Attention, depuis 2018, l'Encyclopédie Fantastique a déménagé !

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Les 12 travaux d'Héraclès : Les juments de Diomède

   Bonjour et bienvenue dans ce huitième article consacré aux travaux d’Héraclès. Aujourd’hui, comme vous l’aurez compris, nous allons discuter du huitième travail herculéen : capturer les juments de Diomède. Laissez-moi le temps d’activer le bouclier anti blagues sur les culottes de cheval et les lasagnes… Et voilà ! Nous sommes partis.

 

Il était en le royaume de Thrace, gouverné par Diomède, quatre juments de renom. Elles se nommaient Dinos, Lampon, Podargos et Xanthos. C’étaient de très bonnes bêtes, d’aucuns diraient les meilleures gagneuses du royaume (je vois ton regard lubrique et pervers). Ce qui faisait leur puissance était le régime que leur imposait Diomède. Pourquoi leur faire brouter de l’herbe et du foin quand on peut leur faire bouloter de la chair humaine ? Diomède était certes un roi un peu métalleux dans l’âme. En même temps, c’était un fils d’Arès et il avait hérité de sa violence et de sa soif de sang. Le royaume de Thrace étant composé de nombreuses îles rocheuses de la mer Egée, tous les naufragés du temps de Diomède furent les repas des juments. Cette anomalie alimentaire rendait les juments indomptables : elles restaient d'ailleurs aux écuries solidement enchaînées devant leurs mangeoires de bronze.

 

C’est alors qu’arrive Eurysthée. Il veut toujours nuire à Héraclès et devant les sept échecs précédents, il perd un peu la face. Il va donc envoyer son cousin vers un danger plus grand que d’habitude en lui demandant plusieurs choses en une. Héraclès doit ainsi : s’introduire dans les écuries, dompter les juments, les voler et les ramener à Eurysthée. Héraclès ne proteste pas (il ne le peut pas en même temps, comme il est en repentance) et il s’en va traverser la mer pour arriver nuitamment en Thrace. Jusque-là tout va bien, il s’infiltre aussi aisément qu’un serpent solide et arrive enfin aux écuries. Là, pas de bol, Diomède et quelques soldats sont présents et comme le carton n’a pas encore été inventé, Héraclès se fait découvrir et Diomède ne tarde pas à deviner les intentions de ce visiteur nocturne. Héraclès parvient bien évidemment à coucher tout le monde facilement. Il épargne les gardes, qui n’avaient rien demandé, mais Diomède n’entend pas se laisser spolier ainsi et engage une résistance farouche. Le combat est bref cependant et Diomède finit par servir de repas aux juments. Ces dernières, ayant grignoté Diomède, deviennent dociles. Ainsi Héraclès peut les approcher, les prendre avec lui et les ramener devant Eurysthée. Diomède sera d’ailleurs le dernier repas carnassier des juments qui recommenceront à manger du fourrage. Eurysthée est d’une part dépité de la réussite de son cousin, mais d’autre part content d’avoir quatre puissantes et dociles juments dans ses écuries.

      *Gustave Moreau, Diomedes being devoured by his horses, 1865*

 

Enfin, le saviez-tu ? Il est dit que le cheval d’Alexandre le Grand, le puissant Bucéphale, était un descendant d’une des juments de Diomède. Ma foi, voici encore une bonne chose de faite. Je vous retrouve donc bien vite pour l’énième travail d’Héraclès. Et en attendant, je vous fais des bisous.

 

 

 

/Le Prof

 

 


27/02/2018
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Les 12 travaux d'Héraclès : La ceinture d'Hippolyte

   Bonjour et bienvenue dans cet article encore une fois déconseillé aux plus jeunes. Pourquoi ? Mais parce que ça va parler de boobs ! Enfin, plutôt de mono-boob. Vous êtes toujours sur l’Encyclopédie Fantastique, nous sommes toujours dans les travaux d’Héraclès et aujourd’hui nous allons du côté de Thémiscyra, la capitale Amazone.

 

Eurysthée a le cœur pourri à cause de sa détestation d'Héraclès. Mais il n’y a pas que cela de pourri chez lui, car sa fille Admète est très capricieuse et il accède à chacun de ses désirs : elle est pourrie-gâtée. Elle a d’ailleurs pour dernière lubie de posséder la ceinture d’or d’Hippolyte, reine des Amazones. Ni une ni deux, Eurysthée mande Héraclès et lui ordonne de la ramener en guise de neuvième travail. Il charge son cousin de cadeaux somptueux pour faire l’échange avec la ceinture et aussi, lui permet des compagnons, autant pour le transport des présents que pour faire bonne figure auprès de la reine. On notera qu’il existe plusieurs versions de ce travail, mais j’ai choisi de prendre l’approche diplomatique (on a déjà vu les capacités d’infiltration d’Héraclès, mais point encore ses qualités de diplomate). Héraclès s’en va donc vers la capitale du royaume Amazone, Thémiscyra, à la rencontre d’Hippolyte.

 

Le voyage se passe bien, rien à signaler, et quand il arrive à la cité Amazone, il est reçu par une Hippolyte bienveillante et même souriante (ce qui étonne la troupe d’hommes étant donné qu’on considère les Amazones comme féroces). En effet, elle a eu vent des exploits d’Héraclès et elle devine qu’il vient pour effectuer un travail, donc autant y aller en finesse et ne pas se mettre ce muscle sur pattes à dos. Héraclès est ainsi invité par Hippolyte à une discussion privée afin qu’il puisse lui expliquer sa venue et voir avec elle s’il y a moyen d’arranger tout le monde, sans effusion de sang. Héraclès lui dépeint le caprice d’Admète, lui présente les cadeaux d’Eurysthée, etc. Il s’en tire bien le bougre et à vrai dire, tout va au mieux dans le meilleur des mondes. Ce que personne n’avait prévu, c’est la présence d’Héra. Vous vous souvenez ? La femme de Zeus, belle-mère d’Héraclès, celle qui a tenté de le tuer au berceau. Et bien elle est là dans la foule des Amazones, déguisée en l’une des leurs. Et, ne portant toujours pas ce bâtard d’Héraclès dans son cœur (dans le sens de fils illégitime, ce n’est pas une insulte gratuite, quoique…), elle fait courir le bruit qu’il est là pour enlever la reine. Le chaos et la panique montent dans la foule des guerrières. Pendant ce temps Hippolyte accepte de céder sa ceinture, toute contente qu’elle est d’avoir participé à l’un des travaux d’Héraclès, d’en avoir été un protagoniste principal et surtout de ne pas avoir fait couler le sang durant ledit travail (une première pour le coup). Héraclès est donc en train de dégrafer la ceinture d’Hippolyte lorsque surgit une horde d’Amazones effarouchées. Héraclès, qui est toujours un bigot, se croit piégé par Hippolyte, comme si cette dernière avait été gentille pour mieux le tromper. Il commence alors à dégainer, les Amazones décochent flèches et javelots, Hippolyte s’interpose et se prend les traits mortels. Dans un dernier souffle, la reine incite Héraclès à prendre la ceinture et à fuir. Il arrache alors la ceinture du corps d’Hippolyte, rassemble ses gens et fuit du royaume Amazone. Il prend quand même la peine de laisser les cadeaux.

 

Eurysthée est content car il peut offrir la ceinture d’or à sa fille, Admète est contente car elle a la ceinture de son caprice, mais Héraclès est amer car, bien qu’il ait validé un nouveau travail, Hippolyte est morte et il ne s’est rendu compte que trop tard des intentions louables de la reine. Bref, Héra a foutu un zbeul complet alors que tout allait bien. Sur ces mots, je vous dis à bien vite pour le dixième travail du plus bigot des héros grecs.

 

 

 

/Le Prof

 


05/03/2018
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Les 12 travaux d'Héraclès : Les bœufs de Géryon

   Bonjour et bienvenue pour le plus expéditif des travaux d’Héraclès. Soyons brefs ici, pour mieux seoir au récit. Aujourd’hui, Héraclès va mener un combat aussi intense que court : il va dévaliser le troupeau de Géryon.

 

Géryon est un géant à trois corps, avec trois têtes, six bras et six jambes. Il était réputé comme l’être mortel le plus fort du monde. Il vivait entouré de ses mille bœufs roux loin, très loin de la Grèce dans un coin qu’on nommait Erythie (dans l’extrême ouest, vers le couchant). Eurysthée y envoie Héraclès dans une optique double : si Héraclès échoue, il en sera débarrassé définitivement et Géryon ne viendra pas en représailles ; s’il réussit alors le royaume d’Eurysthée sera enrichi de mille bœufs. Il est donc gagnant sur tous les tableaux.

 

Evidemment, Héraclès y va, ça prend son temps mais au moins ça lui fait voir du pays. Il arrive pas loin de la ferme de Géryon et est accueilli par Eurytion, le bouvier de Géryon (un chien de berger en somme), mais un bouvier assez vénère. Héraclès l’éclate en deux secondes avec sa masse en bois d’olivier, qu’il avait renouvelé bien vite après le lion de Némée. Quand Géryon en est alerté, il envoie Orthros, un chien à deux têtes, frère de Cerbère, et se prépare lui-même au combat. Bon, Orthros se fait défoncer en moins de deux aussi. Mais Géryon a eu le temps d’enfiler ses trois casques, de prendre ses trois boucliers et ses trois lances. Il arrive auprès d’Héraclès et engage le combat. Il y a échange de quelques coups quand soudain, le géant s’effondre sans rien comprendre. Héraclès avait en effet décoché l’une de ses terribles flèches agrémentées de venin de l’hydre de Lerne sans que Géryon ne s’en rende compte. La promesse d’un combat dantesque s’effondre aussi vite que le tergeminus (comme l’appelle le poète lyrique grec du VIème siècle av. JC, Stésichore). Héraclès n’a qu’à ramener les bœufs à Eurysthée. Ce dernier est content et valide le travail. Héraclès se repose un peu, avant de retourner au labeur d’un onzième travail.

 

Sur ces mots, encore une fois brefs, je vous dis à bientôt pour le début de la fin de ce marathon herculéen.

 

 

 

/Le Prof

 


16/03/2018
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Les 12 travaux d'Héraclès : Les pommes d'or du jardin des Hespérides

   Bonjour et bienvenue, chers amis, dans ce pénultième article à propos des travaux d’Héraclès. Aujourd’hui nous ne serons pas aussi brefs que la dernière fois car il y a beaucoup de contexte à expliquer.

 

Alors qu’Héraclès revenait de l’extrême Occident avec les bœufs de Géryon, il pensait enchaîner sur un travail géographiquement plus proche. Du moins, un travail qui se ferait en Grèce. Mais non ! Eurysthée profite de ce onzième travail pour, d’une part, envoyer son cousin bien loin du territoire grec et, d’autre part, le charger d'une mission impossible. C’est ce qu’on appelle dans le milieu, un combo. En effet, Héraclès doit ramener des pommes d’or du jardin des Hespérides.

 

Les Hespérides sont des nymphes, filles du titan Atlas et d’Hespéris (personnification du couchant), enfin selon les versions. Elles vivent dans un jardin d’Héra dans lequel poussent des pommiers aux fruits d’or, cadeaux de Gaïa à cette dernière. Le truc c’est que les Hespérides avaient la mauvaise habitude de venir prendre les pommes d’or, et Héra, si elle les tolérait dans ses vergers, refusait qu’on touche à ses pommes. Les fruits, hein, gros dégueulasses. Elle avait alors affecté un gardien aux pommiers : un dragon à cent têtes nommé Ladon. On peut voir qu’un grand challenge s’annonce pour des pommes. Certes les pommes sont en or, mais ce n’est guère suffisant pour mobiliser tant de moyens pour les protéger. Cela peut s'expliquer par la croyance qu'elles recèleraient quelque vigueur qui accroîtrait la jeunesse de celui qui en mange. Et aussi par le fait que, faut-il le rappeler, Héra est une connasse.

 

Donc, Héraclès ne sait pas où aller, il ne connaît pas l’endroit du jardin. Et pour cause, celui-ci est au-delà des océans, inaccessible aux mortels. Mais il finit par mettre la main sur Nérée, un ancien dieu des mers qui réside en la mer Egée. Bon, au départ, Nérée ne veut pas lui répondre, le méprisant, lui qui n’est qu’un mortel. Comme Nérée joue au con avec lui, Héraclès va rentrer dans le jeu : il agrippe Nérée et lui annonce qu’il ne le lâchera qu’une fois l’information obtenue. Je vous rappelle qu’Héraclès, c’est celui qui a coursé sans cesse la biche de Cérynie pendant une année entière, donc niveau patience, il se pose là. Et ses exploits se faisant de plus en plus connaître de par la Grèce, Nérée a conscience des capacités du héros et sait qu’il est sérieux. Il n’est pas jouasse à l’idée de souffrir la poigne d’Héraclès longtemps. Il lui révèle donc l’emplacement. Mais Héraclès plante, il a un mindfuck : comment aller où il ne peut aller ? Nérée en profite pour fuir lâchement en se transformant en serpent d’eau

Héraclès va donc plein ouest, se disant qu’il verra bien comment accéder au jardin des Hespérides quand il sera au bout du bout d’où il peut aller. Il traverse la Grèce, la Méditerranée jusqu’en Hispanie, puis passe la péninsule ibérique, traverse Gibraltar là où s’élèvent les fameuses colonnes d’Hercule (ouais, les gens niquent le nom grec pour le nom latin). Il arrive au nord de l’actuel Maroc (qui ne s’appelle pas ainsi à l’époque). Là, il trouve plusieurs tomes d’un ouvrage illustré… Euh ! Pardon, mauvais script ! Là, il trouve le titan Atlas qui, en punition de la révolte des titans envers l’Olympe, doit porter la voûte céleste sur ses épaules. Atlas, qui n’a rien d’autre à faire, accepte d’écouter l’histoire du demi-dieu et s’ensuit une petite discussion :

 

« - Tu sais, je pourrais te les ramener tes pommes.

  - Sérieux ? Mais tu es au courant pour le dragon ? Pour l’interdit d’Héra ?

  - Oui, j’avoue. Autant la colère d’Héra, je m’en fous un peu dans ma situation, mais c’est vrai que le dragon me poserait problème.

  - Attend, je te l’abats vite fait bien fait. »

 

Là, sous la direction d’Atlas (qui y voyait plus loin), Héraclès décocha une de ses flèches empoisonnées et ainsi tua Ladon.

 

« - Beau tire jeunot !

  - Bon tu y vas alors ?

  - Ouais, mais il faut que tu me relayes le temps que je fasse l’aller-retour.

  - OK ! »

 

Et c’est ainsi qu’Héraclès se retrouve à porter le ciel sur son dos. Atlas, après quelques étirements parce que ça fait un moment qu’il était dans la même position, s’en va donc vers le jardin des Hespérides. Après plusieurs heures, qui paraissent bien longues à Héraclès, Atlas s’en revient avec trois pommes d’or à la main.

 

« - J’ai fait au plus vite, mais c’est pas tout-à-fait à côté. Par contre, je te propose d’amener moi-même les pommes à Eurysthée, histoire de ne pas te prendre la colère d’Héra sur le trajet du retour.

  - Heu attends un instant (car Héraclès avait réfléchi des heures durant et savait que s’il laissait Atlas s’en aller, il ne reviendrait jamais), j’ai ma peau de lion qui est mise pour le voyage comme tu me vois, mais ce n’est pas une position des plus confortables. Est-ce que tu pourrais me reprendre le ciel, le temps d’ajuster ma cape comme il faut ?

  - Bien évidemment, il ne faudrait pas que tu te fasses trop de mal. »

 

Atlas, qui avait posé les pommes à terre, ne se rend compte que trop tard qu’Héraclès l’a berné. En effet, ce dernier, une fois libre, ramasse les pommes et s’en va avec un signe d’adieu. Atlas, vaincu ne peut que lâcher un : « Bien joué petit. Bien joué… ». Ainsi s’en revient Héraclès au palais d’Eurysthée, les pommes dans sa besace. Néanmoins, ce dernier connaissant le courroux d’Héra refuse de garder pour lui les pommes et insiste pour que son cousin les conserve. Ce dernier qui, loin d’être une flèche, n’est pas moins con qu’Eurysthée, s’empresse de remettre les pommes à Athéna qui les rend elle-même à Héra. Cela ne suffit pas à calmer Héra (on part sur de la violation de jardin sacré, de pommier sacré et sur le meurtre d’un dragon, sans compter sa putasserie habituelle envers Héraclès). Mais au moins, Héraclès valide son onzième travail, ce qui porte son palmarès à onze travaux effectués et neuf validés.

 

C’est donc la fin de cet article bien long. La prochaine fois, nous finirons le cycle des travaux d’Héraclès avec le douzième. En attendant, je vous fais des bisous.

 

 

 

/Le Prof

 


24/03/2018
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Les 12 travaux d'Héraclès : Capturer Cerbère

   Oh ! Bonjour et bienvenue ! Bieeeeenvenue dans ce douzième et dernier épisode des travaux d’Héraclès ! WouaAaAaAaAaAaAaAh ! Hum. Pardon pour cet excès de folie. Comprenez que je suis bien heureux d’en finir avec ces travaux ; autant qu’Héraclès lui-même. Aujourd’hui, nous allons donc voir ensemble le plus terrible et le plus badass des travaux de notre demi-dieu favori ! Alors qu’attendons-nous ? En avant !

 

Héraclès est éreinté par ses travaux et d'autant plus que, techniquement, il aurait déjà dû en avoir fini. On pourrait croire qu’Eurysthée eut vraiment tout tenté pour évincer définitivement son cousin des contrées grecques. Mais il lui reste encore un atout dans sa toge. Braver l’impossible humain est chose courante pour Héraclès. Braver l’impossible mortel, il l’a déjà fait, ne serait-ce qu’avec les pommes d’or. Mais qu’en est-il de l’impossible vivant ? Eurysthée va se montrer particulièrement cruel avec ce dernier travail. Il envoie Héraclès chercher Cerbère, le gardien même des Enfers, afin de le présenter devant lui. Il est sûr de mettre son cousin échec et mat, car comment aller dans les Enfers (et j’insiste bien : LES EnferS, il ne s’agit pas de l’Enfer chrétien !) sinon en étant mort ? Et mort, comment revenir des Enfers ? Hahaha… Quel naïf cet Eurysthée ! Il devrait savoir, à force, qu’Héraclès est soutenu par quelques dieux. Ainsi, Athéna et Hermès vont aider le pauvre bougre à aller jusqu’aux portes des Enfers et à traverser le Styx, afin de permettre à Héraclès de se présenter devant Hadès. Héraclès lui explique la situation mais il n’est pas aussi gentil qu’Artémis (cf. la biche de Cérynie). Il veut bien accéder à sa requête mais il devra passer deux épreuves, autrement dit, il doit mériter la réussite de son travail.

 

La première épreuve est somme toute simple, bien que le défi semble insurmontable : il doit battre en duel Hadès lui-même. Le combat est terrible, je rappelle qu’Hadès est l’un des plus puissants dieux grecs, frère de Zeus et de Poséidon et aussi qu’Héraclès est, bien que mortel, le fils le plus puissant de Zeus. Les Enfers tremblent de leurs échanges de coups. Un combat dantesque, colossal, titanesque, insérez le superlatif que vous préférez, bref, c’est un combat d’anthologie ! Mais Héraclès reste, physiquement, le plus fort et il arrive à vaincre Hadès. Bien sûr, il ne s’agissait pas de tuer l’adversaire, il s’agissait plutôt d’une lutte au corps-à-corps dans l’huile et le muscle. Hadès est bon joueur et permet à son neveu d’accéder à sa deuxième épreuve et la plus importante !

 

Certes Héraclès à l’accord d’Hadès, mais faut-il qu’il ait l’accord de Cerbère lui-même ! La seule condition qui est imposée est d’y aller à main nue. Héraclès peut utiliser n’importe quelle technique pour contraindre Cerbère mais sans arme aucune. Le voilà donc devant Cerbère nu, s’il n’y avait sa peau de lion. Les regards sont sévères, la tension palpable. Chacun évalue l’autre et réfléchit à la meilleure tactique. Les muscles se tendent, les cœurs palpitent. Le silence est insoutenable. Soudain Cerbère s’élance, les trois têtes en avant, toutes dents dehors. Héraclès ne bouge pas et agrippe fermement la base des trois cous du gardien des Enfers. Les grondements du chien tricéphale sont sourds comme la mort et feraient déconfire le plus brave des hommes mais pas Héraclès qui tient bon malgré les morsures de Cerbère qui, bien qu’une partie soit amortie par la peau indestructible du lion de Némée qu’il revêt, entaillent la chair mortelle du héros qui raffermit l’emprise de ses mains sur le cou de la bête. C’est un combat d’endurance aussi bref qu’intense. Qui va craquer le premier ? Héraclès qui doit presser la gorge de Cerbère suffisamment pour le mater sans pour autant le tuer, ou bien Cerbère qui peut mordre de ses trois têtes à volonté dans le corps de notre pauvre Héraclès ? L’instant est bref de ce bras de fer entre deux monstres et les trois dieux qui assistent à la scène n’en peuvent plus ! Soudain, une lamentation douloureuse s’élève et met fin au combat. Cerbère capitule devant la résistance et la force d’Héraclès qui n’aura pas sourcillé un seul instant lors de ce combat, le plus difficile sans doute de sa vie. Bon, encore un peu et il restait pour un séjour prolongé dans les demeures de son oncle, mais le fait est que Cerbère s’est incliné.

 

Après un petit temps de repos, soigné de ses blessures et avec les bénédictions d’Athéna, d’Hermès et surtout de son oncle Hadès, Héraclès s’en retourne au palais d’Eurysthée sur un Cerbère docile (qui devra quand même vite rentrer au bercail, parce que quand même hein !). Eurysthée fera de nouveau connaissance avec le fond de la jarre de bronze qui d’une part ne lui semblait pas assez profonde et qui d’autre part recueille, encore une fois, divers fluides corporels de sa royale majesté.

 

Héraclès en finit enfin avec ses travaux. Nous aussi par la même occasion ! C’est donc là que nous nous quittons. Pas définitivement, bien heureusement, mais pas pour parler d’Héraclès. Je vous souhaite donc de ne jamais être le fils bâtard de Zeus, ni d’avoir Héra comme belle-mère, ni de tuer vos femme et enfants.

 

Bisous.

 

 

 

/Le Prof

 


10/04/2018
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Les Gaki

 

  Dans la cosmologie bouddhiste les êtres humains naissent, meurent et renaissent indéfiniment, enfermés dans un cycle dont ils ne peuvent s'extraire qu'en en prenant conscience et en suivant une ascèse destinée à limiter leur impact sur Terre. Il existe six voies de réincarnation possibles après la mort, qui prennent en compte le karma du défunt, c'est-à-dire l'ensemble de ses actions et des intentions qui les ont dictées. Trois sont vertueuses et comportent autant de souffrance que de bien-être ; ce sont les voies qui mènent aux dieux, aux non-dieux et aux êtres humains. Et trois sont destinées à ceux qui ont pêché par la haine, l'avidité ou l'ignorance, et mènent aux animaux, aux fantômes affamés ou aux enfers. Ces six voies constituent le samsara, symbolisé par la roue de l'existence et dont il n'est possible de sortir qu'en atteignant l'éveil, le nirvana. Cet état peut être accessible lors de la vie ou après la mort mais il constitue un détachement absolu, non une survie de l'âme. D'autres personnes que moi vous parleront bien mieux de cet idéal d'illumination, de délivrance et de paix ultime, aussi intéressons-nous aujourd'hui à l'impureté que nous maîtrisons mieux !

 

Les Gaki en japonais, Preta en sanskrit, se situent juste avant le plus bas barreau de l'échelle des réincarnations proposée par le bouddhisme. Ils sont ce qui attend les personnes avides, sans cesse poussées par le désir et par le vice, mais peuvent également naître de rituels mal accomplis par les familles des défunts. A l'inverse il est possible de sauver un membre de sa famille qui se serait réinarné en Gaki après sa mort grâce à d'autres rituels adaptés. 

 *Détail du rouleau des “fantômes affamés”, emaki, 12ème siècle, Trésor national, Tokyo*

 

La plus ancienne mention des êtres affamés au Japon date du XIIe siècle. Deux rouleaux formant un emaki, c'est-à-dire une histoire illustrée rédigée horizontalement, les présentent errant sur Terre au milieu de scènes de la vie quotidienne. On y voit des êtres décharnés au ventre gonflé et à la peau grise qui tentent de s'accrocher aux vivants pour se nourrir à travers eux. Ces Gaki sont torturés par leurs désirs qu'ils ne peuvent jamais combler. Ils ont une faim insatiable de nourriture, de richesses et de plaisir mais tous les moyens de l'apaiser leur sont enlevés. Suivant les mauvaises actions qui leur ont valu cette pénitence, ils connaissent quelques variantes dans les tortures qui leur sont infligées. La plupart d'entre eux qui ont abusé des plaisirs voient tous les mêts qu'ils approchent se consumer dans les flammes qui jaillissent de leurs bouches. Ceux qui ont volé les biens d'autrui par appât du gain finissent ébouillantés dans de gigantesques marmites, ceux qui ont dévoré de grandes quantités de nourriture sans jamais les partager sont condamnés à sentir des odeurs de cuisine pour que leurs bouches ne se referment que sur du vent. Ceux qui ont vendu du saké frelaté demeurent à proximité d'une rivière qu'ils ne peuvent atteindre et souffrent en permenence de la soif. D'autres ne peuvent se sustenter que de vomi et de déjections.

 

Bon appétit bien sûr !

 

 

 

/Spawy 

 


24/04/2018
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La Faucheuse

   Bonsoir messieurs, mesdames, mes demoiselles... On vous avait dit que j'avais rejoint la douce et paisible étreinte de la mort. Techniquement, c'était vrai... Mais je reviens enfin vers vous, et quoi de plus naturel pour mon retour, que de vous parler de cette charmante femme. Que vous lisiez cette prose ou pas, n'ayez crainte, vous aurez bien l'occasion de faire sa connaissance un jour.

 

La représentation de la mort telle qu'on la connaît est un psychop- Oui, non, pas d'introduction, si vous en voulez une, allez voir sur la page Facebook. Un psychopompe, dis-je ! Le psychopompe est une figure mythique prenant diverses formes et qui a pour mission sacrée d'accompagner les âmes des défunts dans l'au-delà auquel elles sont rattachées. La mort dont nous parlons aujourd'hui est la vision « moderne » de celle-ci, autrement dit, une figure squelettique, drapée d'un grand linceul noir, portant une faux. Bien que la faux puisse être datée de l'Antiquité (visible par exemple dans la poigne cruelle de ce vieux Cronos), le squelette, nu ou pas, est une vision du moyen-âge très répandue, notamment, en Italie. Sous cette forme, la mort est appelée « la faucheuse », le symbole représentant une figure divine inexorable qui viendra à la rencontre de chacun, au jour de la moisson de son âme.

 

Son origine ? Il serait assez farfelu de chercher la racine de cette allégorie, puisqu'il s'agit du phénomène le plus naturel du vivant. Nous, créatures de chair, serons tous amenés à mourir un jour. Et il n'aura pas fallu de nombreuses années d'Histoire avant que, couplée à notre esprit humain, nous en fassions une figure mythique aussi puissamment ancrée dans nos civilisations. Il ne s'agit pas vraiment d'une créature fantastique, certes. Cette figure est avant tout une allégorie. Mais où s'arrête la personnification du naturel et où commence le mythe ? Elle a autant de formes, de représentations et d'images possibles, que sa présence dans les mythes, les légendes, les prophéties et les religions l'ont hissée au rang de personnage mythologique. Bien souvent associé au temps d'ailleurs, mais je digresse.

 

*La mort et le bûcheron, Léon Lhermitte, 1893*

 

Cet article reste court, peut-être sera-t-il complété un jour, tant il y a à dire. Concluons cependant ceci : « La faucheuse » est un personnage qui a comme point commun avec toutes les créatures que j'ai aimé traiter avec vous, d'avoir grandement évolué dans le temps et d'avoir eu des aspects différents en fonction du lieu où elle a été imaginée. Qu'elle soit Anubis, Azraël, Thanatos, Hel ou Shinigami, la mort est partout et frappe chacun. Vous aussi, vous avez une version de son visage dans votre imaginaire plus ou moins influencée par notre vision occidentale. Voici sa caractéristique, elle a autant de visages qu'il n’existe de personnes pour l'imaginer. Elle est universelle, et à la différence de toutes les figures traitées sur ce blog, elle existe, et vous la rencontrerez un jour.

 

En tous cas, moi, elle me manque déjà.

 

 

 

/Un Vagabond Immobile

 

 


26/04/2018
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Le Tanuki

   Bien le bonjour, chers amis ! Aujourd’hui nous allons nous intéresser un peu au folklore nippon avec un Yôkai des plus drôles. Vous vous souvenez du Dahu et du Bonnacon, créatures aussi intéressantes que grotesques ? Eh bien le Tanuki (à lire tanouki) est dans cette même lignée.

 

Le Tanuki est un monstre très populaire au pays du soleil levant. Il est un animal anthropomorphe dont on a bien de la peine à définir quelle est la base animale, puisqu'il est à mi-chemin entre un blaireau, un raton laveur et un chien. Ne vous inquiétez pas, il ne s’agit pas d’une chimère qui ne ressemblerait à rien mais bien d’un animal réel : le chien viverrin (et on dit vivèrrin, pas viveurrin), et ce chien ne ressemble à rien à la base, ceci expliquant donc cela. Le Tanuki est donc représenté comme un chien viverrin debout, la panse bien large, avec généralement un chapeau de paille et une gourde de saké. Il est une autre particularité du chien viverrin qui se retrouve de façon très exagérée chez le Tanuki : une IMMENSE paire de testiboules (désolé mesdames, il n’y a pas de Tanuki avec de gigantesques lèvres). Et je pense qu’avec cette présentation physique vous aurez compris qu’il ne s’agit guère d’un esprit malin.

 

En effet, il incarne le bon vivant : gros, souriant, l’alcool toujours à portée de main et pour ce qui est de ses bijoux, je vous laisse vous faire votre idée. Le Tanuki est ainsi un symbole de chance et de prospérité : celui des hommes qui lui ressemble n’est pas censé être un miséreux, un nécessiteux. C’est pourquoi il est tant apprécié au Japon, outre sa figure grotesque qui prête volontiers à l’histoire humoristique. D’ailleurs, il me faut être précis avec vous, car « tanuki » est un raccourci du vrai nom de cette bestiole. En effet, le tanuki est le nom japonais du chien viverrin. Aussi le Tanuki mythologique est le Bake Danuki, qui veut littéralement dire « le tanuki se transformant ».

 

Venons-en aux pouvoirs du Tanuki. Comme son nom complet le laisse entendre, il a un pouvoir de transformation et peut prendre n’importe quelle forme. Dans certaines traditions, on impose une limite à sa transformation, pas une bien grande ni contraignante puisqu’il lui faut seulement mettre une feuille sur sa tête pour se transformer. Son deuxième pouvoir est de faire gonfler son ventre à loisir, ce qui est bien aise pour lui qui aime tant jouer des percussions. En effet, ce ventre gonflé peut bien lui permettre de rester en l’air une fois propulsé, mais le plus souvent il s’en sert comme d’un tambour, le soir, pour animer des fiestas de folie #Wouh. Mais vous ai-je dit qu’il adorait jouer des percussions ? Non, je ne radote pas déjà, c’est juste pour vous faire comprendre qu’il ne peut pas se limiter à une seule façon de jouer du tamtam. Alors petite devinette (un indice chez vous à la maison) : TOP ! Je suis un organe dont on peut tendre la peau qui s’y trouve en abondance, je suis d’ailleurs protubérant chez le Tanuki ce qui lui donne une allure grotesque, je suis, je suis, je suis ? Vous me dites les bonnes couillasses ? Alors là, je dis oui ! OUI OUI OUI OUI OUI ! Aaaaaah… J’aime ce jeu ! Hum, pardon. Eh bien oui, le Tanuki aime aussi se frapper frénétiquement les boules pour jouer du tambour. Il est d’ailleurs à noter qu’il peut à peu près tout faire avec son baluchon (ce qui est son troisième pouvoir, si l’on peut dire) : planer, se couvrir, pêcher, se protéger de la pluie, s’en servir de bouclier, etc. Bref, c’est un peu l’équivalant plusieurs siècles avant sa création de la boule magique #LaRéfInternet.

Bref, vous l’aurez compris, le Tanuki est un Yôkai rigolo et bon enfant qu’il fait bon avoir de son côté. Je vous laisse donc là pour le moment. A bientôt, bisous.

 

 

 

/Le Prof

 


12/06/2018
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Okiku et Oiwa

   Si l'on vous parle d'un fantôme, hermaphrodite ou féminin, vêtu de blanc, aux cheveux noirs longs et défaits et au visage soit blême, soit déformé, vous aurez sans doute en tête les images de quelques films d'horreur japonais. Si on ajoute qu'il sort d'un puits, vous songerez sûrement plus précisément au personnage de Sadako. Mais derrière ces apparitions contemporaines se cache une longue histoire.

 

C'est au VIIIe siècle qu'apparaît pour la première fois au Japon l'idée de défunts revenant sur Terre pour faire payer leurs morts violentes à leurs bourreaux. Leur vengeance peut revêtir différentes formes et consister en une maltraitance physique, un meurtre, une torture psychologique voire une catastrophe climatique, mais il existe heureusement divers moyens de les contrer. L'apparence des onryo, de ces esprits vengeurs, n'est d'abord pas clairement définie mais des siècles plus tard, le théâtre kabuki instaure un code que le cinéma japonais reprendra avec, par exemple, la figure de Sadako dans le roman et le film d'horreur Ring. Le théâtre kabuki fait son apparition à l'époque d'Edo, soit au XVIIe siècle lorsque Edo, l'ancienne Tokyo, devient la capitale. Il se distingue du théâtre nô par le fait que les acteurs sont maquillés et non masqués, et bien que sa créatrice soit une femme, il est exclusivement masculin depuis 1653 et ne s'ouvre que lentement à la mixité. Comme un seul acteur incarne souvent plusieurs personnages, le théâtre kabuki met en place des costumes facilement reconnaissables par le spectateur. C'est ainsi que les esprits vengeurs se parent d'un kimono blanc d'enterrement ou d'une robe blanche déchirée, de longs cheveux noirs détachés et non peignés et d'un visage blême.

 

Okiku et Oiwa sont deux onryo parmi les plus célèbres. Elles font leurs premiers pas sur scène en 1824 et 1825 dans les pièces de kabuki Bancho Sarayashiki etYotsuya Kaidan. Leurs représentations graphiques les plus connues sont celles du "Vieux Fou de Dessin", Katsushika Hokusai, à qui l'on doit l'estampe La Grande Vague de Kanagawa (1831) et qui a pour la première fois l'idée de donner à Okiku un corps composé d'assiettes de porcelaine. Mais qui sont ces deux femmes aux destins tragiques ? Laissez-moi vous conter leurs histoires.

 

*Okiku et Oiwa par Katsushika Hokusai (1831-32)*

 

Au XIXe siècle la servante dévouée Okiku travaillait pour le cruel Shuzen. Un jour, alors qu'elle le nettoyait, elle brisa l'une des dix assiettes d'un précieux service en porcelaine. Consciente du mauvais caractère de son maître et tremblante de peur, elle s'en fut trouver son épouse pour lui avouer sa maladresse. La femme prévint son mari qui entra dans une colère noire et ne toléra pas l'erreur de sa servante. Quelques variantes de cette histoire veulent qu'Okiku ait refusé les avances que son maître lui fit alors. Il aurait été prêt à lui pardonner la perte d'un objet de valeur contre le don de son corps, mais qu'elle ait souhaité conserver son honneur ou qu'il ne lui ait pas offert d'issue de secours, il la ligota, l'enferma dans un placard, et pour son crime revint chaque jour lui couper un doigt. Okiku finit par se détacher et, agonisante, se précipita dans le jardin où elle s'arrêta devant le puits. Elle s'y jeta pour abréger ses souffrances et se noya. Chaque nuit depuis lors, son fantôme surgit du puits, pénétra dans la demeure de Shuzen, et compta les assiettes. Une, deux, jusqu'à neuf. Et la dizième manquant, le fantôme d'Okiku fondit en larmes. Ses lamentations rendirent Shuzen chaque jour un peu plus fou.

 

Quelques décennies plus tard, une femme du nom d'Oume s'éprit d'Iemon, un samouraï sans maître qui était déjà marié à Oiwa. Face à cette jeune fille d'une grande beauté, enceinte de l'enfant d'Iemon et pourtant moins riche qu'elle, Oume se sentait inférieure et doutait du fait qu'Iemon la regarderait un jour. Mais c'était sans compter sur le soutien de sa famille qui, pour lui permettre de toucher le coeur de son aimé, envoya à Oiwa une crème pour le visage réputée miraculeuse. Elle avait au préalable mêlé au produit un poison local puissant qui brûla le visage d'Oiwa et la défigura complètement. Et comme il est bien connu qu'une femme n'a d'intérêt que si elle est belle, Iemon, en découvrant le massacre, entreprit de l'obliger à divorcer. Mais pour cela il avait besoin d'un prétexte juridiquement valable, aussi il envoya Takuetsu, le propriétaire de la maison close dans laquelle travaillait la soeur d'Oiwa, violer son épouse. Il espérait ainsi l'accuser d'infidélité. Mais Takuetsu se contenta de donner un miroir à Oiwa qui, voyant ce qu'était devenu son visage, voulut se tuer. Elle y parvint accidentellement en tombant sur l'épée qu'elle avait ramassée. Une autre version de l'histoire accuse directement son mari de l'avoir poussée du haut d'une falaise. Dans les deux cas, Oume obtint ce qu'elle convoitait et s'apprêta à devenir la femme d'Iemon - une femme riche a toutes les chances de toucher le coeur d'un homme ambitieux et cupide. Mais la veille de leur mariage, Iemon aperçut sur la lanterne qui éclairait leur chambre le visage déformé de Oiwa. Il poussa un cri et dégaina son épée, mais l'image s'estompa jusqu'à disparaître et il se persuada qu'il avait été victime de sa fatigue. Le lendemain pourtant, alors qu'il soulevait le voile d'Oume pendant la cérémonie, il fit face à son ancienne épouse, la peau du visage pendante, l'oeil gauche tuméfié et les cheveux brûlés. Terrifié, il lui trancha la tête d'un coup d'épée. Mais c'est bien évidemment le corps sans vie d'Oume qui roula sur le sol. Iemon s'enfuit et, dans sa course, massacra une deuxième fois Oiwa avant de s'apercevoir que la personne qu'il avait abattue était cette fois le grand-père d'Oume, l'un de ceux qui avaient mis au point le poison destiné à Oiwa. Il trouva refuge dans la montagne mais Oiwa le suivit et, jusqu'à ce qu'il sombre dans la folie puis soit assassiné, il combattit le fantôme de son ancienne épouse.

 

Faîtes de beaux rêves.

 

 

 

/Spawy 

 


14/06/2018
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Bakeneko et compagnie

   Bien le bonjour à vous ! Aujourd’hui nous allons causer de deux choses dont je sais que vous raffolez : le folklore japonais et les chats. Et vous êtes fort chanceux car aujourd’hui nous ne traiterons pas d’un, ni deux, mais de trois yôkai en même temps !

 

Si je vous dis Japon et chats, d’aucuns risquent fort de me répondre « nekogirls ». Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui. Non, aujourd’hui nous allons parler du Bakeneko, littéralement « monstre-chat » ou « chat changé ». Il s’agit en effet d’un chat aux pouvoirs magiques qui, comme le Kitsune ou le Tanuki, peut prendre forme humaine. Il acquiert ses pouvoirs en remplissant au moins une de ces trois conditions (et plus il en satisfait, plus de chances il a d’en avoir) : arriver à l’âge canonique de 13 ans, faire un poids d’un kan (environ 3,5 kg), avoir une très longue queue. Du moment où il acquiert ses pouvoirs, on le considère comme un esprit. Et cet esprit n’est pas, au contraire du Tanuki, gentil. Il hante son foyer, faisant des misères à ses anciens propriétaires. Et pas des petites misères : il crache des boules de feu, essaye de dévorer son propriétaire et, le cas échéant, peut vouloir prendre sa place (puisqu’il est capable de se transformer en humain). On dit du Bakeneko qu’il adore laper l’huile de lampe (à l’époque celle-ci était faite à base de graisse de poisson), donc vous saurez que vous pourrez le divertir avec ça, le temps de vous enfuir.

 

Je vous ai promis plusieurs créatures dans cet article et nous enchaînons de suite avec le deuxième, qu’on appelle le Nekomata. Ce dernier a exactement les mêmes attributs que le Bakeneko sinon qu’il lui faut impérativement avoir une longue queue. En effet la queue du Bakeneko, si elle est assez longue, peut parfois se scinder en deux, créant ainsi le Nekomata. C’est la seule différence entre les deux.

 

Ils ont aussi une particularité que je n’évoque que maintenant car elle est beaucoup plus présente chez notre troisième petit monstre : la marche bipède. Bakeneko et Nekomata sont connus pour marcher debout mais c’est bien le Maneki-neko qui est le grand représentant de cette pratique. C’est d’ailleurs le Maneki-neko qui est le chat esprit le plus célèbre du Japon, et ce tout autour du monde. Vous allez me dire que vous n’avez jamais entendu ce nom de bestiole, et je le comprends bien puisque moi-même je l’ai découvert en faisant mes recherches pour l’article. Et pourtant on en a tous vu : une description dans un livre, une scène dans un film, un aperçu dans une boutique. En effet, dès qu’il y a une boutique chinoise, on en voit généralement un. Le Maneki-neko est en fait un Bakeneko mais gentil. Ainsi, au lieu de représenter le péril du foyer, il est considéré comme un porte-bonheur qui apporte à son foyer la bonne fortune, ce pourquoi on le place à l’entrée d’une maison ou d’une boutique. Et oui, c’est cette petite statuette de chat, généralement accroupi, qui lève une patte et dont la patte fait un mouvement continu d’avant en arrière. Vous saurez maintenant qu’il est japonais et non chinois.

Voilà qui est fait pour la boule de poils la plus prisée des internets. Je vous laisse donc pour cette fois, bisous les gens.

 

 

 

/Le Prof

 


16/06/2018
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