elfes étant liés à l'air, il ne leur est donc pas possible de respirer sous l'eau, de vivre sous terre ou de traverser le feu, contrairement à d'autres créatures.

 

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Leurs minuscules corps sont légers et on ne pourra les apercevoir que comme une vague forme nuageuse au soleil couchant. Ceux qui sont assez clairvoyants pour les détecter évoquent un corps flou, bleu azur, auréolé d'une touche de rose. On dit que les formes perçues par les rêveurs dans les nuages sont leurs créations, et qu'avec un peu de volonté, on peut les forcer à dessiner ce qu'on aimerait voir.

 

Leur rôle est de veiller sur la photosynthèse et ils passent pour adorer la musique et émerveiller les oreilles de leurs chants célestes. Il s'agit d'esprit curieux par nature mais ne sachant faire la différence entre le bien et le mal, ce qui peut les rendre dangereux. En Allemagne, l'elfe est d'ailleurs perçu comme une créature espiègle responsable des épidémies qui touchent hommes et bétail.

 

Ce n'est pas le cas en Islande, pays dans lequel le Huldufolk, ou peuple caché, conserve une certaine importance culturelle. Une petite part des habitants de l'île affirme effectivement croire à son existence, et il arrive que des projets d'aménagement du territoire soient annulés pour préserver l'habitat naturel d'elfes, de trolls, de gnomes ou d'autres êtres difficilement visibles. Vous avez certainement entendu parler de l'Ecole des Elfes de Reykjavik, dans laquelle Magnus Skarphedinsson enseigne comment vivre en harmonie avec le peuple caché.

 

Le Huldufolk est constitué de créatures lumineuses de très petite taille, belles et minces, peuplant les rochers et les collines et répondant la plupart du temps au nom d'elfes. Elles sont soit bienveillantes, soit indifférentes aux hommes, contrairement aux elfes d'Allemagne. Seuls les trolls sont cruels, laids et stupides, mais il est possible de s'en protéger en leur offrant de la bière : ils sont sensibles à la boisson (comment ne pas les comprendre) et quand ils sont ivres, oublient de se cacher avant le lever du soleil, dont les rayons les changent en pierre.

 

J'espère vous avoir intéressés et que cette nouvelle définition des elfes vous aura plu. A très bientôt.

 

 

 

/Spawy

 

 


29/11/2016
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