The eldritch abomination
J’ai bien réfléchi à la manière de débuter cet article, car aucune introduction ne saurait faire justice à l’entité à laquelle il est voué. Commençons alors traditionnellement, avec le choc de cauchemar étymologique que provoque la simple évocation de son nom : créé par le romancier, poète et nouvelliste de talent H.P. Lovecraft (1890-1937), il intègre sa cauchemardesque mythologie et fut nommé arbitrairement par son créateur démiurge, the eldritch abomination.
Son nom pourrait être une chimère, composée de l’ancienne forme anglaise elritch (dont l’étymologie reste incertaine), composé de -ritch, originant du vieil anglais signifiant royaume, tandis que certains linguistes s’accordent à affirmer que el- représente l’étranger, l’autre (originaire du viens anglais ellende, qui aurait pu former le mot moderne else).
Il convient de clarifier cependant un point. L’abomination d’eldritch n’est point de créature définie. Il s’agit d’une forme d’entité codifiée, un concept, pouvant prendre différentes apparences selon l’imagination de son créateur torturé. En voici les caractéristiques établies par l’écrivain originel et le consensus populaire.
Gigantesque, cosmique, inconcevable et cauchemardesque. L’abomination d’eldritch est un être dont les simples existence et définition plient les lois de la compréhension humaine. Sa forme, pour la grande majorité des spécimens, est gigantesque, parfois même astronomique, et est un amas, de chair bouillonnante et de folie qui semble faire ployer la réalité sous le poids de leur mépris pour le compréhensible.
Les abominations sont dieux démiurges, pondant par erreur des univers entiers, des élémentaires de douleur composés de centaines de millions de tentacules et de vingt-cinq milliards de visages, dont les dents avoisinent la taille qu’atteindrait un système solaire. Elles sont animaux chimères, existant au-delà des réalités imaginables par l’homme, ou encore dieux fous, enfermés dans des dés à coudre et qui se nourrissent de planètes et de soleils. Minuscules, gigantesques, ou ni l’une ni l’autre, elles n’obéissent à aucune loi sinon les leurs et revêtent une infinité d’apparences, pour la grande majorité informes et cauchemardesques.
J’en parlerais des heures mais je ne le puis, je hais la redondance, alors je vous propose une conclusion sobre : l’abomination d’eldritch est tout ce que vous ne savez pas, ce que vous craignez. Ce que vous haïssez et que vous êtes incapables d’imaginer. Elle est dégoûtante et fascinante à la fois, il est impossible de la comprendre totalement et de garder la possession de ses esprits, de l’admirer sans régurgiter son repas. Ce qui vous en sépare est ce qui sépare un dieu d’une larve de mouche, ou ce qui sépare un mot d’un être vivant. Une pensée d’un caillou…
En espérant avoir pu attiser votre curiosité et éclairer votre lanterne sur une créature malheureusement trop méconnue du grand public. Ainsi je vous salue et vous offre en guise d’au revoir une possible illustration de l’abomination d’eldritch, réalisée avec talent par un membre de DeviantArt, MrZarono.
Ce fut un plaisir.
-Un Vagabond Immobile-
Les Pléiades
Dans la mythologie grecque, les Pléiades sont les sept filles du Titan Atlas et de l'Océanide Pléioné et servent de compagnes à Artémis, déesse associée à la Lune.
Comme beaucoup de nymphes, elles eurent un jour le malheur d'attirer l'attention d'un guerrier qui occupait son temps à chasser les animaux sauvages : Orion, devenu fou de leur grande beauté, les pourchassa ainsi que leur mère durant sept longues années, ne leur laissant aucun répit. Les Pléiades, effrayées par l'homme violent qu'elles voyaient les poursuivre, se tournèrent alors vers Zeus. Celui-ci les sauva en les changeant en colombes, leur permettant de vivre libres jusqu'à leur mort, où elles connurent une nouvelle transformation. Elles furent en effet placées dans le ciel sous forme de constellations, où elles formèrent l’astérisme ("Cours Asterisme !") des Pléiades. On n'aperçoit pourtant que six étoiles la nuit car l'une d'entre elles, Mérope, se cache. La légende veut qu'elle ait honte de n'avoir eu qu'un mortel comme amant. Les sept sœurs furent ensuite rejointes par Orion une fois celui-ci décédé. Zeus le figea juste derrières les sept sœurs pour qu'il soit éternellement condamné à les regarder sans ne jamais pouvoir les approcher.
Mais il ne faut pas croire que le geste de Zeus était purement désintéressé. Il se tapa au passage trois des sept sœurs, dont il eut six enfants. Le plus connu d'entre eux est sans doute Hermès, qu'il conçut avec Maïa, la plus âgée des sœurs. Mais sa descendance naquit également d'Electre et Taygète. Arès préféra Stérope. Poséidon quant à lui s'unit avec Alcyone et Célaéno, tandis que Sisyphe prenait pour compagne Mérope, la plus jeune des Pléiades. La couvrant comme on sait de honte.
Le terme de pléiade désigne aujourd'hui en France un groupe de personnes célèbres, et une collection dirigée par la maison d'édition Gallimard.
/Spawy
Les Runes
Avertissement : cet article est fumeux, parle de cartes et ne vous fera pas fondamentalement rire. Si vous ne voulez pas le lire, vous pouvez vous contenter de l'aimer et de partir manger.
Sinon c'est plutôt intéressant, j'aime la symbolique.
Vous êtes encore là ? Bande de cabalistes. C'est vrai que ça me vexerait que vous partiez, j'ai passé une heure dans des articles fumeux pour vous.
Il existe vingt-quatre runes en tout. Leur description sera plutôt scolaire et peu vivante, d'autant que les dieux ne s'en servent que rarement dans les mythes. Alors pour compenser une énumération relou, nous parlerons ensuite du pendu. En effet Hangatýr (littéralement dieu des pendus) est un autre des noms d'Odin.
Les runes sont :
-Fehu, qui représente les cornes d'un bovin et symbolise l'énergie primordiale.
-Uruz, représentant la pluie et symbolisant l'idée d'un réceptacle ou d'une gestation.
-Thurisaz, représentation du marteau de Thor symbolisant l'éveil de la vie et les instincts primaires.
-Ansuz, rune du manteau d'Odin. Porteuse de la conscience, du souffle et de la parole.
-Raido, le char solaire. Idée de progression ou d'élan.
-Kenaz, la flamme du feu domestiqué.
-Gebo, le croisement. Rencontre, union ou don.
-Wunjo, la bannière. Symbolise la cohésion et l'harmonie.
-Hagalaz, représentant la grêle. Rune de l'introspection.
-Nauthiz, le piquet. Sacrifice, épreuve et purification.
-Isa, la glace. Symbolise le moi profond, la personnalité.
-Jera, le cycle de la vie ou la moisson. Temps qui passe, répétition...
-Eihwaz, l'arbre sacré. L'initiation, la rupture, le bouleversement.
-Perthro, le hasard, le destin. Rune de la divination.
-Algiz, la force protectrice. C'est le monde de l'âme, l'ouverture ou encore la protection.
-Sowilo, le soleil. Source de vie et d'illumination. Aussi rune de l'enseignement.
-Tiwaz, la voûte du ciel. Renvoie aux mondes supérieurs.
-Berkana, les seins de la terre-mère (si si). Symbole de réincarnation, de naissance. Déesse-mère.
-Ehwaz, le cheval. Alternance, oscillation, mouvement, voyage. Point.
-Mannaz, l'homme. Symbole d'accomplissement spirituel, d'humanité.
-Lagaz, l'eau (et plus largement tout l'élément liquide): la croissance, le développement.
-Enguz, l’œuf. L'acte créateur ou le potentiel. Symbole de concentration.
-Othala, l'hérédité. Porte l'initiation, l'héritage des anciens etc...
-Dagaz, représentation de l'opposition/alternance entre le jour et la nuit. Symbole d'harmonie, d'équilibre entre les forces.
Comme je vous l'ai dit précédemment, l’Ase s’est pendu à l’arbre du monde embroché par sa lance pendant neuf jours et neuf nuits, durant lesquels il a acquis la sagesse nécessaire à la maîtrise des runes. Le pendu est usuellement représenté accroché par le pied, la tête en bas. Ce n'est pas le cas sur cette image, mais c'était la plus jolie et je pense aussi à ceux qui ne font que regarder les images. L'initiation d'Odin s'est terminée par le sacrifice de son œil, symbole de la perte d'une partie de la vision du présent pour accéder à l'avenir. En échange de ce sacrifice, il a bu boire au puit de sagesse de Mimir.
Dans le tarot de Marseille *attention, vous entrez dans la zone ésotérique*, le pendu (12ème atout) est le symbole d'une initiation passive, où le corps se retrouve neutralisé pour permettre un travail de l'âme faisant accéder au statut d'initié. A relier avec les nombreux surnoms d'Odin référant à sa sagesse (non je ne les listerai pas, Odin étant réputé comme le "dieu aux mille surnoms". Et même si il n'y en a pas mille, c'est un article à part entière de Wikipédia et une bonne page). *sortie de la zone ésotérique, le brouillard de la fumisterie reste fort : sortez couverts !*
Les runes servaient essentiellement aux hommes. On gravait sa petite rune dans la pierre, le bois, la peau (pas sur quelqu'un hein) et on priait Odin pour que celle-ci apporte bonheur ou malheur à la personne ou au lieu auquel on la rattachait. Les vingt-quatre permettaient d'apporter un vaste panel de bénédictions/
/Shaï-Hulud
Le Dobhar-chú
Il existe dans les légendes irlandaises une loutre tueuse dont le mythe est encore bien vivant. Issu du folklore irlandais, le Dobhar-chú est un cryptide, c'est-à-dire un animal dont l'existence est probable mais n'a jamais été démontrée. Son nom provient du gaélique irlandais et signifie "chien d'eau" ou plus simplement "loutre". Mélange donc entre un canidé et une loutre, il est censé vivre dans les lacs et atteindre la taille d'un crocodile adulte.
Les Dobhar-chù sont des animaux dangereux pour l'homme. Leur première évocation date du XVIIème siècle et prend la forme du témoignage d'un homme s'en prétendant victime. Alors qu'il se trouvait au bord d'un lac, il aurait été agressé par un animal aquatique à la peau noire et visqueuse. Il s'en serait tiré en poignardant le Dobhar-chù, mais aurait conservé des traces de morsure. D'autres auront moins de chance à l'avenir, car plusieurs décès survenus au bord des lacs seront associés à des attaques de Dobhar-chù. Leur plus récente apparition date de l'année 2003. Alors qu'ils campaient dans le Connemara, l'artiste irlandais Sean Corcoran et sa femme auraient aperçu un monstre doté de pattes oranges semblables à des nageoires, capable de se tenir debout et de nager à grande vitesse.
/Spawy
Les trois Augustes
Les trois Augustes (ou trois mythiques souverains civilisateurs) sont apparus dès la création de l’univers. Ils sont les ancêtres des humains et ont des pouvoirs surnaturels.
Fu Xi est le premier des trois Augustes. Il possède une tête humaine et un corps de serpent. Sage, il organise l'humanité et crée pour elle une société policée, un gouvernement calqué sur la cour céleste. Il est le père de nombreuses inventions telles que l'écriture chinoise, le calendrier, la construction des maisons, etc... Puissant magicien, familier des forces de la nature, il invente également les trigrammes et les hexagrammes qui permettent de lire l'avenir, dont il se sert pour organiser le monde. Il sera honoré par les Dieux pour ses actions et prendra la fonction de dieu gouverneur de l'Ouest.
Nu Wa est la sœur et épouse de Fu Xi ; elle régnera après lui. Déesse créatrice, elle a façonné les premiers hommes avec de la glaise, leur a donné le pouvoir de procréer et a également réparé le ciel brisé suite à la guerre entre Gònggōng, dieu des eaux cherchant a renversé l'empereur de Jade, et Zhùróng, dieu du feu. Elle est connue alors comme la déesse de l'harmonie. On lui prête souvent un corps de serpent.
Shen Nong appelé également « Le divin Laboureur » (rien de sexuel) est le dernier des trois Augustes. On lui prête l’invention de la houe, de l’araire et du champ, de la culture des cinq aliments de base, la découverte des vertus médicinales des plantes. Son nom, "agriculteur divin", lui a permis de devenir un dieu jouissant d’une certaine importance dans la société agricole. Il est aussi le patron des pharmaciens et des médecins. Il est représenté comme un homme à tête de buffle.
/Niedman
Loki
Après une véritable traversée du désert pour trouver une image qui me convienne, je m'attaque enfin à un article sur Loki. On va parler de zoophilie, perso ça me motive. Mais déjà on va spoiler un film récent et dire que non, Loki n'est pas un enfant d'Odin. Ce n'est pas non plus un Ase. En fait c'est un peu un squatteur, un géant qui vit quasiment tout le temps chez les dieux sans en être un.Loki est un enfant de géants (Farbauty et Laufey) et géant lui-même. Il descend d'Ymir mais ne se trouve pas sur la même branche du frêne généalogique qu'Odin. Son statut de géant implique plusieurs choses : les Ases ne l'aiment pas, il n'a pas de sexe défini et il a un petit côté fourbe. Grosso modo quand dans la mythologie nordique quelque chose ne va pas, on soupçonne Loki. Et la plupart du temps on a raison. Il est le véritable élément perturbateur de cet univers et incarne le désordre, la malice et l'irrationalité. Car en plus d'être fourbe, Loki est le roi des plans foireux. Il ne part pas systématiquement avec de mauvaises intentions mais provoque toujours des catastrophes dont il est bien souvent la première victime. Toutefois les Ases font souvent appel à ses conseils pour régler des problèmes... dont il est presque toujours la cause.
Bref, notre Loki est marié à Sigyn, à qui il a donné un fils : Narfi. Mais il a des enfants bien plus intéressants avec d'autres. Par exemple, avec la géante Angrboda, il a trois monstres célèbres, respectivement : Fenrir, un énorme loup déchaîné (puis enchaîné), Jörmungand, un serpent gigantesque vivant dans la mer qui entoure Midgard (le monde des hommes, pour ceux qui ont oublié) et Hel, déesse des enfers. Dans la pratique, ces trois enfants sont exilés puisque l'on a prédit qu'ils causeraient de grands dommages aux dieux. Tous auront un rôle important dans le Ragnarok.
J'ai précisé que Loki n'avait pas de sexe défini. Cela va avec la capacité de changer de forme à volonté. Je m'en vais donc vous conter une petite histoire, pour votre bon plaisir, au cours de laquelle un autre de ses enfants vit le jour.
Un jour vint à Asgard un homme qui se présentait comme un maître bâtisseur. Il s'engagea à faire du palais des dieux une forteresse en seulement trois semestres, tout seul. Modeste, il demanda pour seul paiement la déesse Freyja, le Soleil, et la Lune. L'exploit leur semblant impossible, les dieux acceptèrent sur le conseil de Loki. Mais ils se rendirent vite compte que l'artisan n'était pas un homme ordinaire : il était doté d'une force surhumaine et son cheval se déplaçait plus vite que le vent. Ainsi, quelques jours avant la fin du délai, les fortifications étaient bien érigées et il ne restait plus qu'à terminer la porte. Bien évidemment les dieux n'étaient que peu disposés à rétribuer l'artisan. Ils firent donc appel à Loki pour arrêter cela par un marché. Voyant que le cheval était l'atout-maître du constructeur, Loki décida de se changer en jument afin de l'attirer loin de son propriétaire. Il avait malheureusement sous-estimé la vitesse de l'étalon, qui réussit à le rattraper pour lui faire son affaire. Furieux de cette manœuvre des dieux, l'artisan se mit à tout casser, révélant sa véritable nature de géant ! De là, les dieux n'eurent aucun scrupule à envoyer Thor lui régler son compte d'un bon coup de marteau sur la tête. Toutefois le cheval (répondant au doux nom de Svadilfari) avait eu le temps de faire sa fête à Loki-jument, ce qui fit tomber celui-ci enceint. Le temps d'une gestation chez les géants, Loki donna naissance à un adorable poulain à huit pattes : Sleipnir, qui deviendra la monture d'Odin. Ce cheval fabuleux avait la vitesse de son père et... les yeux de sa mère, probablement.
Loki est aussi connu, et haï, pour avoir assassiné Baldr, dieu de la lumière. Ce fils d'Odin et de Frigg était en effet aimé et honoré de tous, mais Loki l'enviait. Frigg, inquiète pour son fils, avait fait jurer à tous les éléments du monde de ne jamais faire de mal à Baldr, engendrant une situation défiant les lois de conservation de l'énergie : dès lors qu'on tentait de lancer un objet sur le dieu, l'objet en question se jetait sur le côté pour éviter de le frapper. Mais Frigg avait omis de s'adresser au gui, le jugeant inoffensif ou simplement par distraction. Avec beaucoup de patience, Loki tailla une lance en gui et la projeta sur Baldr lors d'un jeu fréquent sur Asgard : "viens on lance plein de trucs sur Baldr pour voir les objets l'éviter". Bien sûr, la lance ne l'évita pas, le tuant sur le coup.
Les dieux affligés allèrent aux enfers supplier Hel de le libérer. Celle-ci se montra prête à accéder à leur demande, à condition que tout le monde accepte le retour de Baldr. Les dieux partirent donc à travers le monde demander "voulez-vous que Baldr, dieu trop cool de la lumière, revienne ? Sérieusement cela retarderait la fin du monde !" Bien entendu tout le monde accepta, sauf une petite vieille acariâtre, juchée sur une colline. Ainsi Baldr resta mort. Sauf que l'on découvrit ensuite que la petite vieille n'était autre que Loki déguisé (trop de twists dans cet article). Le mal était fait, mais les dieux gardèrent envers le géant une rancune féroce.
C'est d'ailleurs l'avant-dernière histoire où Loki embête les dieux puisque peu après, il se rendit à un banquet dans la halle d'Odin pour... Bah en fait pour insulter tout le monde. Lors de son entrée, tous se turent. Odin lui suggéra de repartir pour apaiser le malaise mais Loki s'assit et se mit à boire, avant d'insulter successivement tous les principaux dieux attablés. Jusqu'au moment où Thor, qui était en retard, débarqua. Celui-ci décida de convaincre subtilement Loki de se calmer en le menaçant de lui fendre le crâne de son marteau. Loki, connaissant l’agilité de Thor à cet exercice, se rendit finalement à la vengeance des dieux. Là arriva la terrible punition (après la capture de Loki sous la forme d'un saumon, intéressante mais longue) : les dieux emmenèrent le géant sous une montagne et le tinrent pendant qu'on amenait devant lui ses deux fils : Narfi et Vali (oui je n'ai pas parlé de Vali mais je n'ai juste aucune info sur lui, même pas sa mère... Ou son père, connaissant Loki). Les dieux les changèrent en loups et les firent s'entretuer sous les yeux de leur père. Ils attachèrent ensuite Loki à une pierre avec les entrailles de Narfi et le laissèrent là, après avoir pris soin de poser au-dessus de sa tête un serpent dont le venin gouttait sur son visage, le brûlant horriblement. Sa femme, Sigyn, décida de se tenir à ses côtés tout au long de son calvaire et de recueillir les gouttes avec une coupelle. Elle reste fidèle à sa tâche. Mais elle doit parfois vider le récipient et alors son mari reçoit le venin dans le visage, hurle et s'agite. On dit que c'est ce qui cause les séismes. Loki restera ainsi jusqu'à Ragnarok, que je décrirai plus tard comme promis.
Ne vous inquiétez pas pour ce gros morceau, vous le verrez beaucoup dans les mythes impliquant les autres dieux. Cela explique le fait de le traiter en premier (j'ai beaucoup hésité avec Thor).
/Shaï-Hulud
Yi
Dans l'imaginaire chinois, Yi est un peu perçu comme Hercule, c'est-à-dire comme un être "semi" divin. Voici donc son histoire :
Xihe, la mère du soleil, avait eu dix enfants. Les dix soleils vivaient dans les régions orientales, dans un lac. Nos dix soleils avaient reçu l’ordre de l’Empereur Céleste d’aller, chacun à leur tour, éclairer et réchauffer la terre. Grâce à eux, la planète était alors florissante et verdoyante.
Sauf que ces dix soleils ne pensaient qu’à s’amuser, et attendre leur tour pour aller se promener une fois tous les dix jours seulement leur pesait. Et ce qui devait arriver arriva : ils décidèrent un jour de braver l’interdit et d’aller tous ensemble s’amuser autour de la terre. Sur celle-ci, la chaleur fut tellement intense qu’une terrible sècheresse s’abattit. Les rivières furent asséchées, les récoltes détruites, et les hommes durent vivre dans des cavernes sous peine de mourir brulé.
L’empereur Yao demanda donc aux soleils de reprendre le rythme normal d’apparition, afin de pouvoir sauver la planète. Mails ils refusèrent : ils s’amusaient bien, alors. L’empereur Yao, soucieux du bien-être de son peuple et de la sauvegarde de la planète, implora alors l’Empereur Céleste pour que celui-ci lui vienne en aide. Ce dernier, furieux d’apprendre qu’on ait pu ainsi lui désobéir et mettre la terre en danger, convoqua Yi, l’archer céleste. Il lui confia un arc rouge, dix flèches blanches et lui ordonna de punir les soleils.
Yi descendit sur terre. Le spectacle de désolation qui s’offrait à ses yeux renforça sa détermination à obéir à l’Empereur Céleste. Il prit son arc et visa le premier soleil. Celui-ci se transforma en une boule de feu et disparut. Les autres soleils, effrayés, voulurent s’enfuir mais Yi ne leur en laissa pas l’occasion. Il allait tirer sa dixième flèche quand l’empereur Yao stoppa son bras : « Arrête, nous avons besoin de soleil pour vivre, épargne le dernier. »
Yi accéda à sa demande. La vie put donc reprendre un cours normal sur terre. Mais lorsque Yi voulut regagner les cieux, les hommes lui demandèrent de rester pour les aider à vaincre d’autres catastrophes, et il accepta. Voilà comment un archer sauva l’humanité.
/Niedman
Chollima
Chŏllima (천리마 ) est le nom coréen de Qianlima (千里馬), un cheval mythique originaire de Chine. Il est présent dans les cultures sibériennes et d'Asie centrale. Son nom signifie "le cheval aux mille lieues" ("thousand-mile horse"), ce qui s'explique par le fait que Chŏllima parcourt mille lieues par jour tant il est rapide. Les hommes ne peuvent le monter car ils ne parviennent pas à l'attraper.
Chŏllima fait encore partie de la culture nord-coréenne et en est un symbole particulièrement fort. Des statues de cheval ailé sont dispersées un peu partout dans Pyongyang, la capitale de la Corée du Nord. Elles sont censées symboliser l'héroïsme, l'esprit combatif et la capacité d'innovation du peuple, avançant à la vitesse de Chŏllima. Le cheval a également donné son nom à leur équipe de football.
/Spawy
Cthulhu
"Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn." Maladroitement traduite par les mortels, cette litanie signifie que dans sa demeure de R'lyeh, le défunt Cthulhu attend en rêvant.
"Cthulhu, de sa prononciation mortelle (si tant est que les humains aient les organes pour moduler sa prononciation) ressemble à khlûl'-hloo, la première syllabe étant prononcée gutturale ment et très sèchement. Le « u » ressemble à celui de « full ». Cette première syllabe n'est pas sans rappeler « klul », puisque le « h » affirme l’épaisseur gutturale. Quant au son « l », lui, il n'est pas représenté." Ainsi écrivit H.P. Lovecraft à Duane Rimel le 23 juillet 1934. Car vous l'avez compris, il s'agit d'une créature de l'écrivain de génie auquel j'ai déjà fait honneur précédemment.
Cthulhu est, dans la mythologie éponyme, un grand ancien sommeillant au fond du pacifique sud, dans la cité sous-marine morte de R'lyeh. Il est un dieu millénaire dormant au fond de la mer, attendant de revenir. Son aspect d'abomination inconcevable est vaguement comparable à celui d'un géant à tête de seiche, au corps semé d'écailles, aux griffes démesurées et aux ailes filandreuses de dragon, mais il ferait instantanément perdre la raison à tout mortel qui oserait l'apercevoir. Selon Lovecraft, il fut banni du système de Xoth par les « Dieux Très Anciens », et attend en rêvant dans les profondeurs de la planète, jusqu'au jour où il en émergera pour en prendre le contrôle. Il est le mal absolu, synonyme de chaos et de déraison. Nombres de mortels rejoignirent son culte, de crainte de sa puissance ou par adoration de son chaos absolu... L'horreur a un nom, et les mortels ne peuvent pas le prononcer, ne peuvent pas le regarder, et ne peuvent pas le comprendre.
Tellement de choses à dire, et si peu de temps. Je ne puis rien faire d'autre que de vous conseiller de lire L'appel de Cthulhu (bien sûr de Lovecraft, pour ceux qui dorment au fond de la pièce).
L'ancien Cthulhu a taillé une place qui lui revient de droit dans la culture populaire, et nombre de personnes le considèrent comme une icône de la littérature horrifique, jusqu'à parfois même littéralement l'adorer au sein d'un culte réel (c'est fou cette propension qu'à l'humanité pour se créer des dieux et des icônes à vénérer). Je terminerai donc cet article en vous renseignant d'un fait amusant, car il convient de noter qu'en raison de la proximité géographique de l'origine du signal "Bloop", un son d’ultra-basse fréquence détecté à plusieurs reprises durant l’été 1997 (aux environs de 50 ° S 100° W) et celle de la ville fictive de R'lyeh (47° 9' S, 123° 43' W) imaginée par H. P. Lovecraft, le Bloop est fréquemment associé à Cthulhu, qui sommeillerait dans la cité engloutie.
Je vous salue encore une fois, avant de repartir, en vous laissant un dessin le représentant tel que son auteur l'a imaginé. Mesdames, messieurs, le vagabond vous salue.
/Un vagabond immobile
Baba Yaga
Figure marquante du conte russe ou polonais, Baba Yaga en est typique, car elle n'apparaît nulle part ailleurs dans la littérature slave. Elle est toujours l'adversaire du héros de l'histoire et loge dans une surprenante cabane en bois juchée sur deux pattes de poulet, bien trop petite pour lui permettre de vivre confortablement. Il arrive cependant que dans le même conte, plusieurs Baba Yaga interviennent. Il faut donc transcrire le nom propre en nom commun dans la traduction française.
Baba Yaga est une ogresse ou une sorcière qui ne possède qu'une seule jambe sans chair laissant apparaître l'os. Elle est hirsute, mal coiffée, et ne porte pas le foulard russe. Elle est maigre à en être squelettique et ridée. Baba Yaga apparaît le plus souvent comme une personne âgée car selon certains contes, elle vieillirait d'un an chaque fois qu'on lui poserait une question. Mais elle aurait la possibilité de gagner du temps de vie en rajeunissant grâce à une décoction de roses bleues que certains voyageurs lui apporteraient.
Comment se déplace-t-elle ? Hé bien, au lieu de sauter sur son unique jambe, elle vole accroupie dans un mortier en s'aidant d'un pilon comme s'il s'agissait d'un gouvernail. Pour ne pas être repérée, elle efface soigneusement les traces qu'elle peut laisser derrière elle avec un balai taillé dans le bois d'un bouleau. Elle n'est pour autant pas très discrète lorsqu'elle se déplace, puisqu'elle est accompagnée d'une foule hurlante d'esprits et d'un vent violent qui fait grincer les arbres. Elle vit dans la forêt où elle commande aux animaux et aux oiseaux et selon certains récits, est la mère célibataire de une à quarante-et-une filles - ce qui fait tout de même beaucoup de grossesses, surtout quand on sait qu'elle va accidentellement les tuer dans Baba Yaga et Petit Bout. Il lui arrive également de dominer les phénomènes célestes en dictant ses ordres aux Cavaliers Blanc (le jour), Noir (la nuit) et Rouge (le soleil).
Baba Yaga dévore les voyageurs grâce à sa bouche immense et à ses dents tranchantes. Elle est une chasseresse qui poursuit principalement les jeunes enfants pour les faire rôtir dans le four de sa maison. Celle-ci apparaît lorsqu'on récite une formule magique et ne possède dans certains contes ni porte ni fenêtres. Elle se déplace grâce à ses pattes disproportionnées et peut tourner le dos au monde des vivants pour créer un passage vers celui des morts. C'est souvent au héros d'ordonner à la maisonnette de se retourner.
Baba Yaga peut être vue comme une gardienne du royaume des morts, ou comme une morte directement. Sa jambe d'os et sa cabane aussi étroite et sombre qu'un cercueil semblent aller dans ce sens. Cependant, elle n'est pas dans tous les contes qu'une figure terrifiante et cannibale. Il lui arrive de devenir miraculeusement bienfaisante envers le héros qui parvient à pénétrer dans sa demeure. Celui-ci peut alors lui poser des questions et recevoir d'elle des objets magiques.
/Spawy