France
Le Mermecolion, ou Fourmi-lion
Bien le bonjour mes chers élèves. Aujourd’hui, nous allons faire cours de langue, de géographie et de biologie. Aujourd’hui, nous parlons du Mermecolion.
Le Mermecolion, ou Fourmi-lion, est une étrange créature de notre bestiaire. Gros comme un chien, il possède un corps de fourmi noire et une tête de lion aux dents noires. Il est né de la fécondation d’œufs de fourmi par de la semence de lion tombée dessus. Il récupère de ses deux parents, outre son apparence, leurs habitudes alimentaires. Ainsi, la tête mange de la viande que le corps ne peut digérer. Eh oui, le lion est carnivore et la fourmi herbivore (chut, je sais c’est assez grossier mais c’est pour bien comprendre le bazar). Du coup, le fourmi-lion meurt assez rapidement. Oui, c’est naze.
Bon, la partie biologie étant faite, passons aux langues et à la géographie. Et là, je suis face à un énorme problème. Je vous explique. Chez nous, le Mermecolion arrive dans le courant du Moyen-Âge suite à une mauvaise traduction latine de la Bible. Le mot hébreux pour « lion » avait été mal compris par les traducteurs de l’époque et ç’a donné le « myrmécoléo » qui finit en français en Mermecolion. On pourrait dire alors que le lieu de naissance est l’Europe. Et vous avez bien raison de le dire car cette créature est entrée dans le bestiaire français à cette époque et pour cette raison. Néanmoins, on retrouve aussi des traces du Mermecolion chez un grec de l’Antiquité : Hérodote. Mais aussi chez un romain qui doit vous être familier si vous suivez cette page avec une certaine attention : Pline l’Ancien. Donc on délocalise le lieu de naissance en Grèce ou en Italie ?
Non, parce que ce n’est pas encore fini ! Pline et Hérodote tirent en effet leurs descriptions du Mermecolion d’un texte en sanskrit qui selon la légende avait été écrit par Ganesh (mythologie hindou). Vous voyez le problème ?
Ne vous inquiétez pas pour ma santé mentale, car j’ai la solution. Une solution arbitraire, mais une solution quand même. On conclura que le Mermecolion est une créature qui naît dans des pays africains, moyen-orientaux et indiens (là où se trouvent des lions). Néanmoins, il sera une créature apparue dans le Moyen-Âge en Europe. Car oui, l’important c’est de savoir quel référentiel on prend. Ici, on prend le référentiel du bestiaire européen. Donc voilà. Vous avez eu le droit à bel article et un exemple du travail que nous autres sur l’Encyclopédie devons fournir pour vous donner de la qualité.
Sur ce, le cours est terminé. Je vous dis à bientôt sur les bancs de ma classe.
/Le Prof
Le Grand Mechant Loup
Bien le bonjour, chers amis. Aujourd’hui, nous allons explorer votre pire cauchemar !
« -Prof, arrête de prendre une grosse voix, tu ne fais peur à personne.
-Hum-hum. Pardon. »
Bref, aujourd’hui, disais-je, nous allons plonger dans les songes turbulents des européens à travers la figure la plus emblématique du cauchemar : le Grand Méchant Loup.
« -Pourquoi en parler aujourd’hui ? Très bonne question voix imaginaire dans ma tête !
-Mais je n’ai rien dit !
-Silence ! »
En fait, je voulais vous parler de la bête du Gévaudan suite à une petite virée estivale dans le Cantal et notamment à Saugues qui est le village de la bête (et du champignon). Maaaaiiiis… je m'étais fait devancer depuis longtemps par Spawy et, m’en rendant compte, je criai un retentissant : « Oh ! La bougresse ! » et me résignai à parler d’autre chose. Or dans ma liste de créatures à faire, il y avait celle qui nous intéresse aujourd’hui (et qui devait faire suite à cet article sur la bête du Gévaudan que je ne ferai jamais…). Mais #kessékesquequoi le Grand Méchant Loup (qu’on abrègera par la suite par GML) ? Ben je vais vous le dire.
Le GML est la personnification (ou animalisation ? Bref, vous me comprenez) de nos craintes, cauchemars et autres trucs pas très joyeux. Il ressemble à un loup (#sansblague), est anthropomorphe, se tenant sur ses pattes arrières mais il peut quand même courir à quatre pattes. C’est un peu le diable mais en moins épique et en moins biblique. C’est le bouc-émissaire du grouillot de base, du pécore, du gueux, du bouseux qui ne sait pas réfléchir plus loin que le bout de son nez. Il y a une disparition au village ? C’est le Loup. Il y a des cadavres ? C’est le Loup. Il y a des brebis mortes ? C’est le fucking Loup ! De l’autre côté de l’Atlantique, on croit au Croquemitaine, ici c’est le GML.
Bon, ça fait léger pour un article, certes, et vous vous demanderez si je suis sérieux à vous livrer un article qui tient en un paragraphe. La réponse est oui. Car l’intérêt ici n’est encore une fois pas la créature en elle-même. Nous connaissons tous le Grand Méchant Loup puisqu’il est l’adversairissime de tous les gosses. Non, ce qui a de l’intérêt avec le GML, ce sont les répercussions que cette figure imaginaire a pu avoir et a encore sur le monde de la réalité véritable. Comme écrit plus haut, tel ou tel malheur était associé soit au Malin, pour les religieux, soit au GML pour les paysans. Ainsi, la chute démographique des populations de loups (cette fois-ci bien réels) est directement liée à la peur d’un Grand Méchant Loup imaginaire (ils sont quand même cons ces pégus !). Et c’est toujours le cas aujourd’hui, même si le lien est beaucoup plus lointain. Le GML est aussi le grand antagoniste de nombreux contes, notamment ceux des frères Grimm, il remonte même aux fables d’Esope ! Il est aussi très lié à c’autres créatures fantastiques comme le loup garou, la bête du Gévaudan et bien d’autres. Aussi des jeux comme le Loup-Garou de Thiercelieux. Sans compter toutes les adaptations du personnage dans des films ou séries. Oui, même dans Doctor Who il y a le GML !
« -Docteur qui ?
*grand bruit de baffe*
-Aïeuuuh !
-Tu l’auras cherchée celle-là ! »
Bref, vous l’aurez compris, j’aime bien le GML et même si je n’en dis pas grand-chose, il compte beaucoup dans mon imaginaire. Bref, à bientôt pour une autre créature fantastique.
« -Aaah… Ben je suis bien content de n’avoir fait aucune allusion sexuelle dans cet article…
-Comment ça ?
-Dis-moi, tu veux voir mon loup ? »
/Le Prof
Le Feu Follet
Fais pas le con, la casse pas, y'a un feu follet dedans. Si tu sais, un feu follet. Non c'est pas vide, il dort c'est tout. Tu sais pas ce que c'est? Je te le dis à toi et à tes clients si tu me sers une pinte à l'œil.
Bon, bonsoir à tous, regardez bien ceci. Là, il est éteint, mais à l'intérieur de cette jarre, il y a un feu follet, un vrai de vrai. On dit des tas de choses sur ces créatures surnaturelles, et la plupart sont vraies.
Ils ressemblent à des gerbes de flammes bleutées ou jaunes, parfois vertes, et persistent quelques secondes, ou quelques minutes pour les plus rares. Ils lévitent, proches du sol, mais étrangement, n'enflamment rien, et ne produisent aucune fumée. Il faut dire que la grande majorité apparait au dessus des lacs et étangs.
En fait un grand folklore s'est construit autour de ces apparitions fantômatiques. Il s'agirait en occident, d'âmes coincées dans le purgatoire, qui finiraient peut-être par en sortir à force de prières. En Albion, plus au nord donc, on les appelaient des Jack-o'-Lanterns, des petits garçons fantomatiques, portant des lanternes. Enfin, tous ont la particularité de perdre les voyageurs, quel que soit l'endroit du globe où l'on observe le phénomène. Mais en orient, comme en occident, au nord comme au sud, on ne peut observer ce phénomène qu'à quelque centimètres du sol (ou de l'eau donc) et il n'apparait que dans les marais, les cimetières, et les forêts vieillissantes.
La légende raconte, que pour les semer, il suffirait de planter une aiguille dans le sol. Le feu follet poursuivant, se sentirait alors forcé de passer par son chas, vous donnant largement le temps de vous enfuir. Dans l'eau, une pierre lourde fera l'affaire si vous la jetez suffisamment proche de leur... "corps".
Et c'est là que le fantastique se frotte à la réalité, puisque ces gerbes de flammes sont effectivement... Des flammes. Du feu, j'entend. Il s'agit en fait d'un gaz ( du méthane sans doute), produit par la décomposition des organismes sous terre, qui remonte à la surface et s'enflamme spontanément. Ce qui explique sa présence principalement dans les cimetières et les marécages.
Bonne question, si je l'ai capturé, malgré mon scepticisme, c'est parce que parfois, les explications scientifiques manquent de... panache, et j'éprouve un profond plaisir à tourner les mythes en ridicule. Hein, comment? Ben j'ai planté une aiguille dans le sol, et j'ai mis le flacon devant, quelle question.
Bon, je vous laisse, je vais me coucher. Votre serviteur, ou presque, vous salue bien bas.
/Un vagabond Immobile
L'Alchimie : introduction
Mes chers amis, bonjour. Aujourd’hui, nous entamons une petite série d’articles sur, non pas des créatures, non pas seulement des objets mythiques, mais sur une discipline. Cette discipline, vous la connaissez sans doute tous au moins de nom. Si je vous dis qu’elle est l’exemple phare (avec l’astrologie) de tous les professeurs qui veulent montrer ce que c’est qu’une science par rapport à ce qui se veut science sans en être ? Oui, cette phrase est longue, donc si je vous dis plutôt Fullmetal Alchemist ? Vous l’aurez compris, nous allons causer Alchimie !
Je ne peux pas parler de pierre philosophale, de transmutation et tout le tintouin sans poser au moins ce qu’est l’alchimie à la base. L’alchimie existe en orient depuis le IVème siècle avant J-C en Chine. L’alchimie occidentale commence en Egypte au début de notre ère (un peu avant ou un peu après le plus célèbre des « fils de » de l’Histoire). Si en orient ça se maintient relativement bien (et encore), en occident, c’est vite le bordel, chaque culture ayant une alchimie qui lui est propre et tout un tas d’autres bêtises du genre. Les différences se font surtout sur deux plans : l’époque et la conception de la science. En effet, on ne faisait pas de l’alchimie au premier siècle comme on en faisait au XVIIIème (l’évolution des instruments, de la technique, des découvertes, etc.). Et si je parlais de la science, c’est parce que l’alchimie a été considérée comme une science jusqu’assez tard. Le déclin de l’alchimie s’effectue au cours du XVIIIème siècle. Jusqu’alors, on pouvait écrire cette équation : alchimie = chimie. L’alchimie n’était donc pas une science comme nous la connaissons aujourd’hui, mais c’était un synonyme de chimie, qui alors avait une part un peu plus mystique en elle.
Je ne vais pas vous le cacher, cette série me déprime avant même de commencer. Ce n’est pas que je la fasse à contrecœur, non. Je pensais revenir à quelque chose de simple après la mythologie égyptienne, mais rien qu’en voyant l’article Wikipédia, je me rends compte que c’est un bordel monstre. C’est pourquoi, au risque de vous frustrer, je vais rester sur une zone très limitée de l’alchimie. Le plan de route est très simple et assez court : nous nous intéresserons grosso modo à trois choses : la Première Matière, l’élixir de longue vie et le plus célèbre des alchimistes français, le tout en essayant de mettre nos observations en rapport avec une œuvre culte qui prend l’alchimie pour base de son univers : Fullmetal Alchimist (la version brotherhood).
Sur ces mots, je vous dis à bientôt pour la suite. Et n’ayez crainte, si vous n’apprenez pas grand-chose ici, la suite se fera plus instructive.
/Le Prof *peinture de Jan van der Straet intitulée « Le laboratoire de l'alchimiste » (1551)*
L'Alchimie : La Pierre Philosophale
Bien le bonjour, chers amis. Aujourd’hui, nous allons replonger dans le monde merveilleux de l’alchimie avec l’un des deux objets les plus convoités de cette discipline : la pierre philosophale.
La pierre philosophale est connue principalement pour permettre la transmutation du plomb en or. Et c’est déjà un avantage certain qu’elle possède. En effet, le plomb, ça se trouve facilement et ce n’est pas la denrée minérale la plus rare de nos sous-sols. En revanche, l’or est rare et donc cher. Ainsi, avoir un outil permettant de changer de la quincaille en un métal aussi précieux est synonyme de richesse infinie. Vous me répondrez que j’enfonce des portes ouvertes tellement grandes qu’on a enlevé lesdites portes. C’est vrai, mais je me dois de le rappeler car c’est là la définition la plus partagée de la pierre. Mais les pouvoirs de cet artéfact ne s’arrêtent pas là. Elle est également capable de transmuter le vivant. C’est-à-dire que vous pourrez faire pousser vos plantations de cannabis presque instantanément en sa possession ou encore vous conférer une jeunesse éternelle en faisant régresser le vieillissement de vos cellules. Ou encore devenir un canon de beauté en faisant disparaître l’amas disgracieux de graisses et de cellulite de votre fessier moribond. Bref, vous l’aurez compris, cette pierre est à l’alchimie ce que le couteau suisse est à McGiver (#RéférenceDeVieux). Et c’est cette définition que retient l’anime Fullmetal Alchemist. La pierre philosophale permet la transmutation inconditionée.
Et là, je fais un point Bertrand Renard (#RéférenceDeTrèsVieux). Je parle de transmutation, mais c’est quoi la transmutation ? Ce que j’appelle « transmuter », c’est un procédé de transformation d’un objet quelconque en un autre de nature différente. Cette transformation s’opère au niveau atomique (pour les plus pointues) ou aux niveaux moléculaire ou cellulaire. Par exemple, c’est le fait de réarranger les atomes d’une pièce de plomb pour en faire une pièce d’or, ou casser les molécules du corps pour ne garder que du carbone à la surface qui, selon son arrangement, peut être aussi friable que du crayon ou aussi solide que du diamant. Dans notre monde, c’est une opération qui demande du temps et de nombreuses manipulations chimiques alors que l’anime Fullmetal Alchemist nous offre un processus beaucoup plus sexy : tracer une formule cyclique et y mettre de l’énergie tectonique.
Aussi, les transmutations « réelles » sont fort limitées et ne permettent pas la plupart des exemples cités plus haut. Néanmoins, l’anime n’est pas dénué de valeur scientifique. L’alchimie n’est pas de la magie, c’est une science. Un alchimiste se doit d’être un bon physicien/chimiste et de connaître par cœur son tableau de classification périodique des éléments avant d’espérer tenter la voie alchimique. Et il y a une règle essentielle dans l’anime qui est une loi physique implacable dans le monde réel : l’échange équivalent. C’est-à-dire, pour faire simple, que si j’ai 15 atomes de carbone dans l’objet de base, je ne pourrai pas en faire un nouveau avec 16 atomes de carbone, sauf si j’en rajoute à partir d’un deuxième objet. Ce me semble être Lavoisier qui nous apprend que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Eh bien c’est ça, l’échange équivalent.
Donc, la pierre philosophale est une pierre qui permet la transmutation inconditionnée. Elle permet alors d’ignorer toute loi alchimique, et donc celle de l’échange équivalent. Elle peut créer à partir de rien. Par exemple, si vous avez une tranche de jambon, vous pouvez la transmuter en hélicoptère. Bref. Pour ce qui est de sa présentation, elle peut avoir plusieurs formes. Parfois, on la décrit comme une poudre, d’autres fois comme un liquide, d’autres encore comme une pierre. FMA nous la donne, quant à lui, comme une pierre parfaitement lisse qui prend une forme liquide lorsqu’elle est contenue. Dans tous les cas, une pierre philosophale est colorée d’un rouge profond, presque un rouge sang. Et l’anime prend le parti d’expliquer cette couleur, en un sens. On ne sait pas comment faire une pierre philosophale ici-bas, alors que dans le monde de FMA oui (je vous avais dit que l’univers FMA est beaucoup plus sexy). Si la création de la pierre tend à rester secrète, ce n’est pas par peur de quelque mauvais usage possible. Non, c’est la création elle-même qui est une atrocité. La pierre, aussi puissante soit-elle, n’est pas toute puissante. Elle est limitée par sa puissance. Et sa puissance découle de ses ingrédients. Ses ingrédients sont des êtres humains vivants. Vous voyez le problème maintenant ? Plus le nombre d’hommes consumés en pierre philosophale est grand, plus elle est puissante et dure longtemps. Vous imaginez un tel objet chez nous ? On aurait encore Hitler sur le dos avec ses millions de victimes. Oui, je suis arrivé au point Godwin. Joie.
Bref, voilà qui est dit pour la pierre philosophale. On verra au prochain article que l’autre artéfact convoité par l’alchimie se rapproche fort de la définition de la pierre. Mais on pourrait dire que c’est une sorte de pierre philosophale exclusivement liquide et très spécialisée dans son usage.
Dans tous les cas, je vous dis à la prochaine. Et souvenez-vous que tout ce qui brille n’est pas d’or ! Bisous.
/Le Prof
L'Alchimie : La Panacée
Bien le bonjour, chers amis, après une bien trop longue absence de ma part. Aujourd'hui, nous replongeons dans l'univers de l'alchimie avec, comme je l'avais annoncé, le pendant liquide et spécialisé de la pierre philosophale : la panacée universelle.
La panacée kékécé ? La panacée, ou panacée universelle, est un remède alchimique qui soigne tout, d'où l'« universel » de la panacée. Si vous êtes malade d'un rhume ou d'un cancer, en passant par la cirrhose du foie (oui, c'est un mot qui peut rapporter des points au scrabble) un peu de ce remède et vous voilà requinqué comme un jeune.
Pourquoi ce nom de panacée ? Le nom de ce remède vient de celui de la déesse grecque Panacée, qui est la déesse de... la guérison ! Bien joué Billy ! (Si tu as hésité à répondre, pose-toi des questions, tu as des problèmes.)
Non, voilà , c'est tout. Il n'y a pas grand chose à dire sur la panacée.
Sur ces mots, je vous dis au revoir pour un article plus consistant et un peu moins troll, et en attendant, rappelez-vous que la psychotropine se trouve dans le Haut Tibet !
/Le Prof
L'Alchimie : Nicolas Flamel
Bien le bonjour, chers amis. Aujourd’hui, point de troll comme la dernière fois. D’ailleurs, en dédommagement de ma bassesse, je vais vous présenter une fierté française. Sans plus attendre, parlons du plus célèbre des alchimistes : j’ai nommé Nicolas Flamel.
Nicolas Flamel, c’est le type qui aurait découvert la pierre philosophale. Rien que ça. Vous voyez à quel point il pose ses testiboules sur la table d’alchimie. Il est connu pour sa grande intelligence quant aux choses de l’alchimie mais c’est bien pour la découverte de la pierre qu’il est passé à la postérité. Il est tellement célèbre qu’il est une figure emblématique d'à peu près la Terre entière. On le retrouve partout où l’on peut entendre les mots d’alchimie ou de pierre philosophale. Pour prendre un exemple parlant, on le retrouve dans la culture occidentale avec Harry Potter (qui ne manque pas de nous rappeler dans le premier opus qu’il est l’inventeur de la pierre) mais aussi dans Fullmetal Alchimist, à l’autre bout du monde chez nos amis nippons. Dans FMA, il n’est pas fait mention de lui, pas même comme inventeur de la pierre. Non, l’hommage est plus discret puisqu’il s’agit du signe sur le manteau d’Ed (le perso principal) qui s’appelle le Flamel. C’est presque de la poésie non ?
Bref. Nico, il roxe sévère du poney. Maiiiiis… Pourtant il n’a jamais été alchimiste. Nicolas Flamel est bien une personne qui a existé. Il a vécu au quatorzième siècle en France, plus précisément à Paris. C’était un garçon d’assez basse extraction (pas trop non plus, on dirait aujourd’hui qu’il était de classe moyenne) qui commença comme copiste et enlumineur (il copiait et décorait les livres) puis qui devint libraire. Il était un fervent catholique. Mais il aimait peut-être une chose plus que Dieu : l’argent. Il se maria avec une dame bien dotée qui aimait aussi beaucoup l’argent. Ils n’étaient pas de la noblesse, mais bon sang qu’ils se faisaient du fric les sagouins ! Néanmoins, ils n’étaient pas, comme un couple de dragons, affalés sur leur or. Non, il fallait suivre quand même la morale chrétienne. Aussi, ils n’hésitaient pas à dépenser des fortunes dans l’immobilier, à construire des orphelinats, des maisons et autres. Bon, comme le dit l’autre : charité bien ordonnée commence par soi-même. C’est pourquoi toutes les bâtisses qu’ils firent construire étaient décorées à leurs frontons de gravures représentant le couple Flamel, du genre qui disent : si t’as un toit, c’est grâce à nous et à notre bling ma gueule ! Leur affaire se faisant, le petit Nicolas tenta la politique. Comme il n’était pas bien vu par les autres politiciens (parce que franchement, il restait aux yeux des nobles un pécore, bien qu’il était aussi riche qu’un noble, sinon plus), il se vit taxer d’alchimiste, d’impie qui pratiquait des expériences interdites qui frôlaient la magie et donc l’hérésie (il était super catholique je vous rappelle). Et c’est dans le lot de ces insultes qu’apparut la création de la pierre philosophale, seul moyen d’expliquer la fortune du bonhomme. Bah oui, il devait forcément changer le plomb en or pour être aussi riche alors qu’il n’était qu’un bouseux !
Donc, le plus célèbre des alchimistes, qui est français et qui est une source de fierté chauvine n’est en fait qu’un petit gars fortuné qui dérangeait la haute société de l’époque. Tenez, voici un verre pour ramasser votre sel.
Bon, eh bien ma foi, je vais vous laisser là pour l’instant. Je vous dis alors à bientôt pour un retour sur une autre mythologie (car j’aime bien les allers-retours). Quoi ? Un indice ? D’accord : grenouille.
/Le Prof
L'Alchimie : Homoncules et Ouroboros
Bien le bonjour, chers amis. Aujourd’hui, nous finissons le chapitre de l’alchimie avec un article deux-en-un. Nous allons parler des homoncules et de l’Ouroboros. Oui, cette introduction est courte (mais intense !).
Un homoncule, ou homonculus, ou homuncule, est un être humain artificiel créé par alchimie (évidemment, sinon on n'en parlerait pas ici). Il se présente comme un homme quelque peu difforme et étrangement petit. Bien évidemment, la description de sa forme change un peu avec le temps et diffère selon l’auteur. Mais l’idée générale est celle d'un petit être bizarre, qui choque car il est trop ressemblant et à la fois trop différent d’un véritable être humain (un peu comme les robots trop réalistes). C’est Paracelse, un médecin suisse, qui donne le premier la recette de fabrication d’un homoncule : il faut faire pourrir du sperme dans une fiole scellée et le couver pendant 40 jours en attendant un mouvement. Ensuite, il faut le nourrir pendant 40 semaines avec de l’Arcanum de sang humain (grosso-modo du sang humain raffiné), après quoi, on aura un petit être à forme humaine.
Encore une fois, on peut faire un parallèle avec les homonculus de Fullmetal Alchimist. Selon FMA Brotherhood, le premier homonculus fut créé à partir de sang humain dans une fiole scellée. Il explique d’ailleurs, l’homonculus, que ce nom veut dire « le petit être de la fiole ». Ai-je vraiment besoin de préciser quels sont le lien et la référence ? La figure de l’homoncule a évolué dans le temps et on imagine aujourd’hui l’homoncule comme une création que l’on veut rapprocher de la perfection. Celui qui désire créer un homoncule cherche à concevoir un être humain parfait et immortel, ce qui se rapproche encore de la description proposée dans FMAB.
Et c’est là que l’on enchaîne avec le deuxième sujet. En effet, l’Ouroboros est un signe très ancien : un serpent ou un dragon qui se mord la queue. Son nom vient du grec, qui se dit de la même façon qu’en français et qui signifie « qui se mord la queue » (aaah… imagination, quand tu nous tiens !). La plus ancienne représentation de l’Ouroboros que l’on connaisse est égyptienne (on y revient toujours finalement) et symbolise la limite entre le monde ordonné et Noun, le chaos. Elle illustre également ce qui sépare et réunit les deux : pour ce qui est du monde ordonné l'Ouroboros représente le cycle du temps, pour le chaos il représente l’éternité. Ainsi, le signe se répandant assez bien au fil des siècles et des civilisations, on ne tarde pas à associer l’Ouroboros à l’immortalité. Encore un élément qui est présent dans FMA puisque les homoncules, immortels, ont tous un tatouage d’Ouroboros.
On doit son introduction en alchimie au premier alchimiste occidental, un grec nommé Zosime de Panopolis, qui avait aussi traité des homoncules mais que j’ai éludé parce qu’il est très ésotérique dans ses écrits. Zosime est d’ailleurs celui à qui l’on doit une formule célèbre : « Un est le Tout, par lui le Tout et vers lui retourne le Tout ; et si l'Un ne contient pas le Tout, le Tout n'est rien », que vous connaissez certainement dans sa reformulation : « Un est Tout et Tout est Un. ». Cette formule est, pour ainsi dire, l’essence-même de l’Ouroboros, le cycle sans fin de la vie et de la mort mais aussi celui qui se fait à chaque instant entre le monde et ses parties. En effet, selon cette maxime, le monde ne peut être qu’à travers ses parties et les parties du monde sont le monde. Je vous laisse 4 heures pour une dissertation ou ne serait-ce que pour comprendre ?
Bref, voilà qui conclut notre petit chapitre alchimique. Il a mis beaucoup de temps à parvenir à sa fin malgré sa petitesse, mais que voulez-vous ? Il n’était pas aisé d’écrire mon mémoire et mes articles en même temps. Mais comme vous pouvez le voir, je suis de retour dans la course ! Je vous dis à bientôt et n’oubliez pas, messieurs, qu’il ne faut pas tenter de se mordre la queue, ça fait mal !
/Le Prof
La Faucheuse
Bonsoir messieurs, mesdames, mes demoiselles... On vous avait dit que j'avais rejoint la douce et paisible étreinte de la mort. Techniquement, c'était vrai... Mais je reviens enfin vers vous, et quoi de plus naturel pour mon retour, que de vous parler de cette charmante femme. Que vous lisiez cette prose ou pas, n'ayez crainte, vous aurez bien l'occasion de faire sa connaissance un jour.
La représentation de la mort telle qu'on la connaît est un psychop- Oui, non, pas d'introduction, si vous en voulez une, allez voir sur la page Facebook. Un psychopompe, dis-je ! Le psychopompe est une figure mythique prenant diverses formes et qui a pour mission sacrée d'accompagner les âmes des défunts dans l'au-delà auquel elles sont rattachées. La mort dont nous parlons aujourd'hui est la vision « moderne » de celle-ci, autrement dit, une figure squelettique, drapée d'un grand linceul noir, portant une faux. Bien que la faux puisse être datée de l'Antiquité (visible par exemple dans la poigne cruelle de ce vieux Cronos), le squelette, nu ou pas, est une vision du moyen-âge très répandue, notamment, en Italie. Sous cette forme, la mort est appelée « la faucheuse », le symbole représentant une figure divine inexorable qui viendra à la rencontre de chacun, au jour de la moisson de son âme.
Son origine ? Il serait assez farfelu de chercher la racine de cette allégorie, puisqu'il s'agit du phénomène le plus naturel du vivant. Nous, créatures de chair, serons tous amenés à mourir un jour. Et il n'aura pas fallu de nombreuses années d'Histoire avant que, couplée à notre esprit humain, nous en fassions une figure mythique aussi puissamment ancrée dans nos civilisations. Il ne s'agit pas vraiment d'une créature fantastique, certes. Cette figure est avant tout une allégorie. Mais où s'arrête la personnification du naturel et où commence le mythe ? Elle a autant de formes, de représentations et d'images possibles, que sa présence dans les mythes, les légendes, les prophéties et les religions l'ont hissée au rang de personnage mythologique. Bien souvent associé au temps d'ailleurs, mais je digresse.
*La mort et le bûcheron, Léon Lhermitte, 1893*
Cet article reste court, peut-être sera-t-il complété un jour, tant il y a à dire. Concluons cependant ceci : « La faucheuse » est un personnage qui a comme point commun avec toutes les créatures que j'ai aimé traiter avec vous, d'avoir grandement évolué dans le temps et d'avoir eu des aspects différents en fonction du lieu où elle a été imaginée. Qu'elle soit Anubis, Azraël, Thanatos, Hel ou Shinigami, la mort est partout et frappe chacun. Vous aussi, vous avez une version de son visage dans votre imaginaire plus ou moins influencée par notre vision occidentale. Voici sa caractéristique, elle a autant de visages qu'il n’existe de personnes pour l'imaginer. Elle est universelle, et à la différence de toutes les figures traitées sur ce blog, elle existe, et vous la rencontrerez un jour.
En tous cas, moi, elle me manque déjà.
/Un Vagabond Immobile