Attention, depuis 2018, l'Encyclopédie Fantastique a déménagé !

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Chroniques d'Arda : Edito sur les Hommes

  Bien le bonjour nobles gens, et bienvenue dans ce nouvel article. Aujourd’hui, nous nous retrouvons pour parler des Hommes, et plus particulièrement des descendants de la maison de Hador.

 

Les hommes arrivèrent sur la Terre du Milieu au P.A. cependant que Valar et elfes se la coulaient douce à Valinor avec Melkor enfermé dans les geôles de Mandos. Ils se confrontèrent à quelques orcs et autres créatures mauvaises rescapées de la Guerre des Puissances, mais ils parvinrent à proliférer sur le continent d’ouest en est et du nord au sud. Ils se rassemblèrent en différentes sociétés, plus ou moins développées (du point de vue structurel et non pas de l’intelligence), tantôt en Etats, tantôt en tribus. Ils développèrent leurs propres langages, mais les plus nobles sociétés apprirent l’elfique auprès des quelques elfes restés indifférents à l’appel des Valar. Ils commercèrent avec les elfes et les nains, etc. Bref, ils firent leur vie tranquillement.

 

C’est alors que les machinations de Melkor s’amorcèrent. Les Valar étaient conscients de la naissance des hommes, seulement ils préféraient ne pas interférer et les laisser tranquilles sur la Terre du Milieu. Melkor mit en germe le doute dans le cœur de Feanor (dont on a déjà parlé) qui mena une bonne partie des Noldor à se rebeller envers les Valar et à massacrer toute une autre famille elfe. Cette rébellion fut aussi sanglante qu’inutile puisque les Valar avaient toujours affirmé que les elfes étaient libres en Valinor, donc qu’ils pouvaient partir quand ils le voulaient et revenir quand bon leur semblait. Ainsi Melkor arriva-t-il à s’échapper de Valinor après le meurtre des deux Arbres.

C’est comme cela qu’une guerre longue, ponctuée par de rapides batailles, commença en Terre du Milieu : tout le monde contre Morgoth. Mais ceux qui nous intéressent ici sont les descendants d’une famille humaine : la maison de Hador. Notamment les fils de Galdor, Húrin et Huor, et leurs propres fils, Túrin et Tuor. Húrin et Huor s'illustrèrent dans différentes batailles, dont les plus célèbres sont Dagor Bragollach et Nίrnaeth Arnoediad (la bataille des Larmes Innombrables) ; ainsi furent-ils maudits par Morgoth. Leur destin est donc tragique, entre incestes non voulus, démences, errances, doutes, larmes et finalement  mort. L’histoire des fils et petits-fils de Galdor est bien expliquée dans le Silmarillon, les Contes et légendes inachevés et Les Enfants de Húrin (ce dernier se concentrant sur l’histoire de Túrin). Si l’histoire de Túrin est passionnante, c’est sur Tuor que nous allons nous pencher pour la suite.

 

En effet, Tuor n’est pas aussi connu que son cousin mais il eut un rôle bien plus important et un impact titanesque sur le destin de ce monde. Nous allons passer les détails mais retenez qu’il eut une vie mouvementée. Orphelin de père dès sa naissance, il vécut avec les elfes gris avant de devenir le prisonnier et l'esclave des orientaux (les méchants hommes). Il parvint à s’échapper, à être le premier homme à découvrir l’océan, à se faire pote avec Ulmo (je vous rappelle que c’est en gros Poséidon) et à se marier à la fille d’un roi elfe. Cette biographie fut brève mais intense.
Sa femme se nommait Idril et était donc une elfe. Ils eurent un fils qu’ils nommèrent Eärendil (et déjà, ceux qui connaissent un peu l’univers savent quel sujet introduit cet édito). Mais la cité de Gondolin où ils vivaient fut attaquée alors que Turgon, le roi elfe, n’avait pas tenu compte de l’avertissement d’Ulmo transmis par Tuor. La cité était donc remplie de gens. Tuor parvint à fuir avec sa femme et son fils jusqu’à l’embouchure du Sirion (un fleuve). Là, Eärendil rencontra sa future femme, et ses parents partirent sur l’océan à destination de Valinor. Sur le sort de Tuor et Idril, on ne sait que des rumeurs : ils seraient parvenus à destination et Tuor serait devenu le premier homme transformé en elfe immortel.

 

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  *L’image représente Tuor répondant à l’appel d’Ulmo et est une création de l’illustrateur Fabio Leone, qui en a fait pas mal avec toujours une grande beauté. Donc, allez voir sa page Facebook (c’est son nom, simple n’est-ce pas ?)*

 

Mais (parce que oui, il y a encore un mais) ce n’est pas vraiment Tuor qui nous intéresse mais son fils, Eärendil, qui est un semi-elfe. Car, s’il s’efforça de rejoindre Aman, le nom du continent sur lequel se trouve Valinor, voguant sur les flots de nombreuses années, (voyage qui aboutit enfin lorsqu’il porta sur son front l’un des silmarils puis fut fait étoile par les Valar), ce sont ses deux enfants, Elrond et Elros qui eurent le plus d’impact par la suite. Elrond, c’est le même que celui de Foncombe, qui choisit de vivre en elfe. Elros décida quant à lui de vivre en homme. Ils poursuivirent le combat de leurs aïeuls contre Morgoth jusqu’à la dernière guerre impliquant Valar, elfes, hommes (et un peut tout le monde en fait) qui mit fin au règne de Morgoth. Elrond s’en retourna ensuite couler des jours paisibles à Rivendell (ou Imladris, ou Foncombe, on s’en fout) et Elros, lui qui était mortel, qui aurait dû mourir très tôt lors de cette bataille mais qui y survécut et y remporta des batailles importantes, fut grassement remercié par les Valar. Ces derniers accordèrent une vie incroyablement longue à ses gens et à lui-même. Ils leur fournirent même un endroit où habiter, une île au milieu de l’océan enter Aman et la Terre du Milieu. Une île appelée Númenor.

 

C’est tout pour aujourd’hui ! Cette introduction fut longue et finit par un bon cliffhanger putassier, mais je sais que vous aimez ça. En fait, non, je ne le sais pas mais peu importe, c’est moi que je fais qu’est-ce que j’veux. Na. Encore une fois merci pour votre patience, j’espère pouvoir écrire la suite (non, je ne vous donnerai pas le sujet) plus rapidement, mais vous savez ce que c’est : les études, les partiels dans deux semaines, etc. Sur ce, bons baisers du Rohan et à bientôt !

 

 

 

/Le Prof


04/12/2015
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Chroniques d'Arda : L'Île Nùmenor

   Bien le bonjour pour une nouvelle chronique. La dernière fois, nous nous sommes quittés sur la descendance de la maison de Hador. Aujourd’hui, nous allons voir la suite, j’entends par là l’histoire de Númenor. Je tiens à vous prévenir que cette île est une interprétation de l’Atlantide, de l’aveu de J.R.R. Tolkien. Bien, commençons.

 

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Pour remercier les hommes d’avoir combattu avec tant de bravoure le puissant Morgoth, les Valar tractèrent un morceau de terre au large des côtes ouest de la Terre du Milieu. Ils l’offrirent aux plus valeureux d’entre-eux, c’est-à-dire à Elros et ses gens. Cette île émergea donc au début du S.A. On l’appela Númenor (ou Atalantë, ou encore d’autres noms en d’autres langues) et ses habitants furent appelés Númenoréens. Les Númenoréens restèrent en contact soutenu avec les Eldar et développèrent très vite une civilisation très avancée. Ils étaient des maîtres dans la navigation et la construction de navires de plus en plus imposants, mais aussi dans plein d’autres domaines. Ils furent bénis d’une longue vie, sans êtres immortels comme les elfes. Et ils parlaient plusieurs langues : l’adûnaïque (la langue de Númenor, qui vient d’un des noms de l’île, à savoir Andor), le sindarin (l’elfique de le Terre du Milieu), et le quenyan (l'elfique ancien). Les plus pauvres de cette société parlaient les deux premières, la haute société parlant principalement le quenyan qui était une langue plus noble.

Dans leur prospérité, ils fondèrent une colonie le long de l’Anduin en Terre du Milieu, qui prendrait plus tard le nom de Gondor. Ainsi ils possédaient un avant-poste pour titiller Sauron, l’un des généraux du déchu Morgoth qui avait repris les rênes du Mordor et continuait tant bien que mal les noirs desseins de feu son maître. Les batailles contre Sauron se faisaient de plus en plus régulières et de plus en plus fortes, à tel point qu’un assaut important fut lancé de la part de Núménor avec la ferme intention de capturer Sauron. Ce dernier n’étant pas la moitié d’un imbécile sut en voyant l’imposante troupe númenoréenne que le combat était perdu d’avance. Il se rendit donc sans livrer bataille et ses adversaires le prirent comme un signe de leur puissance écrasante et s’en enorgueillirent. Quelle erreur firent-ils alors…

Ils capturèrent Sauron et l’emmenèrent sur Númenor afin de le garder captif dans des geôles bien gardée sur une île loin de tout. Ils ne savaient pas alors que c’était le plan du vil prisonnier. Il parvint par quelques manipulations propres à l’engeance de la vilénie de Morgoth à corrompre le Roi et la plupart des númenoréens : en effet, ils entretenaient une certaine jalousie de l’immortalité elfique et convoitaient le secret de cette dernière. Le plan de Sauron marcha tellement bien qu’on abolit le quenyan et le sindarin dans tout le pays, qu’on chassa les quelques Eldar habitant sur l’île, qu’on rompit tout lien avec les elfes et qu’on érigea un temple à la gloire de Morgoth en plein centre de la capitale, où Sauron lui-même pratiquait des sacrifices humains. Il était monté en bonne estime du roi et devenu son plus proche conseiller. Il faut savoir que Sauron avait encore à cette époque la capacité de changer de forme (c’est un Maiar, comme Gandalf, et donc un être purement spirituel qui peut revêtir plusieurs formes physiques). Il avait pris  à ce moment-là une forme très belle et charismatique, ce qui aide en général beaucoup.
Quand le roi s'approcha du terme de sa vie, Sauron joua un coup de poker magistral. Il convainquit Ar-Pharazôn de marcher sur Valinor alors même que l'existence de Númenor se basait sur un pacte avec les Valar engageant ses habitants à ne jamais naviguer plus à l’ouest. Il ordonna la construction d’un bataillon de navires que jamais alors Arda n’avait vu et qu’elle ne vit plus jamais après. Sauron avait ancré en l’esprit malade du roi une vraie haine des Valar. Cependant, cette inimitié n’était pas partagée par tous et la population se sépara en deux : les Hommes du Roi, suivant Ar-Pharazôn, et les Fidèles, suivant Elendil, membre de la famille du roi et ancien conseiller resté fidèle aux Valar.

Finalement, Ar-Pharazôn et ses troupes s’élancèrent contre Aman tandis que discrètement et rapidement, Elendil et les Fidèles embarquaient sur neuf bateaux vers la Terre du Milieu. Les Valar demandèrent conseil auprès d’Ilúvatar et c’est lui-même qui engloutit Númenor dans les flots ainsi que tous les hommes corrompus, épargnant néanmoins les Fidèles qui, même séparés, arrivèrent à bon port. Depuis ce jour, l’île porte un nouveau et funeste nom auquel on associe ce désastre : Akallabêth (celle qui est tombée). Aussi, Aman a été coupé du reste d’Arda, ce reste est devenu sphérique, et les Valar ne se sont plus jamais impliqués dans les affaires des hommes et des elfes de la Terre du milieu, hormis l’envoi des Istari. Elendil avait deux fils, Anárion qui fonda le Gondor (au sud) et Isildur qui fonda le royaume d’Arnor (au nord).

De cette histoire je ne pense pas devoir expliciter la relation avec l’Atlantide (le nom, la civilisation avancée, la chute, etc.). Toujours est-il que j’en ai fini avec Númenor pour de bon. Mais il me reste quelques sujets à traiter. Aussi, je vous donne rendez-vous dans una prochaine Chronique d’Arda ! Bisou.

 

 


/Le Prof
 


06/12/2015
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Le Soucougnan - Partenariat avec Valérie Lieko

 

 

L'article d'aujourd'hui est un peu particulier, puisqu'il relève d'une collaboration entre l'auteure Valérie Lieko et L'Encyclopédie Fantastique. Nous faisant l'honneur de s'intéresser à notre blog, l'auteure indépendante que vous pourrez retrouver sur son site valerielieko.com, nous offre à lire un extrait de son livre Black Jack Caraïbe - Tome 1, La Dame de Coeur dans lequel elle évoque une créature issue du vaudou caribéen : le Soucougnan. Nous vous proposons tout d'abord de découvrir ces vampires particuliers des Caraïbes à travers un article rédigé par Spawy, puis de lire un passage du chapitre 5 du roman précédemment cité.

 

 

  Le Soucougnan est le vampire du vaudou caribéen, une femme ayant le pouvoir de se transformer en oiseau noir ou en boule de feu, à la nuit tombée. Le vaudou quant à lui est une religion originaire d'Afrique de l'Ouest qui s'est répandue aux Caraïbes et en Amérique du Sud au XVIIème siècle. On la retrouve sous la désignation de quimbois dans les Antilles Françaises. Elle est principalement connue pour sa croyance aux zombies, des morts revenant à la vie, et sa pratique de la sorcellerie sur des poupées, mais elle se définit également par ses rites d'incorporation, consistant à autoriser un esprit à prendre provisoirement possession de son corps.

 

Le Soucougnan ou Soukouyan est lié à une espèce d'arbre des zones tropicales : le kapokier, dit aussi fromager. Pouvant atteindre quarante mètres de haut et le tronc recouvert d'épines, il produit une fibre végétale, le kapok, que les habitants des Caraïbes ont longtemps refusé d'utiliser comme coton, craignant la colère de son habitant nocturne. Pour la petite histoire, le fromager est appelé "arbre aux esclaves" aux Antilles, car il servait à punir ces derniers. S'ils se montraient récalcitrants, ils étaient ligotés autour du tronc par du cuir mouillé qui, une fois séché par les rayons du soleil, se rétractait, rétrécissant l'espace entre le corps de l'homme et les épines de l'arbre, jusqu'à ce qu'elles lui lacèrent la peau - les hommes sont toujours inventifs quand il s'agit de torture.


Le Soucougnan attend la nuit tombée pour grimper au fromager et, une fois à l'abri des regards, retirer sa peau humaine. Il la suspend aux branches tandis qu'il prend la forme d'un oiseau ou d'une boule de feu, puis part en quête des victimes dont il sucera le sang. Il doit impérativement revenir avant le lever du jour pour remettre sa peau, sous peine de se voir réduit en fumée. Néanmoins, une fois très âgé, il peut échanger sa peau ridée avec celle d'un cadavre, pour bénéficier d'une nouvelle jeunesse.

 

Le Soucougnan est donc une femme mal intentionnée qui, la plupart du temps, fréquente ses victimes de la nuit durant le jour. Vivant à proximité du fromager, elle s'attaque en priorité à des proches qu'elle déteste. Il serait possible de l'identifier en notant l'identité de la première personne croisée chaque matin, car le Soucougnan ne pourrait s'empêcher de revenir sous forme humaine assister au réveil de celui ou celle à qui il s'en est pris.


Pour se protéger de lui il existe différentes options, allant de tracer une croix sur le sol à mettre ses vêtements à l'envers, en passant par fumer une cigarette. Celle-ci le ferait fuir, mais ne vous en servez pas comme prétexte, bande de petits toxicos !

 

Il est possible de le tuer et les plus attentifs d'entre vous auront déjà compris comment. En effet, puisque le Soucougnan doit absolument revêtir sa peau humaine avant le lever du soleil, il suffit de l'empêcher de la mettre pour le neutraliser. Pour cela, une méthode infaillible consiste à enduire la peau de piment, de sel et de gingembre, pour qu'elle le brûle dès qu'il tente de l'enfiler. Il ne pourra pas la mettre à temps, se blessant chaque fois qu'il la touchera, et sombrera avec le matin.

 

 

 

/Spawy

 

 

 


 

Black-Jack-Caraibe-Tome-1-La-Dame-de-coeur.jpgBLACK JACK CARAÏBES - TOME 1, La Dame de Coeur

Valérie Lieko

 

Copyright Valérie Lieko 2015. Tous droits réservés.

ISBN-13 : 978-1519382498

 

 

 

Il démarre en trombe comme un forcené, soulevant une nuée de poussières derrière lui. À défaut de moto, cela l’amuse puérilement ce genre de départ. Il roule vers le territoire français. Il ne sait pas trop où errer. Pas grand-chose à faire à cette heure-ci, à moins que de vouloir terminer dans un bar. Il arrive au rond-point de Bellevue, s’engage dans la rue de Hollande. Quelques bars sont encore animés, mais il n’a pas envie de cela. Il continue sa route. Il traverse le quartier de Concordia puis file vers l’ouest de l’île. Sans s’en rendre compte, il se retrouve devant les prairies du quartier de Cul-de-sac, juste avant la déchetterie de la partie française. Il s’arrête brusquement là. De toute façon dans quelques centaines de mètres, il ne pourra pas aller plus loin. L’herbe se fait très rare, voire inexistante. Aussitôt, des chevaux viennent à lui avec des airs de mendicité. Il distribue à chacun quelques brins d’herbe qui ont réussi à survivre à la sécheresse qui perdure depuis des mois. Ils les dévorent instantanément.

Sur la clôture aux barbelés rouillés, Andrew a l’attention captée par une pancarte en bois, recouverte d’une peinture blanche vieillie, craquelée de partout. Il déchiffre, non sans difficulté, l’inscription écrite en lettres capitales noires, à moitié effacées :

 

COURS D’ÉQUITATION

ROUTE DU GALION

ENFANTS ET ADULTES

CONTACT 0590 22 22 22

 

À cet instant précis, Andrew repense à son inconnue. L’insondable Soledad de La Cruz. C’est seulement qu’il réalise sa signification en français : Solitude de La Croix… Cela sonne beaucoup plus dramatique en français. Il enregistre méthodiquement dans son téléphone le drôle de numéro, composé uniquement des chiffres 2. Le centre est situé près de la plage du Galion. Depuis qu’il est revenu de son long séjour new-yorkais, il passe rarement dans ce coin-là. Pourtant, enfant et adolescent, il y allait presque tous les week-ends en famille avec sa mère et sa grand-mère lorsque celle-ci pouvait encore se déplacer. L’eau y est calme, formant une sorte de lagon protégé par une barrière de corail qui bloque les fortes vagues. Les enfants ont pied très loin, permettant ainsi aux adultes de se prélasser la conscience tranquille.

Il grimace quelque peu en s’imaginant bientôt entreprendre des cours d’équitation tout près de là. Ce sport lui renvoie l’image de personnes bien nanties. Il ne s’imagine pas réellement en pratiquer un jour. Mais l’aube pointe son nez. Les moustiques sont déjà là, tournant autour de lui comme de minuscules vautours et finissent par le piquer sur la moindre parcelle de peau non couverte. Il remonte dans sa voiture, retraverse le quartier de Cul-de-sac et repart vers l’est. Il observe les travailleurs du jour qui se préparent à sortir. Le monde de la nuit va disparaître, le monde du jour va naître.

Andrew se convainc enfin de regagner son domicile. Il possède un studio à la résidence de l’anse des Sables, sur la route de Sandy Ground. Claudio Lorenzetti avait été son garant auprès de sa banque pour obtenir un prêt. La mère d’Andrew lui avait recommandé de ne pas accepter. Cela lui paraît toujours anormal de recevoir ce genre de faveur. Que devra-t-il faire un jour en retour pour cet homme ? Mais Andrew ne l’avait entendue que d’une oreille. Cela lui avait permis d’être propriétaire de son logement, une situation rarissime pour un jeune de Saint-Martin, peut-être pour tout jeune en général. Psychologiquement, même s’il en a pour dix ans à rembourser ses créanciers, cela lui est agréable d’ouvrir une porte et trouver derrière celle-ci son « chez lui ». Sa mère s’inquiète parfois de tout ce qu’entreprend Claudio pour son fils, elle ne croit pas à la générosité gratuite.

Il gravit en courant les escaliers qui le mènent au second étage. Sa mère lui avait recommandé d’être au rez-de-chaussée pour pouvoir évacuer plus rapidement en cas de tremblement de terre. Mais pour lui, ce qui compte avant tout, c’est d’être ébloui par la vue. Dans le couloir, il rencontre Richard Jespère, un métropolitain du sud, à la taille limite pour un homme, qui bosse comme saisonnier dans une discothèque à Maho Bay. Richard a les yeux atrocement cernés, comme si quelqu’un avait passé un crayon gris puis noir sur ses paupières inférieures. Apparemment, à l’inverse d’Andrew, il ne semble pas supporter aussi aisément le travail de nuit qui requiert une endurance physique hors norme.

Malgré une voix rauque et submergée de fatigue, Richard s’adresse toutefois avec sympathie à Andrew :

— Alors, toi aussi tu viens seulement de finir ta nuit ?

— Oh, j’ai traîné un peu avant de rentrer. Mais le pire, c’est que je n’ai même pas sommeil.

— Ça m’arrive parfois. Tu verras dans l’après-midi, ça te tombera dessus et t’auras du mal à te réveiller pour aller bosser.

— Malheureusement, pas forcément !

— Dis donc, t’as de la chance d’avoir toujours tes chaussures devant chez toi. Elles n’ont pas l’air neuves, mais quand même t’as pas peur qu’on te les pique ?

— C’est une invention de ma mère… Elle veut me protéger des mauvais esprits.

— Ah bon ? Des mauvais esprits ? C’est quoi ce délire ?

— Ma mère croit dur comme fer que de mauvais esprits peuvent te visiter la nuit pendant que tu dors. Certains d’entre eux sont dépourvus de pieds. Si tu mets une paire de chaussures devant ta porte, ils vont passer la nuit à tenter de les enfiler sans y parvenir. À l’aube, exténués, ils s’en iront…

— N’importe quoi ! Encore une de ces croyances vaudoues ?

— Non pas tout à fait. C’est du folklore de La Caraïbe. D’après ma mère, c’est grâce à cela, entre autres, que je ne suis jamais tombé gravement malade. Aucune fièvre bizarre depuis que je suis né. Maintenant, moi, par superstition je perpétue ce rite. Comme ceux qui ne veulent absolument pas être treize à table, sous prétexte qu’il y aura un décès dans l’année. Tu devrais d’ailleurs en faire autant. Tu sais, les moustiques sont parfois sans pitié par ici.

— C’est ça ! Et pourquoi pas des gousses d’ail tant qu’on y est.

— L’ail n’a aucune efficacité, paraît-il, sur ce type de mauvais esprits !

— Et le bol rempli de grains de riz, c’est pourquoi ?

— C’est pour les soucougnants ou soucouyants comme ils disent à Trinidad. Ce sont des vieilles femmes accusées d’une sorte de vampirisme et qui ont conclu un pacte avec le démon. La nuit venue, elles ôtent leur vieille peau puis se rendent chez les gens, jeunes de préférence, se nourrir de leur sang. Mais si elles voient un bol de riz, elles ne peuvent s’empêcher de compter les grains un à un sans pouvoir s’arrêter. À l’aube, elles s’en vont avant le lever du soleil. Mais le mieux, c’est que dès que tu les as démasquées, tu pars vite chez elles brûler leur vieille peau en versant du sel dessus. Ne pouvant plus la remettre, elles mourront. D’autres racontent aussi qu’une fois le sel déposé sur la peau, on peut voir la créature prendre feu là où elle se trouve. Allez, file te coucher, bon repos !

— Bon repos, tu en as de bonnes après tout ce que tu viens de me raconter. Allez ciao !

Andrew ouvre la porte de son studio. Il a exactement 58 mètres carrés pour vivre. C’est largement suffisant comme espace tant qu’il vit seul. Et puis, il a quand même une petite terrasse extérieure avec vue sur la mer Caraïbe et quelques bateaux de plaisance. Il met à peine un pied à l’intérieur que Zoé, son chat, vient près de lui se frotter, en ronronnant bruyamment contre ses longues jambes. Ses poils blancs vont encore s’accrocher au pantalon de son beau costume, mais il la laisse toutefois continuer à l’accueillir. Il l’avait recueillie l’an dernier, dans un état presque cadavérique. Il ne pensait pas qu’elle allait s’en sortir avec autant de facilité, juste en la nourrissant progressivement. Trois mois plus tard, elle l’avait récompensée à sa manière en lui déposant quelques souris et quelques rats morts. Puis, il l’avait trouvée anormalement lourde et volumineuse. À sa grande surprise, elle était venue mettre bas à ses pieds, de deux chatons qui coulent désormais des jours paisibles chez Marilyn et Emma.

La vétérinaire avait ensuite empêché que Zoé puisse avoir la possibilité d’en avoir d’autres. Il paraît que c’était mieux pour sa santé. Andrew avait eu du mal à se résoudre à donner son accord pour un acte si radical. Sa mère était contre. Il fallait laisser faire la nature. C’est pour cela d’ailleurs qu’elle avait gardé Andrew alors que son père n’en voulait pas. C’est pour cela sans doute qu’il les avait quittés et qu’il l’avait renié jusqu’à ce jour… Mais avait-il bien fait de suivre le conseil de la vétérinaire ? Peut-être ? Zoé ne semble pas contrariée de son nouveau statut de chat stérile. Mais après tout, comment peut-il savoir ce qu’elle pense réellement ? Lui, il n’aimerait pas ne plus pouvoir avoir d’enfants juste sur décision d’autrui, sans avoir la possibilité de s’exprimer.

Andrew a tout à coup très faim. Il beurre l’un de ses sandwichs mous qu’il trouve en paquet de dix au Simply Market du coin. Du pain industriel… Il aimerait retrouver les tartines auxquelles il avait pris goût lors de son séjour en Belgique. C’était lors de sa deuxième formation de croupier. La boulangère lui servait l’un de ces pains qu’ils appelaient « de campagne ». Le matin, sur une tranche de ce pain de mie, il y étalait abondamment une épaisse couche de confiture de fraises artisanale qu’il achetait au marché qui se tenait tous les samedis matin. Un vrai délice, surtout lorsqu’il la trempait ensuite dans son bol de café noir légèrement sucré. C’était sa dose de vitamine avant de sortir dans le froid et le brouillard. Ce temps-là pourtant ne l’avait pas tant dérangé. Il entendait les gens s’en plaindre sans cesse, mais Andrew avait apprécié cette humidité froide qui transperçait ses os, il ne sait pas pourquoi. C’était sans doute quelque chose d’exotique pour lui, ou plutôt un temps idéal pour faire le deuil d’un père qu’il n’avait jamais eu. Mais peut-on faire le deuil de quelque chose que l’on n’a jamais possédé ? N’est-on pas dans le désir inconscient que ce père qui n’en est pas un se transforme en père réel ? Toujours est-il que c’est après ce séjour qu’il s’est senti mieux. Il a accepté comme du pain béni, l’équivalent de paternité que lui offrait Claudio Lorenzetti.

 

Dix-neuf heures, Andrew se réveille en sursaut. Contre toute attente, il s’était en fin de compte endormi. Doit-il déjà contacter le centre équestre ? N’est-il pas ridicule de vouloir suivre des cours d’équitation juste parce qu’une femme lui a lancé ce défi ? La reverra-t-il seulement un jour ? Mais tandis qu’il se torture inutilement, il compose déjà de façon machinale le numéro. Au bout d’une dizaine de sonneries, il est prêt à raccrocher lorsqu’une vieille femme lui répond :

— Centre équestre Seaside, bonjour !

— Bonsoir, Madame, euh Andrew Brooks à l’appareil. Excusez-moi d’appeler sans doute un peu tard, mais…

— Non, c’est très bien. L’avenir, jeune homme, appartient à ceux qui se couchent tard. Soyez-en assuré ! Que désirez-vous, mon cher ?

— Je voudrais suivre des cours d’équitation. Est-ce possible les après-midi ?

— Tout à fait possible. Vous avez vu la pancarte ?

— Euh oui…

— Il faudra qu’on la repeigne, elle date un peu. Sinon, êtes-vous débutant ?

— Oui, pourquoi cela pose-t-il un problème ?

— Non, c’est juste pour savoir dans quel groupe nous devons vous placer.

— Écoutez, je veux progresser assez vite !

— Tenez donc, encore un de ces jeunes fougueux qui veut brûler les étapes.

— Vous m’avez mal compris. Je voudrais spécifiquement pouvoir bénéficier de cours individuels. Je suppose que c’est mieux pour progresser plus efficacement ?

— Si vous le souhaitez, mais c’est un peu plus cher.

Andrew raccroche après avoir fixé les jours et les heures de leçon et écouté d’une oreille attentive les différentes démarches que la vieille dame lui énonçait comme une leçon de catéchisme. Il espère sincèrement que ce n’est pas cette femme qui va lui procurer les leçons… Il respecte les vieilles personnes, mais celle-ci semble avoir une toile d’araignée dans la cervelle. Quelle façon bizarre de le taquiner.

 

Le lendemain, il se rend au magasin de sport dans le quartier de Bellevue, en espérant y trouver l’équipement nécessaire à ce sport original. Les grandes enseignes n’ont pas encore envahi Saint-Martin, mais il espère qu’il pourra malgré tout trouver le nécessaire. L’immense parking de la zone commerciale est rempli à ras bord. Il a du mal à trouver une place libre. Il tourne plusieurs fois. Un quad quitte finalement son emplacement, il se gare. À côté de lui, le hasard des mauvais jours l’a placé juste à côté de son père qui regagne sa voiture accompagné d’une énième conquête. Son père ne lui lance même pas un regard glacial, il fait pire : il l’ignore. Andrew tente de l’imiter et de simuler une indifférence réciproque. Il marche jusqu’à la boutique de sport, prêt à chavirer. On ne peut pas feindre l’indifférence par simple mimétisme, les plaies liées à l’abandon ne se cicatrisent pas si aisément. Il tourne en rond dans le magasin, enragé d’avoir revu ce père factice. Il ne sait pas quoi acheter. Il s’égare de longues minutes dans les rayons, trop orgueilleux pour demander de l’aide. L’un des vendeurs ayant repéré son errance infructueuse vient, au bout du compte, à son secours. Il ressort du magasin quelques dizaines de minutes plus tard avec une paire de bottes noires et ce qu’ils nomment une bombe. Drôle de mot pour désigner le casque du cavalier, songe-t-il. Il espère que cette bombe ne va pas creuser sa tombe…

Il file ensuite chez son médecin de famille. C’est lundi aujourd’hui, Andrew est plus à l’aise pour effectuer toutes ces courses et démarches lorsqu’il sait qu’il ne passera pas la nuit au casino. Il lui reste une dernière formalité à remplir avant qu’il ne puisse démarrer ses cours. La vieille dame du centre équestre Seaside avait insisté pour qu’il fasse vérifier ses vaccinations et faire pratiquer, si nécessaire, un rappel contre le tétanos. Une blessure des plus banales pourrait lui être fatale, lui avait-elle expliqué, surtout dans ce milieu équin baignant dans la chaleur tropicale.

Il pénètre dans la salle d’attente. De toute évidence, c’eût été trop beau que de pouvoir entrer et sortir quelques minutes plus tard de chez son toubib… La pièce croule sous une foule de malades. Andrew reste debout, adossé contre un pan de mur recouvert de toutes sortes de recommandations inutiles : fumer est dangereux pour la santé, manger cinq fruits et légumes par jour, pratiquer une activité physique régulière… Il n’a jamais vu autant de gens fumer et en particulier les femmes françaises. Il n’a jamais vu non plus autant de gens obèses sur son île, l’influence du pays de l’Oncle Sam si proche, probablement…

Plusieurs femmes enceintes sont assises côte à côte. S’il ne connaissait pas aussi bien son médecin de famille, il pourrait s’imaginer être tombé par étourderie au beau milieu d’une consultation de gynécologie-obstétrique. Au bout de deux longues heures d’impatience, c’est enfin son tour.

— Bonjour Dr Gautier. Quelle foule aujourd’hui !

— C’est normal, nous sommes lundi. Mais, il y a peut-être, il est vrai, un peu plus de monde que d’habitude. Aujourd’hui, c’était la série des femmes enceintes. Elles ont toutes été piquées atrocement par de voraces moustiques, au cou et aux chevilles. Ça a provoqué une réaction locale très importante. Rien de grave, juste un peu de fièvre et de la fatigue. Je me souviens lorsque j’étais jeune interne sur l’île de la Basse Terre en Guadeloupe qu’il y avait eu un début d’épidémie de ce type. Puis, l’épidémie s’était arrêtée après le départ précipité d’une pauvre vieille dame. Les gens du coin avaient lancé plus qu’une rumeur, mais de hargneuses accusations, en affirmant que cette vieille femme qui vivait reculée en était responsable. Heureusement qu’on a la science pour trouver des explications plus rationnelles. J’espère que tu n’y crois pas à ces balivernes ? Tu sais, c’est comme ça en médecine, les maladies viennent groupées, par thème. La semaine dernière, c’était les gastro-entérites. Et la semaine d’avant, des jeunes hommes pris d’une fatigue subite inquiétante. Sinon, que puis-je pour toi ?

— Euh, je vais bientôt suivre des cours d’équitation. Je ne sais pas si je suis en règle pour le tétanos, il paraît que c’est important de vérifier tout cela.

Andrew lui tend illico son carnet de vaccination dont les pages collent presque toutes les unes aux autres. Il se souvient tout à coup des sucreries que sa mère lui fournissait pour qu’il accepte de se laisser enfoncer une si longue aiguille par cet homme tout vêtu de blanc comme pour se donner un air innocent… Dix minutes plus tard, il ressort du cabinet du Dr Gautier avec une douleur dans le deltoïde gauche et aucune sucrerie pour le soulager…

 

Quelques jours plus tard, Andrew se rend à sa première leçon d’équitation. Le centre équestre Seaside est situé juste à côté de la ferme aux papillons et du centre de dressage canin, et comme son nom en anglais le laisse à supposer, non loin de la mer. Andrew gare sa BMW le long de la route de sable. Elle va sans hésitation encore mordre la poussière, mais de toute façon il est bientôt temps de la laver. Comme beaucoup de Caribéens, Andrew est extrêmement maniaque par rapport à l’état de propreté de sa voiture. Il faudra qu’il passe après son cours, l’asperger abondamment au Car Wash du rond-point d’Hope Estate. Il sait parfaitement que c’est du gaspillage phénoménal. Les boissons coulent à flots partout dans les bars, mais l’eau, elle, reste une denrée extrêmement rare à Saint-Martin. Il n’y a aucune source d’eau potable suffisante pour alimenter l’île, et les pluies se font souvent attendre comme en témoigne la présence abondante des cactus. Mais depuis qu’il y a cette usine de dessalement de l’eau de mer, les gens ont moins de scrupules. Andrew se demande cependant ce qu’en penseraient ses lointains ancêtres amérindiens. Ils devaient voir tomber la pluie comme une bénédiction des dieux et l’utilisaient certainement à meilleur escient. Mais il est un homme caribéen moderne qui aime que sa voiture brille de mille feux…

Andrew pousse la lourde barrière en bois qui protège l’accès au centre équestre. S’il n’avait pas eu, l’autre jour, la vieille dame au bout du fil, il aurait fait immédiatement demi-tour. L’endroit semble abandonné ou très mal entretenu par ses propriétaires. Cela ressemble quelque peu à un ranch des anciens westerns, avec beaucoup de cactus et aussi une multitude d’iguanes qui errent un peu partout à leur guise. Le jeans qu’il porte aujourd’hui et la chemise à carreaux cadrent avec perfection dans ce décor. Un énorme iguane, frisant le vert fluo, surdimensionné, s’approche de lui comme s’il était le gardien des lieux. Andrew frappe du pied pour le faire déguerpir. Ce ne sont pas des animaux dangereux, mais il préfère les savoir assez loin de lui, ces espèces de mini-dinosaures rescapés d’une lointaine préhistoire.

Il continue à avancer faisant mine de ne plus les voir. Comme pour faire taire ses appréhensions grandissantes, il aperçoit un splendide étalon noir, quelque peu nerveux dans son enclos, qui redore le blason de ce centre équestre si mystérieux. Il doit marcher quelques minutes et emprunter un chemin qui le conduit vers une ancienne habitation créole, tout en bois, qui tient encore miraculeusement debout. Quelques fromagers séculaires très imposants ou ceiba de leur nom amérindien, apportent un peu d’ombre à cet endroit caniculaire. Les Indiens Caraïbes évitaient d’utiliser son coton, car selon la légende, leur sommeil en eût été hanté. Par contre, les premiers colons, beaucoup plus terre à terre, l’avaient largement adopté comme bourre pour les oreillers et les traversins.

Il s’arrête tout à coup devant l’habitation coloniale. L’endroit est atypique, hors du temps. C’est assez rare de voir ce genre de construction sur l’île de Saint-Martin. D’ailleurs, il était persuadé qu’il n’en existait plus aucune sur l’île avec cette disposition typique de la maison du maître entourée par les cases des esclaves. Il n’y a pas eu de plantation de canne à sucre et donc aucune habitation typique avec la maison du maître entourée des cases de ses esclaves. Il en avait par contre beaucoup visité sur La Martinique, la plupart étaient devenus des musées ou des hôtels. L’argent et le tourisme permettent d’oublier certaines horreurs du passé.

Autour de la vieille habitation créole, des écuries en piteux état abritent quelques chevaux. Andrew se dirige presque à reculons vers elles. Un robuste Antillais d’une soixantaine d’années s’applique à brosser vigoureusement la robe d’un docile poney roux et blanc. Entendant des pas se rapprocher de lui, l’homme se redresse et avec un accent haïtien lui crie :

— Oui, c’est pourquoi ?

— J’ai rendez-vous. Je dois recevoir une première leçon d’équitation.

— Avec qui ?

— Madame Liliane de La Roche, enfin c’est elle que j’ai eue au téléphone. Je ne sais pas qui va me donner cours.

— Va donc sonner à la cloche qui se trouve devant la porte de l’habitation. Elle t’attend là-bas. Tu es en retard !

— Non, j’ai rendez-vous à seize heures.

— Il est seize heures. Il faut venir un peu avant pour préparer le cheval et le matériel.

— Ah ! Je ne savais pas. Merci ! Monsieur ?

— Amini, Amini Vincent.

Andrew quitte rapidement l’homme qui d’ailleurs s’est aussitôt replongé dans sa tâche de toilettage. Il fonce vers l’habitation. La cloche en bronze, décorée de chérubins et située à l’entrée au-dessus de l’encadrement de la porte, est rouillée à un point tel qu’une quantité importante de rouille se fixe sur la main d’Andrew. Lorsqu’il tire sur la chaîne pour faire tinter celle-ci, elle lui reste béatement entre ses doigts. Il est médusé. Il allait frapper à la porte, mais malgré l’absence du son de cloche, une très vieille femme blanche portant des lunettes de soleil opaques du dernier cri, vient quand même lui ouvrir. Un foulard bleu marine décoré de roses blanches camoufle toute sa chevelure sur laquelle un chapeau de paille à bords très larges est enfoncé.

— Bonjour, je suis Andrew Brooks. C’est pour la leçon d’équitation.

— Bonjour. Oui, je sais qui vous êtes. Et, comme je vois, vous portez bien votre nom, Brooks : « il casse… » Savez-vous que le nom que l’on porte influence notre personnalité ? Mais suivez-moi, il n’y a pas de temps à perdre.

— Pardonnez-moi, mais qui sera mon professeur ?

— Mais je vous pardonne. Ce sera moi ! Cela ne vous convient pas ?

— À vrai dire…

— Vous pensiez avoir affaire à une femme plus jeune ? Mon aspect physique vous déplaît ?

— Sans vouloir vous offenser, je m’attendais à quelqu’un d’un peu plus jeune pour me donner cours. Mais cela n’a rien à voir avec votre aspect physique. Je ne savais pas que l’on pouvait enseigner, disons… jusqu’à cet âge…

Liliane de La Roche passe devant lui en souriant, révélant ainsi de très belles dents qui contrastent avec sa peau si fripée. Liliane se dit que les hommes saint-martinois ont ce côté british, très poli qui lui plaît fortement. Andrew marche derrière elle. Il l’observe attentivement. Malgré son âge, elle fait partie de ces dames restées sveltes, toniques, énergiques, avec une démarche presque aristocratique. Elle est revêtue de ces habits en lin comme l’héroïne du film « Out of Africa ». Ce film que la mère d’Andrew a visionné plus d’une centaine de fois, presque autant que « Danse avec les loups » qu’elle lui préfère légèrement, car il met en scène des Indiens d’Amérique du Nord, ses lointains cousins…

La vieille femme l’emmène vers l’enclos renfermant le bel étalon noir aperçu à son arrivée. L’animal est excessivement nerveux. Son regard presque humain semble l’avertir qu’il ne faudra pas lui demander n’importe quoi et qu’il ne fera que ce qu’il veut bien. Andrew avale sa nervosité. Le ridicule ne tue pas, paraît-il. Mais il se sent extrêmement nul dans la peau d’un apprenti cavalier. Au final, ce n’est pas plus mal, se dit-il, que ce soit cette vieille dame son professeur. Il se sentira moins ridicule que s’il devait se produire devant une jeune et jolie rousse impitoyable. La femme lui apprend à sceller l’animal puis à mettre sans encombre le pied à l’étrier. Une étape cruciale déjà de franchie, songe Andrew. Déjà, il tient assis sur l’animal, un miracle. La leçon peut commencer. La vieille dame l’observe les bras croisés comme si elle le jaugeait. Il refrène une nouvelle bouffée d’anxiété lorsqu’elle décide, quelques dizaines de minutes plus tard, qu’il doit accélérer le trot et qu’il doit effectuer quelques tours au galop modéré…

Une heure plus tard, la leçon est terminée. Il descend avec une certaine agilité du cheval qui semble l’avoir adopté. La vieille dame lui tend la main comme pour le féliciter. Elle le regarde avec un sourire en coin. Un bref instant, il hésite. Il ne sait pas s’il doit considérer cela comme une espièglerie. Se moque-t-elle de lui ? L’a-t-elle trouvé médiocre en réalité ? Mais il accepte finalement celle-ci. Ne se tiennent-ils pas la main un peu plus que ce que les us et coutumes imposent ? Elle finit par lâcher sa main au bout d’interminables secondes. Pourquoi tremble-t-elle tout à coup ? Andrew, pour détourner l’attention, descelle l’animal et lui ôte les rennes. Il suit sa professeure qui semble avoir repris une attitude plus neutre et indifférente. Elle lui indique où ranger tout le matériel.

— La prochaine fois Andrew, venez un peu plus tôt. Vous savez maintenant où trouver le nécessaire pour atteler le cheval. Ce sera toujours celui-là. Vous vous débrouillerez comme un grand.

— D’accord, mais j’aurai peut-être encore besoin de votre aide au moins une fois pour être sûr d’avoir tout assimilé correctement.

— Ne vous inquiétez pas, il ne va pas vous mordre. D’ailleurs ceux-là non plus ! dit-elle en montrant une vingtaine d’iguanes qui avancent sans crainte vers eux. Dans un sac de toile brun accroché au mur, elle sort quelques morceaux de pain rassis. Elle se place au milieu d’eux et distribue celui-ci comme si elle se trouvait au centre d’un poulailler. Sans qu’on les supplie, les reptiles se jettent sur la nourriture avec voracité. Elle en profite pour en caresser quelques-uns.

— Venez, ils sont gentils !

— Non merci, très peu pour moi.

— Quelle bravoure jeune homme ! Avoir peur d’un animal qui se nourrit de pain… Jetez du pain au lion, vous verrez une tout autre réaction.

Andrew ne peut s’empêcher de sourire à cette réflexion. Quel humour cette femme ! On ne doit pas s’ennuyer souvent avec elle. Il serait bien encore resté un moment, mais l’heure tourne toujours si vite lorsque l’on se plaît. Avec regret, il décide de repartir sans tarder. Il trouve cette madame de La Roche charmante, mais peut-être plus encore. Sa singularité l’interpelle et ses taquineries l’amusent. Mais elle est de plus une excellente professeure. Il a presque honte d’avoir douté d’elle. Il est satisfait d’avoir relevé le défi de cette première leçon. Il a surmonté l’angoisse d’une chute, sa crainte majeure était que le cheval se cambre. Il la salue, en se disant qu’il n’a même pas pu entrevoir à une seule reprise la couleur de ses yeux. Cela le dérange quelque peu. Il ne peut pas se faire une opinion sincère sur quelqu’un sans sonder son regard. Probablement que la très forte luminosité qui règne sur l’île incommode la vieille dame.

Sur le pare-brise de sa voiture, il découvre un petit mot anonyme, rempli de fautes d’orthographe : ne revien pa, elle son dangereuse. Plus loin, il croit voir disparaître la silhouette d’un probable sans-abri, un cracké certainement. Andrew aurait bien voulu le rattraper pour lui demander si le mot était de sa main, mais il veut aller se reposer chez lui avant de prendre son poste au casino. De toute façon, il n’y a pas de raison de prêter attention aux élucubrations d’un drogué…

 

 

 

Fin de l’extrait

 

Merci de m’avoir lue ! J’espère que cet extrait vous a plu. Des commentaires ? Écrivez-moi, j’aurai toujours à cœur de vous répondre :

 

www.valerielieko.com

 

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La suite est disponible sur Amazon (format papier et kindle)

 

 


06/12/2015
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Chroniques d'Arda : Sauron

   Bien les bonjour chers lecteurs, et bienvenue en Mordor pour ce pénultième article sur le monde fantastique de John Ronald Reuel Tolkien. En effet, nos aventures en Terre du Milieu sont presque terminées.


1531566_942763615805036_5913874651719015159_n.jpgNous sommes passés par les plus grandes entités d’Arda mais il nous en reste deux à découvrir. Aujourd’hui, c’est de Sauron, le second Seigneur Noir du Mordor, que nous allons parler. Sauron est un Maiar au même titre que Gandalf, c’est-à-dire un demi-dieu. Je vous rappelle que Valar et Maiar sont des êtres purement spirituels, pouvant prendre n’importe quelle forme physique. Souvenez-vous-en, c’est important pour la suite.
Sauron fut le premier à la suite de Melkor. C’était son plus fidèle serviteur, le premier des corrompus. Ainsi, lorsque Melkor prit le nom de Morgoth et la fuite, Sauron le suivit avec Gothmog et les autres serviteurs corrompus. Si Gothmog fut le capitaine des Balrogs, Sauron devint le capitaine des loups-garous, une troupe de Maiar ayant pris forme lupine (adjectif en vieux français de loup ; oui, vous apprenez quelque chose), et des wargs et autres bêtes apparentées au loup. Il apparaît d’ailleurs à ses ennemis sous la forme d’un grand et puissant lycan.

Si Sauron prend ici sa forme connue la plus bestiale, il est bon de remarquer qu’il ne se bat que peu souvent. Son esprit retords (aussi retords que celui de son maître) fait de lui un fin stratège. Aussi se contente-t-il de planifier ses batailles et de manipuler ses troupes depuis sa forteresse, pour fuir lorsque cela lui est nécessaire. Il se terrera très discrètement lors de la chute de Morgoth, à l’instar des Balrogs.

Plus tard, il fit renaître le Mordor, combattant elfes et hommes. Son plus grand ennemi devint Númenor, qui s’installa sur le continent avec le Gondor et l’Arnor. Ainsi, au bout de nombreuses batailles appelant de maigres victoires, tantôt pour Númenor tantôt pour le Mordor, une idée vint titiller l’esprit malade de Sauron : détruire l’adversaire de l’intérieur. Il profita d’une bataille décisive pour les insulaires pour se faire capturer. Si les hommes voyaient là une grande victoire et la fin de grands maux, Sauron se frottait les mains. En effet, les bougres étaient tombés dans son piège le plus audacieux alors ; son plan fonctionnait à merveille. Il avait pris avant sa capture une forme magnifique, proche de celle des elfes (par proche des elfes, j’entends d’une beauté infinie mais sans les quelques attributs ethniques tels que les oreilles pointues). Arrivé sur l’île il patienta un moment, en tant que prisonnier. Quelle importance ? Il était immortel ! Quelques dizaines d’années n'étaient rien pour lui et il savait être patient. Comme nous l’avons vu plus tôt, il parvint à s’attirer la faveur du Roi actuel de Númenor. Ainsi, il devint son plus proche conseiller et arriva même à pervertir son esprit. Sa forme fut pour beaucoup dans son succès. Il fit bâtir un temple à la gloire de Morgoth au centre même de la capitale. Aussi le culte des Valar fut banni et il convainquit le roi de monter une expédition contre lesdits Valar.

S’ensuivit Akallabêth. Mais c’est une chose que Sauron n’avait pas prévue, et il manqua de peu de se faire engloutir avec l’île, lui qui était resté sur Númenor, ayant la présence d’esprit de ne pas se frotter directement aux plus puissants êtres ayants jamais foulé Arda. Pour échapper au cataclysme, il dût abandonner sa forme physique et utiliser une grande partie de son pouvoir. Par la suite, il fut incapable de reprendre cette forme d’une plastique parfaite.

Mais ce n’était pas son dernier tour. Il lui restait une carte à abattre, et quelle carte ! Je ne vous fais pas le déshonneur de vous expliquer la fin de Sauron, mais il lui reste son plus grand coup de maître à faire. Je vous fais donc un gros bisou. A la prochaine fois pour la conclusion de ce voyage.

 

 


/Le Prof, qui n’a pas honte de ce teasing foireux


19/12/2015
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Le Père Noël !

  Quel est le point commun entre un soda américain, le diabète et un juif ? Le Père Noël bien sûr ! Vous pouvez trouver maintes vidéos traitant de la « naissance » du petit papa noël sur l’internet et cet article vous semblera peut-être superflu. Certes, mais je vais quand même vous raconter l’histoire de ce très cher Nicolas.

 

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L’origine du personnage du Père Noël est multiple. En effet, si l’on énumère un peu tout le bousin, on arrive à remonter un bel arbre généalogique. Nous allons partir du plus récent pour arriver au plus ancien.

 

La forme que nous connaissons aujourd’hui du barbu est surtout américaine (Fuck Yeah !) avec son manteau rouge *soda aromatisé au cola dont on ne citera pas le nom*. Il faut savoir qu’avant le rouge de cette pétillante boisson, il était passé par plusieurs autres couleurs comme le bleu, le vert et le violet (le gars c’est un sabre laser en fait). Ces diverses images et nouvelles lui ont donné son allure de bonhommie (et non pas le soda, lol) transcrite par un léger surpoids qui rend les séances photo plus confortables. Mais sa vieillesse et sa gentillesse ne datent là. Il les avait déjà avant de partir aux USA (Fuck Yeah !), c’est-à-dire avant de quitter notre bonne vieille Europe.

 

Ceux d’entre vous qui habitent le nord de la France ou la Belgique connaissent le point de départ européen du Père Noël puisqu’il s’agit de Saint Nicolas, le saint patron des écoliers que l’on fête le 6 décembre. Saint Nicolas n’est pas belge, il est néerlandais et répond au doux nom de Sinterklaas (qui, en anglais, sera déformé et donnera Santa Claus). Sinterklaas, c’est un vieil homme mince à la tenue de curé, avec une longue barbe blanche, une crosse sur laquelle s’appuyer, un âne qui porte les sacs de mandarines et de charbon, un acolyte aussi noir que le charbon qu’il donne aux mauvais enfants (sans compter les coups de martinet). Sinterklaas, c’est le bonheur de l’enfance. Sinterklaas, c’est aussi un nom qui claque ! C’est autre chose que « petit papa noël » ! Saint Nicolas, c’est un évêque turc canonisé (Saint Nicolas de Myre) du IIIème siècle après Jean-Charles.

Mais si l’évêque Nicolas de Myre était connu pour aider les pauvres en leur offrant de la nourriture et des cadeaux, il est fort probable que cette facette de Saint-Nicolas à offrir des cadeaux lui vienne d’un lutin nordique appelé Julenisse qui apporte des cadeaux pour fêter la moitié de l’hiver. Julenisse qui serait lui-même inspiré du grand et puissant Odin qui, selon Wikipédia, distribuait des cadeaux aux enfants scandinaves.

 

Si le Père Noël est aussi connu, c’est très certainement grâce au repêchage marketing de sa figure depuis la fameuse marque de soda qui alliait la coca à la cola, mais aussi à sa prestigieuse ascendance qui lui donnera toutes les cartes en mains pour devenir iconique.

 

Je vais finir cet article de la fatigue en vous souhaitant un très joyeux Noël, vœu auquel toute l’équipe de l’Encyclopédie Fantastique se joint bien évidemment.

 

 

 

/Le Prof


26/12/2015
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Krampus

1476508_949068641841200_4912312713349253224_n.jpg  Bien le bonsoir, quelle que soit l'heure à laquelle vous lisez ces lignes, puisque je les écris alors que le soleil s'est déjà couché, à 18h30 (maudit sois-tu, solstice d'hiver).

Je viens vers ceux qui sont attentifs à mon verbe, pour vous parler d'une créature folklorique, qui est de bon ton avec la période que nous traversons... Enfin que nous venons de traverser. Et j'entends déjà les plus malins d'entre vous : "Hohoho, il va nous parler de Saint Nicholas, ou du père Noël, hé le vieux, l'article est déjà sorti !" Silence pauvre inconscient, je m'en vais vous parler d'un de ses pires collègues de travail.

Certains d'entre vous peuvent déjà être familiers avec le mythe de Krampus. Faisons bref pour sa description, car il est des choses sur lesquelles la bienséance refuse que l'on s'attarde.
Imaginez Satan, oui, lui même. Les sabots, les poils, et la carrure grotesque qui lui est caractéristique. Maintenant remplacez sa tête de chèvre par celle d'un bouc aux traits humains, ou un humain aux traits de bouc, peu importe. Atrophiez ses cornes et allongez les. Puis, maigrissez son corps et donnez lui une démarche aussi malveillante que maladive. Enfin, aiguisez ses dents, et sortez lui de la gueule, une langue fine et tortueuse. 
Vous vous trouvez devant Krampus, la créature qui fait trembler de peur le père fouettard occidental. Il est même parfois représenté couvert de chaines et de liens pour signifier son attachement à l'enfer.
Il existe une maxime populaire prétendant que si, à la place de dire aux enfant que le père Noël leur apportera du charbon s'ils ne sont pas sage, on leur disait que Krampus viendrait les trouver dans leur chambre pour les emporter avec lui, il y aurait beaucoup moins de délinquance juvénile dans le monde occidental. Quoique certaines versions le montrent en train de distribuer des branches de bouleau et les fameux morceaux de charbons. Peu crédible, qu'on ne me fasse pas croire que son sac dans le dos sert uniquement à transporter du linge sale.

Je dis bien sûr occidental, car vous l'aurez compris, cette créature nous vient du folklore austro-bavarois, et certains historiens pourraient même le rattacher à la période pré-chrétienne, et donc aux cultes paiens slovènes et bavarois.
Il semble originer des traditions alpines (pré-chrétiennes toujours), notamment inspiré du Dieu cornu, figure de la religion Wiccane. Émanant de ces tradition de nombreux rites païens germaniques, où dans certaines fêtes on faisait défiler des diablotins masqués, il semble s'être popularisé vers le XVIIeme siècle, où il a été finalement associé avec Saint Nicholas, par les célébrations chrétiennes. Il semble avoir traversé de nombreuses frontières et cultures, et on peut le retrouver même jusqu'en Croatie.

Tout ça pour dire quoi finalement.
Si l'on devait donner une date de création au Krampus, le pauvre bougre qui se verrait confier la tâche se retrouverait dans une impasse. Car vous l'aurez compris, il s'agit là d'une créature qui traverse le temps et les cultures. Il est né avant Noël, pourtant il est le compagnon de Saint Nicholas. Il est associé à Satan alors que ses origines remontent jusqu'avant la christianisation. Il est représenté tantôt comme un homme, tantôt comme un animal diabolique, et son apparence a changé de nombreuses fois avant de se stabiliser au 17ème siècle.
Messieurs mesdames, il existe des créatures qui s'adaptent et évoluent à travers le temps. Au lieu de mourir et de s'éteindre dans de vieux livre d'histoire, elles sont remodelées et reviennent sans arrêt à la vie comme un édifice qui s'écroule, et qui est constamment réparé et redécoré.

Je vous laisse à vos cauchemars et vous souhaite d'être très, très, très sages durant l'année à venir. Rendez vous service, vous ne voulez pas être sur sa liste...
 
 

/Un Vagabond Immobile
 

29/12/2015
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Le Feng Du ou les dix enfers

  Salutations ! Aujourd'hui je suis de retour, non pas pour vous jouer un mauvais tour, mais pour continuer notre voyage dans la mythologie chinoise. Cette blague médiocre et sans saveur me semble idéale concernant le sujet de l'article : Le Feng Du.


Le monde souterrain (ou Feng Du) est composé des dix enfers de la mythologie chinoise. Ces enfers sont les lieux où l’âme d'un nouvel arrivant est jugée et punie (ou non) jusqu’à sa réincarnation. Chaque enfer est dirigé par un roi auquel l'Empereur de Jade a confié la bonne marche du royaume.

 

L'arrivée: Un démon accueille l’âme et vérifie son identité dans un grand livre afin de s'assurer qu'il n'y ait pas eu d'erreur. Une fois les tracasseries administratives accomplies, l’âme est envoyée vers les dix enfers en commençant par le premier.

 

La Terrasse des Miroirs: Le premier enfer est dirigé par Qin Guang Wang, qui est le premier à juger une âme fraîchement arrivée. Elle est alors amenée devant le Miroir des Rétributions, ou elle est forcée de revoir chaque détail de sa vie passée. C'est alors qu'est décidé si l’âme doit aller dans un enfer, et si oui, dans lequel.

 

La Baie d'Immondices et l'Enfer de glace (oui tout ça, ça fait un seul enfer, ta gueule): Qu Jian Wang règne sur cet Enfer. Les pervers et les dépravés (Ca c'est nous, estimés collègues !) sont plongés dans un bain d'ordure puant, tandis que les mauvais médecins, les kidnappeurs et les entremetteurs malhonnêtes sont immergés dans un lac d'eau gelée et condamnés à rester prisonniers de la glace.

 

La Prison sans Dessus-Dessous: Song Di Wang punit les drogués, les évadés, les blasphémateurs et les meurtriers en les pendant par les pieds. Leurs genoux sont brisés, ils sont écorchés et leurs yeux sont arrachés par des démons. Les profanateurs de tombes sont également condamnés à frire sur une grille de cuivre.

 

Le Lac de Sang et La torture des abeilles: Régi par Wu Guan Wang, cet enfer est le lieu dans lequel les âmes des escrocs et des tricheurs sont dévoré par des milliers d'abeilles avant d’être plongées dans un lac de sang noir. Des démons en profite pour les frapper avec des masses pour les réduire en pulpe sanglante.

 

Les Seize Départements du Cœur gémissant: Yen Lo Wang, dieu de la Mort, est le Roi de cet Enfer au sein duquel les immoraux sont contraints d'observer les effets de leurs péchés sur leurs proches encore vivants. Après quoi ils subissent différents châtiments puis leur cœur est arraché et bouillie par des démons ricanant (grosse ambiance).

 

L'Enfer des Tortures Hurlantes (oui parce que jusqu’à maintenant c'était les "enfers des tortures marrantes"): Dans cet enfer sur lequel règne Bian Cheng Wang, les âmes s'étant vautrés dans la luxure voient leurs parties intimes dévorées par des rats. Les menteurs et les commères sont empalés sur des piques de fer. Bian Cheng Wang gère aussi les erreurs administratives... oui parce que toi, tu meurs et paf! on te pend par les pieds, on te pète les genoux, on t'arrache la peau et les yeux. Et bah Bian Cheng Wang te dit au bout d'une éternité de torture: "- ah merde! On a mélangé ton dossier avec celui de Ted Bundy! Toi on devait juste te plonger dans la merde pendant 3/4 d'heure!"

 

L'enfer du Hachoir: Les traîtres, les pyromanes, les terroristes et les trafiquants d'esclaves sont passé à la moulinette par Tai Shan Wang.


L'Enfer de la Suffocation:
Ceux qui ont trompé les dieux ou qui ont refusé d'obéir a leurs lois sont poussés dans cette enfer gouverné par Du Shi Wang. Ils y sont asphyxiés par une fumée brûlante.

 

La Toile de Fer: Ping Deng Wang retient prisonnières pour l'éternité, dans une toile d'acier, les âmes des plus grands criminelles de l'histoire. Ceux dont les péchés sont si graves et si nombreux qu'aucune pénitence ne peut les absoudre.

 

12527741_10208180973544487_944766212_n.jpgLa Roue de la Réincarnation: L'ultime enfer du Feng Du où sont envoyées les âmes ayant purgé leur peine. Zhuan Lun Wang a pour tache de juger une dernière fois l’âme, afin de décider sous quelle forme elle renaîtra. Une fois la décision prise, l’âme doit boire le thé de l'Amnésie pour oublier sa vie passé et toutes les tortures subies.

 

Bref, voila en résumé ce qui vous attend petits garnements ! Alors soyez sages et brossez-vous les dents !

 

 

 

/Niedman

 

 

Ps: "- Dans quel enfer es-tu tombé?
- Dans l'Enferme ta gueule!"


14/01/2016
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Azazel

lucifer.jpg   Le livre d'Hénoch, présent dans l'Ancien Testament, fait d'Azazel le dixième ange déchu du Paradis et le chef d'un certain nombre d'entre eux. Certaines variantes hébraïques de son nom peuvent se retrouver dans les textes, telles qu'« Azaël », construit sur la racine oz qui signifie force, « Rameel » et « Gadriel ». 
Un jour, Dieu ordonna à l'ange Raphaël : « enchaîne Azazel par les pieds et par les mains, jette-le dans les ténèbres, ouvre le désert qui est à Dadouël et jette-le dedans. Mets sur lui des pierres rugueuses et aigües, enveloppe-le de ténèbres, et qu'il demeure là à perpétuité ». Azazel avait, pour mériter cela, enseigné aux hommes le travail des métaux, leur permettant de se forger des armes, des boucliers et des parures précieuses. Il leur avait également appris comment réaliser des teintures et du fard à paupières. Il en avait résulté un gigantesque chaos de violence, de vanité et d'avidité, au cours duquel l'humanité s'était vautrée dans la débauche et l'impiété. Depuis ce jour, Azazel règne sur les déserts.
 
Il est également fait mention de lui comme d'un tentateur impur dans l'apocalypse d'Abraham. Il est à noter que les textes que je cite dans cet article ne sont pas reconnus comme sacrés par les religions juives et chrétiennes et qu'ils sont probablement pseudépigraphiques, ce qui signifie que leur titre, ou le nom de leur auteur, ne correspond pas à ce qui devrait être.
 
Il est cependant possible de voir Azazel dans le Nouveau Testament et plus précisément dans l'Evangile selon Saint Luc. Alors que Jésus revenait du Jourdain, il fut tenté pendant quarante jours par un émissaire du diable peuplant le désert. Celui qui pourrait être Azazel lui parla et lui promit puissance et gloire. Mais Jésus lui résista et ne mangea rien pendant toute la durée de la traversée.
 
Je me suis souvent demandé d'où provenait l'expression de "bouc émissaire". Avec la légende d'Azazel, j'ai un début d'explication. En effet, notre ami Azazel apparaît dans l'Ancien Testament lors de la description du rituel du Grand Jour des Expiations, que les Juifs célébraient le dixième jour du septième mois de chaque année. Au cours de cette célébration, on amenait deux boucs devant un grand-prêtre. Celui-ci tirait au sort les deux animaux et l'un se retrouvait destiné à Dieu, l'autre à Azazel (attendez avant de vous réjouir pour le premier...). Celui qui était affilié à Dieu était immolé et son sang versé pour l'expiation (joie), tandis que le second était chargé de tous les péchés des Hommes et envoyé rencontrer Azazel dans le désert. Il emportait ainsi au loin toutes les fautes et revenait purifié.
 
 
 
/Spawy

20/01/2016
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Chroniques d'Arda : L'Anneau unique

12670264_967989749949089_2444402363248754705_n.jpg« Trois Anneaux pour les Rois Elfes sous le ciel,
Sept pour les Seigneurs Nains dans leurs demeures de pierre,
Neuf pour les Hommes Mortels destinés au trépas,
Un pour le Seigneur des Ténèbres sur son sombre trône
Dans le Pays de Mordor où s'étendent les Ombres.
Un Anneau pour les gouverner tous, Un Anneau pour les trouver,
Un Anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier
Au Pays de Mordor où s'étendent les Ombres. »

 

  Bien le bonjour chers amis pour cette très attendue mais néanmoins dernière Chronique d’Arda. Aujourd’hui, nous traiterons d’un des derniers et pourtant principaux personnages de l’univers de ce bon J.R.R Tolkien. Il s’agit de l’Unique ! Et oui, c’est lui qui met en branle toute l’histoire en trois tomes du Seigneur des Anneaux.

 

Il existe maints anneaux de pouvoir en ce bas monde. Ils sont pour la plupart des anneaux peu puissants, donc inintéressants. Le désintérêt qu’on peut éprouver pour eux est d’autant plus grand qu’ils ne sont pas le sujet du jour. En effet, parmi la multitude de ces babioles, on trouve vingt anneaux exceptionnellement puissants : les trois anneaux des elfes, les sept des nains, les neuf des hommes et bien entendu l’Unique de Sauron. Ceux des nains et des hommes furent créés par un elfe nommé Celebrimbor. Mais ce dernier ne les créa pas seul. Il était accompagné d’une personne que nous connaissons bien : Sauron. Et j’entends déjà la rumeur tumultueuse de votre désappointement. « Comment se fait-il qu’un elfe s’associe à Sauron ? » Mais je vais vous répondre mes petits !

 

Celebrimbor était connu comme un maître orfèvre de renom, s’essayant même à la création d’anneaux magiques. Il était doué et même si ses anneaux étaient de piètre puissance, ils n’étaient pas les pis, loin de là. Sauron, après la chute de Morgoth, resta très peu actif, ne souhaitant pas se reprendre une guerre qu’il savait perdue d’avance alors. Donc, tout en refaisant ses forces armées dans le plus grand secret, il mit sa plus belle apparence (elfique, nous sommes avant l’Akallabêth) et alla à la rencontre de Celebrimbor pour lui proposer son aide à la création d’anneaux magiques. Comme Sauron montrait patte blanche, Celebrimbor ne se méfia pas.
Ils avaient tous deux des connaissances en orfèvrerie et magie. Ils travaillèrent dur, usant chacun de leurs pouvoirs, et parvinrent à créer les Sept et les Neuf. Ils comptaient les offrir (selon l’idée de Sauron) aux chefs des sept familles de nains et à neuf rois et puissants magiciens humains pour sceller une amitié entre les races des elfes, des hommes et des nains. Mais ce que Sauron n’avait pas confié à Celebrimbor, c’était la création d’un autre anneau, l’Unique, qui pouvait asservir les seize autres, car Sauron, avec les connaissances qu’il avait apprises de Celebrimbor, avait déversé la plupart de ses pouvoirs dans l’Unique. Et comme les seize autres détenaient une partie du pouvoir de Sauron, je vous laisse deviner ce qu’il pouvait faire.

 

On ne sait pas vraiment comment (de toute façon, on s’en fout un peu) mais Celebrimbor découvrit la traîtrise de Sauron et sa véritable intension : la domination des autres peuples par la soumission de leurs élites. De ce fait, Celebrimbor créa trois autres anneaux, destinés aux elfes, nus de toute influence de Sauron. Et Sauron le sut aussi. Il chercha longtemps les Trois (sans résultat) et captura Celebrimbor et sa famille, qu’il annihila purement et simplement. En effet, Celebrimbor savait comment détruire les anneaux et sa mort était la plus sûre garante du silence. Tout cela, Sauron le fit très discrètement, sans faire de vague, bien qu’il commençât à influencer les porteurs des anneaux des nains et des hommes car il avait en tête quelque chose d’audacieux, de très audacieux : anéantir Númenor de l’intérieur. Cette histoire est racontée dans les articles précédents, c’est l’Akallabêth.

Pour échapper à la chute de Númenor, il dût abandonner sa forme physique d’elfe. Il ne resta plus alors que l’Anneau d'une part, et sa forme spirituelle d'autre part. Depuis, on le connait sous l'apparence de l’armure que l’on peut voir dans les films. Alors, il influença activement les anneaux des autres. Il fit tomber les Neuf sous sa coupe ; les porteurs devinrent les Nazguls. Néanmoins Sauron n’arriva pas à soudoyer les nains. Les nains ne sont pas des enfants d’Ilúvatar et possèdent un fort caractère. Aussi Sauron ne parvint qu’à en rendre certains fous. Et alors qu’il se ravisait et essayait de prendre les Sept pour lui, il fut encore contrarié car plusieurs de ces anneaux furent perdus ou détruits.

 

Puis vint la guerre qui vit Sauron désolidarisé de l’Unique. Et c’est là que l’on s'aperçoit que l’Unique est un personnage à part entière. En effet, il a une conscience propre. Sauron continua d’exister sans lui (l’œil de feu) et il en alla de même pour l'Anneau (qui fit sa vie pépouse). C’est ici un bon cas de schizophrénie avancée, l’Œil et l’Unique étant deux parties d’un même esprit. L’Unique tentera de faire basculer son porteur dans les ténèbres, non pas seulement pour « retourner à son maître » comme le dit Gandalf, mais surtout pour réaliser son plan. Si Sauron tente d’asservir toute la Terre du Milieu, l’Anneau quant à lui ne cherche qu’à gouverner les autres anneaux. D’où le titre de la saga. Eh oui ! Le Seigneur des anneaux, ce n’est pas le porteur de l’Unique mais l’Unique lui-même ! Et on ne cesse de nous le répéter dans l’œuvre, que ce soit dans les livres ou dans les films. Voyez un peu ces vers qui sont répétés en langage noir du Mordor : « Ash nazg durbatulûk, ash nazg gimbatul, Ash nazg thrakatulûk, agh burzum-ishi krimpatul ». C’est ce que dit l’Unique quand il tente les potentiels porteurs et également ce qui est écrit sur l’Anneau. En langage commun (donc en français pour nous) ces mots veulent dire « Un anneau pour les gouverner tous, Un anneau pour les trouver tous et dans les ténèbres les lier ». C’est l’Unique qui gouverne les autres anneaux, pas son porteur ! Ça vous la coupe hein ? C’est tellement évident que nombre d’entre vous sont passés à côté.

 

Tout le monde sait comment finit l’Unique, détruit dans la lave de la Montagne du Destin, et les autres anneaux - les Sept sont toujours dans le même état de perdition, les Neufs sont détruits avec l’Unique et les Trois perdent peu à peu leurs pouvoirs.

 

On pourrait faire le parallèle avec des mythes célèbres comme l’anneau de Gygès chez Platon ou l’anneau de Nibelung que l’on retrouve dans l’Edda poétique ou la Völsunga allemande. Mais on ne le fera pas, Tolkien ayant toujours nié réécrire ces mythes.

 

 

Ce sont sur ces mots que j’écris la dernière Chronique d’Arda. On ne reparlera sans doute plus de Tolkien, mais n’ayez crainte, je ne meurs pas pour autant et je reviendrai.

 

 

 

/Le Prof


03/02/2016
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Le Phénix et ses multiples origines

   Le Phénix. 12669574_969514636463267_185195274446582894_n.jpgAvant de parler du mythe en lui-même, il faut s’arrêter sur son immense popularité. En effet, il y a beaucoup de choses nommées d’après lui, que ce soit des plantes, des poules, des villes américaines, des personnages fictifs ou encore un cépage de vin blanc allemand. Et ce sans compter toutes les chiées de références en musique ou encore au cinéma. Si vous êtes de ma génération, vous reconnaitrez à droite une figure emblématique des Chevaliers du Zodiaque : Ikki, le chevalier de la constellation du phœnix. Remarquez que les deux orthographes phœnix et phénix sont valides, aussi j’utiliserai les deux sans distinction aucune.


Bon, comment vous dire que c’est un peu le bordel niveau mythologie ? Vous voyez toutes les occurrences modernes du phénix que je viens de faire ? C’est la même chose dans les mythes et légendes. En effet, on peut remarquer en linguistique – oui, je digresse un peu – qu’il existe des mots qui se retrouvent sans grande variance dans toutes les civilisations ou presque, comme papa et maman ; hé bien c’est un peu la même chose pour le phœnix. Il se retrouve dans plusieurs mythologies qui ne coïncident pas toujours. Soyons alors méthodiques.

L'une des figures les plus anciennes du phénix est celle rapportée par Hérodote de légendes égyptiennes. Ici, l’oiseau serait une sorte d’aigle intelligent, lié aux dieux  et Osiris qui « embaumerait » son père dans un œuf qu’il fabriquerait avec de la myrrhe et qu’il porterait jusqu’au temple du Soleil. On trouve aussi celle d’Hésiode, lequel décrit la longévité du bousin comme extrêmement longue : 972 vies d’homme (quand même dix fois moins que les Nymphes). Ça, c’est du côté des grecs.

On trouve aussi une occurrence du phœnix dans une fable perse du XIIIème siècle. Ici, rien de bien folichon, les oiseaux (qui représentent les hommes) cherchent leur Roi – le phénix – et mené par la Huppe (un autre oiseau) ils vont par des chemins très difficiles où beaucoup perdent la vie, pour finalement se faire refouler aux portes du palais du phénix. Morale de l’histoire, le phénix perse est un thug.

Maintenant, on va voir du côté des chinois, et j’en profite pour vous enjoindre à aller lire l’article sur le qilin (ou kirin) de notre chère Spawy (article qui date de 2014, ça ne nous rajeunit pas). Dans la mythologie chinoise, donc, le phénix trouve deux occurrences : le feng et la huang qui sont respectivement le mâle et la femelle. Mais cette distinction est souvent éludée en faveur de l’appellation unique fenghuang sous le sexe femelle. Il est affilié au dragon, son pendant masculin. D’ailleurs, si le dragon est l’emblème de l’Empereur, le fenghuang est l’emblème de l’Impératrice. Il est par ailleurs aussi affilié au qilin, apparaissant lors de la venue d’un grand sage, c’est-à-dire présageant une période faste. D’aucuns pourraient le confondre avec l’Oiseau Vermillon du sud, mais il ne faut pas. Ce dernier est un esprit zodiacal vivant dans le ciel tandis que le fenghuang règne sur tous les oiseaux terrestres.


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B
on, après tout ça, il nous reste les représentations qui nous sont le plus familières. Mais il faut encore regarder du côté des romains, des russes/slaves, des juifs et enfin de la chrétienté. Commençons avec les romains. Chez Tacite, Ovide ou encore Pline l’Ancien, le phœnix est mentionné comme un oiseau qui, lorsqu’il est vieux, se décompose pour en engendrer un jeune. Plus tard, on verra apparaître le thème du bûcher. On entendra par-là que le phénix s’embrase pour renaître de ses cendres. On notera que le phénix sera frappé sur les sesterces de deux Empereurs de Rome (Trajan et Constantin 1er). Chez les juifs, il est rapporté que lorsqu’Adam et Ève mangèrent le fruit défendu et que la mort leur fut décrétée, tous les animaux en mangèrent un peu pour être mortels également. Un seul animal refusa : le Khôl. C’était le phénix. De ce fait, il vit pendant mille ans avant que son nid ne s’embrase en laissant un œuf duquel renaîtra le jeune phénix.


Du côté de ceux qui utilisent l’alphabet cyrillique le phénix – « jar-ptitsa », l’oiseau chaleur – est un oiseau légendaire (sans blague) paré de plumes rougeoyantes et venu d’un pays lointain. Il représente à la fois une bénédiction et une malédiction pour celui qui l’attrape. Il est décrit plus précisément comme un paon à crête et aux plumes irradiantes d’une chaleur rougeoyante, telle la flamme d’une bougie. Pour les russes, le phénix est une femelle, à l’instar du fenghuang chinois.

Finalement, dans nos contrées, le phénix est d’abord une figure païenne reprise par la chrétienté. Premièrement vu comme un symbole de feu créateur et destructeur, il sera ensuite repris par les autorités religieuses. Depuis, il évoque l’inverse de Lucifer, qui symbolise le feu destructeur, puisqu’il détruit pour purifier et faire renaître. Ainsi, il symbolise la résurrection du Christ. Malgré cette interprétation religieuse, on retient aujourd’hui seulement la version païenne.

Voilà qui est fait pour le phœnix, l’oiseau de feu résurrecteur. On remarquera quand même quelques variantes selon les histoires. Parmi elles, je noterai celle qui veut que les larmes du phénix guérissent n’importe quelle blessure.



Sur ces bons mots, je vais vous quitter pour l’heure. À bientôt !

 

 

/Le Prof


18/02/2016
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